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SOIXANTE-TROISIÈME JOUR…

Outsider du luxe horloger à Monaco, Patrice Moro a su imposer Temps & Passion comme pôle monégasque des marques alternatives, qu’on parle de haute horlogerie (Cabestan, Marc Alfiéri, BRM, Gérald Genta) ou de références plus accessibles.

Cette forte tête, qui ne fait jamais dans la nuance, sait vendre et réparer des tourbillons, qu'il réserve à une clientèle tout aussi alternative de riches amateurs exotiques.

Un Tour du monde horloger en 80 jours ne pouvait éviter de refaire étape à Monaco, boulevard des Moulins.

• Où en sont les commandes passées par T&P, avec quelles prévisions pour la rentrée ?
•••• PATRICE MORO (Temps & Passion, Monaco) : Les marques ont, pour la majorité, déjà livré les nouveautés de Bâle. C’est bien, mais ça s'affole pas trop pour autant...


• Ces commandes ont-elles changé de nature (prix, style, délai, volume, etc.) ?
•••• Changement : surtout au niveau du prix ! Ma clientèle, surtout celle de l'Europe de l'Est, me le fait bien remarquer : entre 1 000 et 10 000 euros, pas de problème ! Pour les pièces supérieures à 50 000 euros et au-delà, c'est une autre chanson et ce pour un bon moment...


• Peut-on et doit-on envisager une baisse des prix dans le luxe horloger, et pourquoi ?
•••• Je suis convaincu qu'il faut absolument repenser les prix et arrêter de prendre les gens pour des crétins. C'est devenu, depuis quelques années, le grand n'importe quoi. Le pire reste que la qualité n'a pas du tout suivi. Bien au contraire !


• Les marques doivent-elles continuer à ouvrir leurs propres boutiques ?
•••• C'est en tout cas tentant de le faire, pour les marques qui s’arrogent ainsi la totalité de la marge. Le problème, c’est que les boutiquiers édifient les fondations pour le compte des marques et, dès que ça marche, ces dernières s’implantent directement et… nous « la mettent bien profond » pour parler vulgairement...


• Les petites marques indépendantes servent-elles à quelque chose ?
•••• Ce n’est certainement pas à moi de dire le contraire, puisque je diffuse beaucoup de marques de niche. Mais je suis facilement tenté de dire qu'il en a beaucoup trop…


• Peut-on faire confiance aux réseaux traditionnels (points de vente classiques) pour relancer la machine horlogère, et pourquoi ?
•••• Je vais répondre par une autre question : peut-on faire confiance aux marques ? Ce sont elles qui organisent leurs petites ventes en direct, par le biais d'Internet ou par d’autres canaux, et ce sont elles qui alimentent les réseaux parallèles ! J’ai évidemment des noms à citer et des preuves, mais je ne souhaite pas les rendre publiques...


• Comment et autour de quels médias repenser la communication horlogère ?
•••• Je pense qu'Internet va prendre encore rt toujours plus de place.


• Comment séduire des nouveaux clients et par quels canaux ?
•••• Par le biais d'Internet et de tout ce qui en dérive. Pas facile pour quelqu’un comme, qui rédige avec deux doigts sur le clavier, comme un gendarme du Puy-de-Dôme !


• La bonne recette en temps de crise ?
•••• Sauve-qui peut ce métier ! Je rigole, mais, bon…


• Sortie de crise pour quand ?
•••• Ben, quand y’aura plus de rosé dans la cave... On est pas sorti de l'auberge, mon pauvre ami ! ;-)))


(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.