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CHOPARD - “ Le silicium n’est pas un effet de mode ”
 
Le 17-08-2009

Entretien avec Karl-Friedrich Scheufele, le co-président de la marque.

La LUC Tourbillon Tech Twist est dotée d’un échappement au silicium. Pouvez-nous parler de la production de cette innovation ?

Nous étudions le silicium depuis un certain temps déjà et nous nous demandions comment l’utiliser pour conférer une réelle plus-value à nos montres. Le silicium est bien connu pour ses propriétés : amagnétique, il est plus léger que le métal et réduit la friction, de sorte que la lubrification n’est plus nécessaire, etc.

Nous avons réfléchi aux éléments réellement nouveaux apportés par le silicium. C’est ainsi que nous sommes parvenus à l’idée de créer un échappement à haute fréquence. Cette montre dotée d’un échappement au silicium fonctionne à une fréquence normale, mais nous en testons un dont la fréquence s’élève à 10 Hz (72’000 alternances par heure).

Vous souhaitez vous assurer que chaque élément a été testé et fonctionne correctement avant la mise en production...

Exactement – telle est l’idée. Nous savons que les vérifications prennent un certain temps, mais nous restons très confiants car la montre [la Tourbillon Tech Twist] que j’ai testée pendant six mois au poignet fonctionne parfaitement.

Avec quel type de réserve de marche travaillez-vous ?

Nos mouvements possèdent une réserve de marche relativement importante – si nous passons de neuf jours à sept dans un mouvement à fréquence ultrarapide, je ne crois pas que la différence soit rédhibitoire, d’autant que la valeur ajoutée dans le domaine de la précision et du réglage est considérable. L’échappement que nous testons à 10 Hz est notre mouvement standard de calibre 1.96 sur lequel le tourbillon – en silicium – tourne à une fréquence normale.

Notre autre idée est de disposer d’une construction qui soit compatible avec les pièces habituelles, de sorte que l’échappement sur lequel nous travaillons puisse être inséré dans un mouvement LUC existant. Le chemin qui nous reste à parcourir est encore long, et nul ne peut prétendre disposer d’une vision à long terme sur cette évolution - personne ne conduit des tests depuis 10 ans.

Nous sommes convaincus que l’utilisation de pièces en matériaux exotiques ne se justifie que si elle ajoute une authentique plus-value technique. Je ne crois pas à la construction de ponts ou de roues en silicium si elle n’apporte pas un perfectionnement réel. Il n’y a rien de plus beau que la finition traditionnelle, mais il est intéressant de disposer d’une combinaison des deux.

Ainsi, vous pensez qu’il peut être avantageux de réaliser certains éléments de la montre en silicium et que d’autres doivent toujours être confectionnés avec des matériaux traditionnels ?
Absolument. L’innovation doit apporter un avantage concret et ne pas répondre seulement à l’attrait de la nouveauté. Les technologies novatrices trouvent leur meilleur emploi là où elles sont véritablement utiles. Je pense que le silicium est destiné à des perfectionnements spécifiques.


Si je ne le considère pas comme un effet de mode, je ne pense pas qu’il remplacera les matériaux traditionnels. Je ne souhaiterais voir une espèce de revêtement gris recouvrir l’ensemble du mouvement. (Rires). Cela heurterait ma sensibilité.

L’échappement au silicium sera-t-il réservé exclusivement à la collection LUC ?

Pour l’heure, il sera réservé à la collection LUC – c’est en partie une question de disponibilité et de prix. Actuellement, les pièces sont relativement chères et il est judicieux de les utiliser dans des montres qui sont achetées pour le mouvement – au moins autant que pour la montre elle-même. Pour la production de composants en silicium, nous collaborons avec l’Université de Neuchâtel. Nous n’utiliserons peut-être pas le silicium pour toute la ligne LUC , mais davantage pour des pièces conceptuelles et des complications haut de gamme.

Quelles sont les réflexions qui vous ont incité à vous tourner vers la technologie du silicium ?

Je suis persuadé que c’est notre devoir d’étudier toute possibilité de perfectionnement et d’innovation. Je ne pense pas qu’à brève échéance cette technologie remplacera les composants traditionnels en métal [les balanciers et les ancres], car elle est relativement onéreuse et que les capacités de production restent faibles, mais je n’exclus pas cette possibilité à long terme.

Je reste donc convaincu que les pièces mécaniques seront encore présentes pendant un certain temps. Il ne faut pas oublier que nous ne disposons pas d’un recul suffisant pour évaluer objectivement cette technologie à l’heure actuelle. Si vous faites une comparaison avec l’industrie automobile, il n’est aucun test préférable à la conduite d’une voiture sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. Tant que vous ne l’avez pas fait, vous vous trouvez encore en territoire inconnu.
Propos recueillis par Michel Jeannot

REVOLUTION 4

 



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