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Ce n’est pas, et de loin, la première grande marque de montres à se mettre au parfum, mais Omega restera comme une des toutes premières maisons de tradition purement horlogère à tenter une diversification dans le parfum.
Pourquoi faire ? Mais pourquoi pas ?
••• AQUA TERRA « SWISS MADE »
Pour l’instant, ce parfum Omega Aqua Terra n’est encore testé que dans les boutiques suisses d’Omega (Genève, Lucerne, Bâle, Zürich, Interlaken).
Le flacon, présenté dans un sachet en microfibre qui rappelle les tissus utilisés pour essuyer les montres (Babette Keller), est assez viril : un monolithe noir, dont les flancs sont ajourés de « jauges » qui révèlent le remplissage, un bouchon moleté et, sous le logo Omega, le nom (Aqua Terra, qui est aussi celui d’une des collections de la marque) et la mention Swiss Made.
Prix public autour de 50 euros (50 ml), ce qui place Omega plutôt dans le haut du panier. La diffusion sera très sélective : uniquement dans les boutiques de la marque, qui sont en général plutôt bien placées...
Omega a mis tous les atouts de son côté en choisissant comme « nez » Albert Morillas, un des spécialistes mondiaux de la spécialité, qui a déjà conçu de nombreux parfums pour des marques de luxe. Il a retenu pour ce parfum masculin un « jus » boisé aromatique, très hespéridé en note de tête (ce qu’on sent en premier : bergamote, pampleousse, orange amère), avec un peu d’herbe pour la fraîcheur.
La note de cœur est également fraîche, quoique fleurie (jasmin, poivre rose, feuilles de violette, herbes aromatiques). La note de fond (celle qui « reste ») est dominée par le boisé (mousse de chêne, patchouli, vétiver, musc).
Soit, au final, un « jus » relativement classique, Omega se coulant dans les courants dominants de la parfumerie masculine contemporaine.
Le cahier des charges était de « créer une senteur élégante et sportive qui transmette les valeurs de la marque : authenticité, substance et innovation ». Ce parfum devait également « projeter les qualités intrinsèques aux clients d’Omega : courage, confiance en soi et indépendance ».
Côté marketing, on met en avant les « qualités émotionnelles du parfum » en faisant le parallèle avec la montre, ainsi que le « savoir-faire unique d’un homme maîtrisant les senteurs », ce qui rappelle le discours classique sur le savoir-faire unique des manufactures séculaires...
Symétrie entre le port d’une montre, qu’on met au poignet – au contact de la peau – avant de sortir de chez soi, le matin, et le choix d’un parfum. Evocation connexe du côté Swiss Made, puisqu’on ne sait pas assez que la chimie suisse a donné naissance à quelques géants mondiaux de la parfumerie et à certains des meilleurs « nez » de la planète...
••• ÉTERNELLES QUESTIONS SUR LA DIVERSIFICATION : on peut effectivement se demander en quoi un tel parfum élargit de façon crédible le territoire de la marque ou comment il enrichit son image. Interrogations un peu désuètes au regard de la faiblesse des enjeux financiers : donc, pourquoi pas ? Au mieux, ça créera du chiffre additionnel ; au pire, ça fera un excellent cadeau boutique susceptible de remplacer une remise.
Et la cohérence dans tout ça ? Et la singularité de la proposition ? On aurait bien entendu préféré voir la marque « qui-a-marché-sur-la-lune » prendre un peu plus de risques sur son premier parfum, mais les règles d’airain du marketing sont impitoyables, surtout en temps de crise...
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