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La rentrée des montres et de ceux qui les font
 
Le 07-09-2009
de Business Montres & Joaillerie

Si la rentrée d’août traînait un peu à trouver son rythme, celle de ce début septembre semble bourrée d’énergie.

Votre Quotidien des Montres a délégué son sniper pour les premiers tirs sélectifs d’avant l’automne.
Une quinzaine de pièces à déguster pour tout savoir de l'actualité horlogère...

••• COMPRIS
que les ambitions horlogères du concept store Colette (Paris) n’étaient pas minces : Bamford Watch – le spécialiste londonien des Rolex « customisées » – expose ces jours-ci chez Colette différents modèles de sa production, dont une version spéciale de la Milgauss, avec un cadran bleu marqué « Colette » au-dessus de « Superlative chronometer officially certified » (ci-contre). Colette + Bamford + Rolex : ça joue ! Qui a dit que Rolex était une marque ringarde ?


••• ADMIRÉ la création par Jaeger-LeCoultre d’une Grande Reverso 101 Art Deco. Pourquoi 101, nom d’un calibre mécanique qui reste le plus petit du monde (à peine plus d’un gramme) et qui était jusqu’ici réservé aux montres féminines ? On n’imaginait pas ce mouvement dans une montre d’homme, à plus forte raison dans une Grande Reverso. C’est justement là qu’est l’effet de rupture de la pièce, très « nouvelle génération » : le micro-mouvement 101 semble suspendu au centre du cadran (montage sur verre saphir, avec des « renvois » invisibles pour la couronne) et ses aiguilles paraissent flotter dans l’air. Double effet esthétique : on surconnote le style Art Déco (boîtier Reverso, traité ici sobrement, avec quelques traits sur le rehaut pour tout repère horaire, et mouvement « rétro » sous-dimensionné) tout en créant un choc « concept watch », par contraste avec la mode des super-complications mécaniques à cœur ouvert. Le décalage masculin/féminin est tout aussi piquant dans son détournement. La saveur archéo-futuriste naît du pont jeté entre un calibre presque octogénaire et une interprétation très contemporain de la montre masculine.
••• UNE DES BLOCAGES STRATÉGIQUES DE L’INDUSTRIE EST AUJOURD’HUI LA TAILLE DE SES CALIBRES (trop petits) par rapport à la taille de ses boîtiers, qui ont pris 10 à 15 mm de diamètre sans que les mouvements suivent. Corum avait dessiné une voie en « recadrant » son mouvement baguette Golden Bridge au cœur de la nouvelle T-Bridge, réinterprétation années dix d’une montre des années quatre-vingt. Jaeger-LeCoultre marie deux de ses icônes (Reverso + 101) pour densifier la légende : beau travail !


••• RELEVÉ
quelques informations intéressantes dans un entretien accordé par Michael Wunderman, le président de Corum Etats-Unis (il est également directeur de la création pour la marque), au site Professional Watches : s’il se félicite de son parrainage des World Series of Poker (« On a été les premiers à se positionner sur ce terrain, qui nous appartient désormais »), il veut l’étendre puisqu’il parrainera aussi le prochain Sports Legend Challenge, tournoi qui met aux prises, autour d’un tapis de poker, des grands sportifs professionnels et des stars du poker (septembre, aux Bahamas). Il annonce également le développement de calibres manufacture et un renforcement pour Bâle de la collection Romulus, mais pas d’investissement dans des boutiques exclusives (« Nous ne serons pas les concurrents de nos détaillants, avec lesquels nous avons choisi de construire notre succès »)...


••• NOTÉ
le décentrage accéléré du marché horloger vers l’Est : le tropisme asiatique se fait d’autant plus présent que, contrairement à la situation d’il y a deux ans, le pôle américain n’équilibre plus le pôle grand-chinois. L’Europe – qui est pourtant le marché où se crée l’image – devient une terre de mission pour les horlogers. Et le Japon continue à s’enfoncer dans une étonnante spirale de déclin. Témoin de ce décalage continental du spectre : l’annonce par Cartier d’un programme de doublement du nombre de ses boutiques en Chine (55 à 60 vitrines annoncées, contre 32 dans 18 villes aujourd’hui). La Chine serait ainsi le premier marché mondial de Cartier, qui s’implante actuellement dans des villes connues des seuls spécialistes de l’empire chinois !


••• CONTRÔLÉ
ce sinocentrisme horloger en découvrant quelques-unes des implantations horlogères à Beijing : Forumamontres présentait ainsi la boutique Richard Mille (impressionnante !) et les vitrines horlogères sur Wangfujing Avenue, au centre de Beijing (tout aussi surprenant !).


