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L’été est maintenant derrière nous et, s’il ne fut pas glorieux, l’automne qui s’annonce est encore plus chargé de périls.
Sauf pour ceux qui croient dur comme fer à une « reprise », que votre Quotidien des Montres n’arrive pas encore à distinguer clairement en dehors du whishfull thinking rassurant des marchands d’illusion.

Justement, c’est parce que ça ne va toujours pas mieux qu’il est temps de foncer vers l’avant, de prendre des risques et de tenter une percée
(par le haut, par le bas, sur les ailes, partout où il y a un espace de manœuvre).
La seule leçon de toutes les crises, c’est que ceux qui ne font rien y perdent tout...

••• ANGULAR MOMENTUM DIVE-TEC/500
On croit toujours tout connaître des montres de plongée quand on découvre un nouveau concept qui remet toutes les certitudes en question. La nouvelle Dive-TEC/500 de la marque bernoise Angular Momentum vient ici troubler les certitudes les mieux ancrées : oui, on peut encore imaginer des concepts de montres de plongée totalement innovants !
Ce boîtier multi-corps rond et très complexe de 46 mm (17 mm d’épaisseur) est à la fois déroutant par son esthétique et par ses fonctionnalités techniques, avec des astuces d’étanchéité et de démontage (nettoyage) assez rarement déployées. Même l’acier du boîtier n’est pas usuel. Une fois la couronne de plongée enlevée, on se trouve face à une « montre de tous les jours » – ou presque (image ci-dessus)...
Dans l’obscurité, l’originalité de la montre est encore plus saisissante, grâce à un « émaillage lumineux » non radio-actif (à base de susbtances naturelles), qui utilise différents codes couleur (vert et bleu) pour hiérarchiser les informations affichées par la montre (temps de plongée ou heure de la montre). On sera ici fasciné par les images proposées par le site de la marque.
••• ON N’ATTENDAIT PAS ANGULAR MOMENTUM à ce niveau de technicité, la marque ayant plutôt donné dans le design ou l’hyper-décoration émaillée ou en trois dimensions. C’est plutôt bon signe, et en tout cas réalisé dans le respect des fondamentaux de la marque (exclusivité et personnalisation poussées à l’extrême).

••• L’HIMALAYA DE LA PENSÉE HORLOGÈRE EST DE RETOUR
On s’ennuyait sans la consolante perspective des fulgurances visionnaires de l’« Himalaya de la pensée horlogère », si souvent si extatiquement cité par Business Montres que c’en est un bonheur (voir aussi le 26 juin)...
Il niait la crise en 2008, il annonçait des records en 2009, avant de licencier à cause du « marasme horloger ». Il vient de prédire, dans une dépêche de Reuters, une « demande plus soutenue ». Ouf ! Il est vrai que c’est sur la base des... « deux dernières semaines (qui) se sont très bien passées » (27 août). L’inspiré de Fleurier se fait pressant : « Les détaillants doivent agir sur les niveaux de leurs stocks. Ils ont vendu des montres pendant trois mois sans en recommander, ils doivent repasser commande maintenant ».
••• C’EST TOUJOURS PLUS FACILE DE DONNER DES CONSEILS quand on investit (gaspille ?) l’argent des autres (celui de la Pierre Landolt et de la Fondation Sandoz), alors même que bon nombre des clients ne parlent plus à la manufacture Vaucher que par avocats interposés...

••• ANTICIPATION POÉTIQUE
Ce qui est plaisant, avec les magazines horlogers imprimés trop longtemps à l’avance, c’est qu’ils parviennent à recréer une réalité virtuelle qui enchanterait les poètes surréalistes. On lit ainsi, dans le magazine GMT XXL (groupe Edipresse) daté de cet été 2009, un savoureux article sur la boutique que la marque Cvstos vient d’ouvrir à Genève : « Etablis depuis la création de la marque en 2005 dans la banlieue genevoise de Meyrin, les bureaux administratifs et les ateliers de la marque ont été transférés cet été en plein centre de Genève, dans le quartier de Saint-Gervais ». Il s’agit, nous explique GMT XXL, de donner à Cvstos une « représentation commerciale à la hauteur de la marque ».
Précisions maniaques : « Au rez-de-chaussée, la boutique actuelle entièrement rénovée accueille la réception, un lounge et l'espace de vente dans une architecture épurée imprégnée de la plus grande tradition horlogère. Le premier étage est quant à lui occupé par les ateliers et les bureaux de la direction ». L’illustration de l’article ne laisse d’ailleurs planer aucun doute : l’image de la boutique est publiée par Worldtempus et légendée « A l'image des montres Cvstos, le design de la nouvelle boutique ne laisse personne indifférent ».
••• TOUT CECI RELÈVE MALHEUREUSEMENT DE LA PLUS PURE FANTASMAGORIE RÉDACTIONNELLE : à ce jour, on ne trouve à cet emplacement qu’un restaurant portugais désaffecté et une palissade de contreplaqué. Pas la moindre mention de Cvstos sur ces planches. Pas le moindre lounge, ni le moindre atelier. A moins de considérer que la « représentation commerciale à la hauteur de la marque » ne relève de la mascarade !
Au XVIIIe siècle, le conseiller Potemkine faisait peindre des décors de villages en trompe-l’oeil pour que la tsarine russe Catherine II n’ait à traverser que des bourgades idylliques. Aujourd’hui, à Genève, il suffit d’être « partenaire » publicitaire du groupe Edipresse pour laisser croire sans vergogne qu’il existe, au cœur de la ville, une sorte de Disneyland horloger totalement chimérique. Troublantes mœurs éditoriales...

