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TRENTE-TROISIÈME JOUR…

On appréciera ci-dessous le franc-parler, la lucidité et l’intelligence stratégique des propos de Jean-Christophe Bédos, qui a tout oublié de la langue de bois de son ancienne maison (Cartier) en prenant les rênes de Boucheron.

Comme il pense clair, il marche droit, sans détours, ce qui lui permet de mettre Richard Mille au service d’une marque cent-cinquantenaire (un beau coup médiatique et horloger),en attendant de recruter d’autres stars de la nouvelle génération.

Décidément, la place Vendôme est une étape de choix pour notre Tour du monde horloger en 80 jours de l’été 2009.

• Quel est le niveau des commandes pour la rentrée ?
•••• Jean-Christophe Bédos (Boucheron, Paris) : Nos commandes enregistrées à Baselworld seront honorées. Nous sommes en phase avec notre planning.


• Un changement dans le profil des commandes ?
•••• Nos prix moyens sont en augmentation. Nos best-sellers sont en effet les montres haute joaillerie et les Reflet XL avec mouvement GP présentées à Bâle.


• L’avantage d’être une marque intégrée au sein d’un groupe en période de crise ?
•••• Un vrai avantage : être dans un groupe où le management nous met en face de nos responsabilités, sans intrusion excessive, sans hyper-contrôle et sans parano. On parle beaucoup, on se soutient, on invente l'avenir sans tabou et sans protectionnisme.


• Baisse des prix en vue ou produits anti-crise ?
•••• Non, pas de baisse de prix. En principe, nous devrions augmenter en raison de l'augmentation de l'euro face aux autres monnaies, mais nous maintenons nos tarifs au niveau de 2008.


• L’avenir de l’horlogerie : complication, concept, high-tech, « classique », etc. ?
•••• Sûrement de belles innovations à venir. Peut-être la fin des la course aux complications inutiles. Sûrement la fin des montres illisibles. Peut-être de nouvelles technologies...
De la part des clients, il faut s'attendre à une prédominance du bon sens et la recherche de vraies valeurs ajoutées. Cela va certainement favoriser le design, et les innovations à vrai contenu de valeur.
Quant à la supply chain suisse, si elle ne se modernise pas enfin, elle risque de disparaître pour de bon, car partout dans le monde on trouve des solutions qui lui sont supérieures en qualité, en productivité, en fiabilité, en ponctualité et en prix. Cette crise est une vraie opportunité pour l'industrie horlogère suisse. Si elle veut conserver son héritage irremplaçable, son savoir-faire historique et sa culture unique au monde, elle ne doit pas manquer ce rendez-vous de la modernisation des process et de la production.


• Comment repenser la communication horlogère ?
•••• Il faut arrêter le narcissisme ! Il faut parler aux clients (les consommateurs) et cesser de ne communiquer que sur le produit.


• Faut-il faire confiance aux détaillants traditionnels pour sortir de la crise ?
•••• Oui, car ils connaissent les clients. Les marques horlogères n'ont aucun savoir-faire en matière de retail. C'est une des raisons de la crise. La bulle horlogère des quatre dernières années : c'est la faute aux marques, pas aux détaillants ! Si les marques n'avaient pas fait la course au bourrage des distributeurs et des détaillants, sans réfléchir au sell-out, on n'en serait pas là.


• Comment et par quel canaux attirer de nouveaux clients ?
•••• Le retail et le web sont les meilleurs canaux que je connaisse.


• La bonne recette anti-crise ?
•••• Descends de ta montagne et écoute ce que les vrais gens ont à te dire ! Pense aussi à faire des montres portables, que les gens normaux auront envie d'acheter. Si tu veux vendre des montres, il faut bien que quelqu'un sur terre ait envie de les porter.


• Sortie de crise pour quand ?
•••• Il va falloir 24 à 36 mois pour que le marché digère les quantités colossales de stocks qui ont été injectées dans les réseaux pendant les quatre dernières années.


(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.