|
SOIXANTE-QUATRIÈME JOUR…
Passé par l’école LVMH après avoir tâté du marketing grand public chez Levi Strauss, Xavier Gauderlot a fait renaître les montres Hugo Boss, tombées très bas avant d’être relancées sous sa houlette par le groupe Movado (2005).
Il les a repositionnées sur le terrain de la mode et du design, sans intégrisme côté Swiss Made.
Succès immédiat et bonne résistance à la crise : quand la marque est forte et la stratégie juste, on peut aller très loin !
Réussite qui justifie cette étape fashion du Tour du monde horloger en 80 jours organisé tout au long de cet été 2009.
• Les commandes ont-elles repris pour les montres Hugo Boss ou ont-elles changé de nature ?
•••• XAVIER GAUDERLOT (Hugo Boss, Bienne) : Sans forfanterie, elles n'ont jamais vraiment stoppé, même si elles se sont un peu ralenties. J'ai l'impression que le marché du haut de gamme dans son ensemble a été bien plus affecté que celui de la mode. OK, même là le marché s'est rétréci… mais les marques les plus fortes paradoxalement sont renforcées dans une situation pareille !
• De nouveaux détaillants, avec quelles motivations de leur part ?
•••• Oui : géographiquement, on s'est bien développé sur le marché américain, qui avait été plus mou au moment du repositionnement de la marque en 2006. Oui : numériquement, on a profité de notre succès de marque pour s'étendre chez les grands acteurs du marché européen. La motivation : une valeur projetée du produit supérieure au prix annoncé, un design distinctif et ancré dans l'indentité de la marque…
• Une baisse des prix est-elle envisagée, ou des produits anti-crise, et pourquoi ?
•••• Non, parce que pas nécessaire quand la valeur projetée du produit est plus haute que le prix annoncé !
• Innovation à tout prix ou recentrage sur les « classiques » ?
•••• L'un et l'autre ne sont pas irréconciliables, pour peu qu'ils soient ancrés dans l'univers de la marque.
• Peut-on faire confiance aux détaillants actuels et pourquoi ?
•••• Je ne comprends pas la question. Poser la question de la confiance voudrait dire qu'elle a été trahie... Qui a trahi la confiance ? Les détaillants qui ont accepté de se surtocker pendant des années, ou les marques qui les ont surstockés ?
• Le marché a-t-il encore besoin des petits indépendants conceptuels ?
•••• Je crois beaucoup au retour de l'artisanat, dans le sens le plus noble du terme. Pour donner l'impulsion, pour indiquer la direction. Mais c'est plutôt le domaine du haut de gamme, plus que du fashion...
• Comment rassurer ses fournisseurs et avec quelle promesse ?
•••• En promettant peu mais en confirmant plus qu'on ne promet...
• Comment séduire des nouveaux clients et par quels canaux ?
•••• On est en train de vivre un changement fondamental dans la relation client. Le client a désormais une gamme et une liberté de choix pratiquement infinie (à la mesure de ses moyens, bien sûr) ! La disponibilité devient un maître mot et elle se conjugue dans la variété de l'offre produit, la multiplicité et la diversité des canaux et des médias à potentiellement employer. Bien connaître son client final devient primordial si on veut le rencontrer dans ses multiples tribulations et envies...
• La bonne recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• Se concentrer sur les opportunités plutôt que de se lamenter sur les menaces !
• Sortie de crise pour quand ?
•••• Et si l'état de crise était le nouvel... état des lieux ? Mieux vaut s'habituer à l'idée et continuer à chercher des solutions : elles serviront toujours , crise ou pas !
• L'intéressant tableau derrière Xavier Gauderlot (ci-dessus) est de Lili Erzinger (1908-1964).
|