••• RENVOYÉ
ceux qui n’avaient pas bien compris ce qu’était une puce RFID horlogère Business Montres du 2 septembre) à une illustration parue le lendemain sur le site horloger A blog to read (Ariel Adams). On y découvre comment cette puce RFID – microscopique, mais bourrée d’informations – peut se loger au milieu du cadran, de façon quasiment indétectable, dans l’axe de la chaussée des heures et des minutes (développement Winwatch, société suisse dont il faut absolument surveiller les dépôts de brevets)...


••• RESSORTI
son ciré jaune en prévision des prochaines Louis Vuitton World Series.Fin août, Business Montres avait placé le dossier America’s Cup sur la pile « A surveiller de près ». C’est parti avec l’annonce officielle de ces Louis Vuitton World Series, copiées sur le Louis Vuitton Pacific Series si appréciées à Auckland. C’est clairement la mise en place d’un circuit parallèle – sinon concurrent – à l’America’s Cup, dont les organisateurs s’étaient « frités » avec Louis Vuitton au point de pousser leur chronométreur officiel à claquer la porte. Louis Vuitton reprend donc la main, avec un gros budget de démarrage [non officiel : 50 millions d’euros pour commencer] et quelques villes-étapes, dont Nice – comme Business Montres l’avait dévoilé – et Auckland, mais aussi Hong Kong – dont les autorités viennent de débloquer quelques milliards pour aménager un port digne d’accueillir les Class America – et Newport, plus quelques autres villes européens, sans doute Valence. Principe de ces régates : égalité des voiliers (deux paires de Class America tirés au sort entre les concurrents) et duels équipage contre équipage. Organisation : la WSTA (World Sailing Team Association), qui associe Louis Vuitton aux meilleurs équipages professionnels du moment, dont plusieurs futurs candidats à la 34e America’s Cup. Si elle a lieu un jour tellement l’imbroglio judiciaire entre Alinghi et BMW Oracle semble inextricable... Les marques d’horlogerie restent attentives pour placer leur nom sur les bonnes voiles !


••• RETENU
quelques lignes d’un entretien de Capital.fr avec Adeline Salat-Barroux, gérante du fonds Premiumshare (Edouard de Rothschild Asset Management) : « Nous investissons sur des sociétés fabriquant des produits ou offrant des services destinés à une clientèle très sélective comme les marques de vêtements haut de gamme, l’horlogerie, la joaillerie, l’hôtellerie de luxe, les yachts, la banque privée, mais également la technologie, la chirurgie esthétique ou encore l’éducation …Nous sélectionnons les sociétés ayant des marques suffisamment solides pour pouvoir imposer leur prix, ce qui leur permet d’afficher des marges opérationnelles pouvant atteindre jusqu’à 30 % ». Son analyse du luxe en crise : « Les sociétés qui contrôlent leur réseau de distribution traversent plus facilement la crise... (...) En revanche, le déstockage massif des détaillants a beaucoup pesé sur les secteurs dépendants d’une distribution externe comme l’horlogerie ou le secteur des vins et spiritueux. Mais, globalement le luxe résiste plutôt bien grâce à une vrai capacité d’innovation produit et à un maintien des prix... (...) Le secteur est porteur avec le développement d’une classe aisée dans les pays émergents et en Chine notamment. Dès 2010, le secteur devrait retrouver son rythme de croisière avec une croissance du chiffre d’affaires de 6 à 8 % »...


••• « WATCHONISTÉ » en découvrant Watchonista, qui se pose en nouveau modèle des réseaux sociaux dédiés à l’horlogerie. Le site est californo-vaudois (San Francisco-Lausanne), purement anglophone (quoique logé sur les bords du Léman) et dédié à la communauté de tous les amateurs de montres. Ces derniers peuvent y créer des espaces personnels pour exposer leur collection, commenter celle des autres et partager des informations présentées comme « indépendantes des marques », qui sont cependant invitées à devenir partenaires pour « dialoguer avec des passionnés ». Premier client horloger avouable : Hautlence. Objectif : 100 000 membres d’ici à Baselworld 2010 – ce qui n’est pas rien ! Le journaliste Ludovic Chappex titre à ce sujet, dans PME Magazine, sur ces « Romands qui veulent devenir aussi gros que Facebook » !
••• LE SITE N’ÉTANT PAS ENCORE OPÉRATIONNEL, il est difficile de juger de son contenu, de ses fonctionnalités et de son impact auprès des amateurs. De même, le modèle économique reste à valider. «Nous avons constaté qu’il manquait un portail vraiment indépendant sur l’horlogerie », explique Marco Gabella, l’un des trois fondateurs, lui-même collectionneur. Louable intention. Pourvu que ça dure...


