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SOIXANTE-ET-UNIÈME JOUR…
L'influence de la marque créée par Vianney Halter sur la haute horlogerie se mesure pas en termes économiques, mais en termes de génétique culturelle.
A l'aube du troisième millénaire, il a osé les premières « concept watches », dont la célébrissime Opus 3, et il a donné le ton à la nouvelle génération.
Il est le « maître secret » de plus d'un jeune apprenti jedi, même s'ils ne l'avouent qu'à demi-mots.
C'est tout simplement un maître (horloger, mécanicien, philosophe, artisan), seigneur des temps et des formes.
Avec Vianney Halter, ce n'est pas une pause, mais un pélerinage aux sources sur la route de ce Tour du monde horloger en 80 jours de l’été 2009.
• Où en sont les commandes pour la fin de l’année ?
•••• VIANNEY HALTER (Manufacture janvier et Montres Vianney Halter, Sainte-Croix) : Cela se maintient plutôt, mais avec peu de production et peu de modèles, nous ne sommes sûrement pas représentatifs de la profession.
• Ont-elles changé de nature?
•••• J'ai l'impression que les clients réfléchissent plus longtemps avant de décider ce qui mérite d'entrer dans leur collection. J'ai également l'impression que cette réflexion a tendance à profiter aux produits comme les nôtres.
• Avantage ou inconvénient d’être indépendant en période de crise ?
•••• L'avantage est la flexibilité (on ne rend de compte qu'à soi même et à ses clients). L'inconvénient est la fragilité financière et le manque de liquidités.
• Une baisse des prix est-elle envisagée ?
•••• Nous n'avons jamais été dans la flambée, ni au niveau prix, ni au niveau de nos produits. Nos clients payent le prix juste et ils le savent.
• L'avenir de l'horlogerie : complications, design, classicisme, logistique, productivité, concept watches, nouvelles technologies ?
•••• J'espère que la crise sera une opportunité pour tout le monde (marques, détaillants, clients et journalistes) de revenir à ce qui me paraît être l'essentiel : le travail de l'horloger (je veux dire celui qui fait des montres sur son établi avec ses mains, son savoir-faire et sa sensibilité). Le débat n'est pas autour du style (classique, moderne, compliqué ou minimaliste, etc.), mais autour de l'authenticité de la démarche. La créativité demeure essentielle, l'originalité à tout prix (dans tous les sens du terme) montre ses limites (et c'est tant mieux) !
• Peut-on faire confiance aux détaillants traditionnels pour relancer la machine horlogère ?
•••• Je préfère faire confiance aux clients finaux : les détaillants qui ne sont pas encore morts doivent avant tout faire du cash pour survivre, en essayant de ne pas trop ruiner ce qui reste de leur réputation. Cela dit, il faudra que bon nombre d'entre eux réalisent qu'être détaillant en montres, ce n'est pas que vendre du discount sur des produits interchangeables.
• Comment repenser la communication horlogère et séduire des nouveaux clients ?
•••• Peut-être que l'ère des poses ridicules, poignets en avant avec une montre (et une belle fille) à chaque bras et sourire Colgate est révolue. Peut être qu’on parlera moins des montres « gâteaux de mariages à étages » avec triples tourbillons ET Equation du Temps ET réserve de marche ET vis de rappel dans le manche ET cadran en météorite ET boîtier en Masturbure d'Onaniun recouvert de PVD, le tout porté avec élégance par Cinderella Mc Quiddick lors de ses premiers pas sur la planète Mars. Peut être qu'on va parler d'horlogerie...
• La bonne recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• Retourner (pour ceux qui s'en étaient éloignés) à l'établi et faire des vrais montres.
• Sortie de crise pour quand ?
•••• Moi, je ne sais pas. Mais on peut demander à beaucoup d'esprits brillants qui se sont illustrés par le passé par leurs prédictions, et en analysant bien les critères de Nostradamus, on devrait trouver une date tout-à-fait fiable.
(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité. |