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Bovet : L’art de gâcher une belle montre
 
Le 03-09-2009
de Business Montres & Joaillerie

Soit une belle montre sportive de nouvelle génération, dans le segment haute horlogerie.
Beaucoup de soin, et parfois même de préciosité, dans la réalisation de chaque élément de la montre.


Arrive le détail qui tue et qui démontre que le luxe horloger est un concept fragile : qui trop embrasse mal étreint...

••• SPORTSTER SAGUARO TOURBILLON

Inutile de préciser « Swiss hadcrafted », ça saute aux yeux ! La dernière création de Bovet est un intéressant concentré de techniques de décoration et de solutions mécaniques qui témoignent d’un niveau très élevé de savoir-faire horloger.


Cette montre « sportive » propose un tourbillon automatique (conception Dimier) de facture classique, doté d’une réserve de marche de 7 jours. Exécution soignée et squelettage pour mettre en valeur les éléments mécaniques. Etanche à 300 m, le boîtier lui-même, travaillé dans le style Art Déco avec une couronne-bélière, associe carrure en titane et lunette en or rouge (5N), en différentes finitions (PVD, poli, brossé) du meilleur effet. On aime ou on n’aime pas l’allure de ces Sporster, mais le style ne laisse personne indifférent.


La décoration est à la hauteur de la proposition : anglages virtuoses, traitement de surface des ponts, cadran et rotor finis en « bris de verre » [un extraordinaire piège à lumière pour avoir des effets de volume] pour créer un contraste avec les ponts noircis, bref, rien n’a été négligé pour affirmer une idée superlative du grand luxe horloger.


••• ARRIVE – HÉLAS – LE DÉTAIL QUI TUE...

Tout au plus pourrait-on reprocher une certain « bavardage » à cette montre. Que d’inscriptions, ne serait-ce que sur le recto de la montre ! Analphabètes s'abstenir : « Sportster Saguaro Edition limitée Bovet 1822 7 jours Swiss Hadcrafted Tourbillon automatique 300m/900 ft ». C’est peut-être beaucoup pour la seule tête de la montre, alors que le luxe consiste aujourd’hui à en dire le moins possible pour en exprimer le plus possible.


Le vrai détail qui tue, c’est la gravure « Edition limitée » sur le flanc de la montre, dans un beau rouge sur le noir de la carrure, histoire de ne pas le manquer quand on est très distrait (image ci-dessus).


Ce genre d’inscription est déjà légèrement vulgaire quand les marques fashion le pratiquent – même chez Guess, on y a renoncé ! Sur un tourbillon de ce niveau, c’est carrément incongru et, pour tout dire, désastreux, dans la mesure où ça ruine toutes les prétentions de la montre à la distinction.


On sent brutalement le côté « nouveau riche » d’un objet qui veut tellement faire oublier la récence de son droit de parole qu’il ne peut s’empêcher de trop parler. Peut-être par manque de confiance en soi...


Fâcheux ! A vouloir trop prouver, on se retrouve suspect. A vouloir trop en faire, on jette un doute sur la sincérité du positionnement et sur l’authenticité de la proposition. Dommage...


••• PAR CONTRASTE, ET AVEC UN POSITIONNEMENT SIMILAIRE, on pourra faire la comparaison avec les dernières montres De Bethune, tout aussi riches en marqueurs identitaires, tout aussi techniques et tout aussi finement exécutées, mais qui se permettent de ne même plus mentionner le nom de De Bethune sur le cadran : deux conceptions du luxe, deux visions du monde.

Quand l'un joue sur les mots, l'autre se joue des mots..

 



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