••• COMMENT ROLEX A SAUVÉ LA VIE DE MADOFF
Non, cette anecdote ne concerne pas les tribulations financières de Patrick Heiniger ! Libération (supplément Next de septembre) nous raconte l’anecdote : au début de sa carrière, l’escroc américain, tombé à l’eau au cours d’une fausse manœuvre à bord de son canot de pêche, avait eu le poignet quasiment tranché par l’hélice de son bateau. Sa main n’avait échappé au pire qu’à cause de la résistance du métal de sa Rolex ! Curieusement, ce supplément Next affiche Kanye West en couverture : quelle montre affiche ostensiblement le « nouveau roi de la pop », qui pose torse nu ? Une Rolex, évidemment !
••• CE NE SERAIT DE L’ANTISARKOZISME PRIMAIRE, cette valorisation inattendue et subliminale de Rolex dans Libération ?

••• SAUVEZ WILLY – épisode 3 !
On attaque à présent le quatrième mois d’absence de William Rohr (COO d’Antiquorum), qui a quitté son bureau genevois à la fin mai et qui n’y a pas remis les pieds depuis, tout en nous jurant que ce n’était que provisoire (Business Montres du 1er juillet et du 9 juillet). Si, si, il va revenir ! Sans doute après la vente new-yorkaise du 17 septembre et pour préparer la vente genevoise des 3-4 octobre. La justice genevoise, toujours sur les dents concernant la plainte pour escroquerie déposée par le « marquis espagnol » contre Antiquorum [qui n'a versé, avant l'été, qu'une petite mensualité, insuffisante], devra profiter du créneau de sa visite en coup de vent, parce qu’il y aura ensuite la vente de New York à préparer (9-10 décembre) !
••• QUATRE MOIS SANS AVOIR BESOIN DE PASSER AU BUREAU : combien de COO n’en rêveraient, dans l’horlogerie ou ailleurs ? Il est vrai que Genève n’est plus qu’une petite officine délocalisée et plutôt marginalisée, dans le nouveau business model de la grande centrale d’énergie new-yorkaise mise en place pour sauver Antiquorum et ses dirigeants.

••• ILS ONT DIT...
Pour ceux qui auraient manqué, au cours de ces dernières semaines, un ou plusieurs épisodes de notre Tour du monde horloger en 80 jours, quelques propos révélateurs ou amusants :

• « Nous réfléchissons avec plusieurs autres marques dans notre segment : se regrouper pour certains événements ou organiser des road-shows ensemble pour créer un buzz qui attire une nouvelle clientèle » (Fabrice Gonet, HD3, Luins)...

• La confiance marque-détaillant : « Qui a trahi la confiance ? Les détaillants qui ont accepté de se surtocker pendant des années, ou les marques qui les ont surstockés ? » (Xavier Gauderlot, Montres Hugo Boss, Bienne)...

• « Peut-on faire confiance aux marques ? Ce sont elles qui organisent leurs petites ventes en direct, par le biais d'Internet ou par d’autres canaux, et ce sont elles qui alimentent les réseaux parallèles ! J’ai évidemment des noms à citer et des preuves, mais je ne souhaite pas les rendre publiques... » (Patrice Moreau, Temps & Passion, Monaco)...

• Du même, à propos des boutiques en nom propre ouvertes par les marques : « C'est en tout cas tentant de le faire, pour les marques s’arrogent la totalité de la marge. Le problème, c’est que les boutiquiers édifient les fondations pour le compte des marques et, dès que ça marche, ces dernières s’implantent directement et… nous « la mettent bien profond » pour parler vulgairement... » (Patrice Moreau, Temps & Passion, Monaco)...

• « Les relations humaines sont plus que jamais à privilégier à l'image du formidable travail de fond effectué dans ce sens par certaines marques (MB & F, Hublot) ou certains détaillants horlogers (Chronopassion, Magani) » (Alexandre David, Ikepod, New York)...

• Perspectives 2010 : « Enfin, le retour à la normale ! Finies les montres Goldorak ou les caisses enregistreuses… Vive le retour de nos bonnes vieilles tocantes élégantes à deux aiguilles… Ouf, il était temps ! » (Emmanuel Gueit, EG-Studio, Genève)...

• La bonne recette anti-crise : « Avoir vécu dans les années fastes qui ont précédé cette crise en en « gardant sous le pied ». Avoir su avant la crise que la crise fait partie du cycle de vie de notre métier » (Jean-Claude Biver, Hublot, Nyon)...

••• VOUS AVEZ PEUT-ÊTRE MANQUÉ...
... quelques informations qui ne manquaient pas de sel. Ces jours-ci, il était notamment question de...

• Vianney Halter comme horloger steampunk (exposition au musée des Sciences d’Oxford)...

• La vraie histoire de l’arrivée de Jean-Claude Biver à bord d’Alinghi (le coup fumant de la rentrée)...

• Shopping Chopard du colonel Kadhafi : encore un dictateur qui aime les montres !

• Nouveau parfum lancé par Omega : question de flair ?

• Vidéo publicitaire intégrée dans un écran ultra-plat, qui se déclenche quand on ouvre la bonne page du magazine : une innovation américaine, forcément...

• Premier mocassin horloger de l’histoire de la montre (cette nouvelle horlo-botterie : coup-de-pied ou pied-de-nez ?)...

• Visite du président russe Medvedev à la manufacture Ulysse Nardin du Locle (sous haute surveillance, mais en plein marasme économique local)...