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Les trois malfrats qui s’en sont pris, hier, à la bijouterie de luxe Schaller ont agi à visage découvert. Leur sang-froid fait penser aux tristement célèbres Pink Panthers: le récit d’un témoin.
Grand-Rue de Montreux, 9 h 30 hier. Un homme se présente à l’entrée de la bijouterie de luxe Schaller et se fait ouvrir la porte sécurisée comme un banal client. Il braque alors le patron et ses deux vendeuses, à l’aide d’une arme de poing, puis les oblige à débloquer l’entrée pour permettre à ses deux complices de le rejoindre. Après avoir projeté le personnel au sol, les malfrats fracassent 4 des 10 vitrines du magasin et pillent montres, porte-clefs et stylos. Pas n’importe lesquels. Essentiellement des Cartier et des Rolex. «Ils avaient très certainement repéré la marchandise et bien préparé leur coup», indiquait un policier rencontré sur place, quelques minutes après le vol. Les trois bandits ont agi «à visage découvert», confiait un témoin. Qui a vu quelques minutes auparavant une Audi A4 grise, venant de Vevey direction Villeneuve, ralentir, traverser lentement la route et se garer «un peu n’importe comment sur le bas-côté». Puis notre témoin, qui trouve la manœuvre «louche», s’arrête pour observer la suite. «Trois hommes, de type maghrébin, sont sortis calmement de la boutique. Ils étaient habillés de manière décontractée, style sport chic. Ils semblaient très jeunes, 25 ou 27 ans maximum. Un est monté dans la voiture devant, les deux autres derrière. Là, le chauffeur a mis les gaz et a filé rapidement en remontant la petite rue contiguë (ndlr: la rue du Mûrier).»
Signalement précis
Selon le personnel, un des voyous est athlétique, cheveux noirs, avec une chemise rose et une casquette orange et rouge. Le deuxième, élancé, peau mate, était vêtu tout de blanc; des baskets blanches, une paire de lunettes de soleil, une casquette et une arme de poing noire. Le dernier larron, enfin, est costaud, cheveux noirs, avec un jean bleu, une chemise claire, une casquette noire et un sac de sport. Le mode opératoire ressemble furieusement à celui du gang des Pink Panthers. Mais la police cantonale s’interdit de le penser pour l’instant: «Aucun élément tangible en ce sens ne permet de l’affirmer, l’enquête le dira.»
Le patron de la boutique, qui ne souhaite pas s’exprimer, et ses employés n’ont pas été blessés. Les deux vendeuses, très choquées, ont été prises en charge par le centre LAVI (aide aux victimes d’infractions) pour un soutien psychologique.
Déjà cambriolée
Il y a quelques années, la même bijouterie avait fait l’objet d’un hold-up à la voiture-bélier. Depuis des infrastructures légères surmontées de massifs floraux ne permettent pas à un véhicule de venir s’encastrer volontairement dans les vitrines. Mais n’ont pas empêché le chauffeur hier de s’y parquer et d’attendre ses comparses. L’Audi A4, volée il y a quelques jours dans le canton de Neuchâtel, a été retrouvée dans les parages par la police, qui a installé des barrages un peu partout. Selon un des premiers agents arrivés sur place, c’est une manœuvre classique, une autre voiture étant parquée en attente pour brouiller les pistes des bandits. Du reste, ils courent toujours.
*Christophe Boillat*
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Et si c’était encore un coup du fameux gang des Pink Panthers?
Depuis leur implication lors du casse de la bijouterie A L’Emeraude, en mai à Lausanne, durant laquelle deux braqueurs ont dérobé une centaine de montres de luxe d’une valeur marchande de deux millions de francs, on a désormais tendance à voir des Pink Panthers à chaque coin de bijouterie. Les Pink Panthers? Un gang de voleurs de joailleries de luxe, dont les membres sont originaires d’ex-Yougoslavie.
Leur mode opératoire est toujours le même. Les voleurs repèrent les lieux quelques jours plus tôt puis, avec une décontraction déconcertante, font main basse sur les bijoux en un éclair. Détail: ils opèrent à visage découvert. C’était le cas à Lausanne. A Montreux aussi. A la différence près que les braqueurs qui ont sévi dans la capitale vaudoise, d’origine serbe et possédant de faux papiers d’identité, ont été interpellés à Paris une semaine après les faits. Ceux de Montreux courent toujours.
Paris, Genève, Dubaï, Saint-Tropez, Courchevel, Monaco, Tokyo, les Pink Panthers écument les bijouteries de la planète depuis une dizaine d’années. A leur actif: au moins une centaine de vols à main armée. Leur butin global est estimé à 240 millions de francs. La nébuleuse criminelle compterait près de deux cents membres, fédérés autour d’un «noyau dur» d’une trentaine de donneurs d’ordres retranchés à Belgrade ou à Zagreb. La majorité des Panthères roses est composée d’anciens miliciens et militaires serbes, monténégrins et serbes de Croatie et de Bosnie ayant fait leurs armes lors des guerres en ex-Yougoslavie dans les années 1990. Leur surnom leur a été attribué par Scotland Yard en 2004. Après un braquage à Londres, les policiers avaient retrouvé une bague en diamant bleu, d’une valeur de 850'000 francs, cachée dans un pot de crème de soins appartenant à l’un des braqueurs, comme dans la célèbre comédie policière La Panthère rose.
L. A.
24 Heures
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