••• SAVOURÉ
le reportage que Ian Skellern consacre dans Horomundi à l’exposition Only Watch : les meilleures montres de la vente y figurent, avec l’ambiance de l’exposition qui a eu lieu à Genève dans les locaux de Patrizzi & Co, et une revue détaillée des montres mises aux enchères. A déguster sans modération par les Français, notamment parisiens, qui seront privés de cette exposition, aujourd’hui à Londres après-demain (10-12 septembre) à New York, puis à Milan (Pisa, 17-18 septembre) et à Monaco (23-24 septembre).


••• REPÉRÉ,
à propos de cette vente Only Watch, qu’un seul créateur de montres était représenté deux fois, puisque la Cabestan et la Monaco V4 avaient le même concepteur horloger : Jean-François Ruchonnet. Il vient du reste (scoop Business Montres du 3 septembre, bien repris et sourcé par L’Agéfi) de revendre ses parts dans Cabestan, dont il reste la figure de proue, pour revenir à ses amours créatives en lançant Tech-Time, une nouvelle « manufacture d’idées » au service des marques. On attend donc Only Watch 2011 pour qu'il puisse battre ce record, grâce aux concepts horlogers décoiffants qu’il aura pu développer pour différentes marques. En trois éditions d’Only Watch, c’est la première fois qu’on enregistre une telle double paternité pour des pièces uniques !


••• REMARQUÉ,
à propos de cette vente Only Watch, que deux montres de « nouvelle génération », la Convertible proposée par De Bethune et la Mona Lisa de Bovet, étaient des montres « transformables », à la fois montres de poche et montres-bracelets. Le système est plus technologique chez De Bethune (la tête de montre est logée dans un container, dont elle se libère pour passer au poignet) et plus intuitif pour la Mona Lisa, qui lance un nouveau concept de « trilogie » (chaque montre est portable dans la poche, au poignet ou en pendulette de bureau, avec une grande facilité de changement).
Conçu pour que les amateurs puissent profiter de leur montre tout au long de la journée, au bureau comme en ville ou en soirée, ce concept de « trilogie » pourrait être étendu prochainement à toutes les montres Bovet. Le fait que deux montres Only Watch – sur 34 – se situent dans cette logique est un « signal faible » pour la diffusion de ces montres multi-usages, à porter sur soi (poignet, poche) ou dans son cadre de vie (bureau, voiture, maison), quand ce n’est en complément d’un objet nomade (image virtuelle sur iPhone)...


••• DISCERNÉ
une inflexion stratégique majeure dans les propos tenus par Pierre Landolt (fondation Sandoz, propriétaire de Parmigiani et de Vaucher Manufacture Fleurier) : « J’ai l’impression que, demain, il ne faudra plus miser sur les mêmes marchés qu’aujourd’hui. Tout est en train de se déplacer vers l’Est, que ce soit en Europe ou en Asie. A notre niveau, il faudra peut-être reconsidérer notre réseau de distribution. C’est par le biais des distributeurs que nous avons été atteints par la crise. Il n’est dès lors pas normal que nous financions leurs stocks, leur publicité et leurs événements. La réflexion est en cours, avec l’ouverture de nos premiers espaces ateliers dans certaines villes ». Annoncé dans une interview accordée à Bastien Buss (L’Agefi, Suisse), ce déploiement stratégique vise à renforcer l’autonomie intégrale de ce pôle horloger, en y intégrant désormais la distribution. Précision de Pierre Landolt, qui venait d’inaugurer un extension de Vaucher, spectaculaire en temps de crise, à plus forte raison pour un pôle horloger très sévèrement touché : « Le rendement constitue un objectif secondaire pour l’heure. La Fondation continue de construire son pôle horloger. Tout est d’ailleurs réinvesti. Nous sommes persuadés que la crise fera disparaître certaines marques, dont quelques uns de nos concurrents directs. Nous en tirerons donc profit à ce moment-là.. (...) Nous voulions un maximum d’indépendance industrielle, voire une autonomie complète. Cette approche a son prix. (...) Les investissements avaient été décidés avant le retournement du marché. Cela nous permettra de rationaliser notre processus de production. Tout le monde travaillera désormais sous le même toit, alors que les équipes étaient auparavant dispersées dans différents sites. Et une fois de plus, nous visons le long terme, en préparant déjà maintenant le prochain cycle de croissance, qui ne manquera pas d’arriver. »


••• DÉPLORÉ,
une fois de plus, que les journalistes de Tribune de Genève (Suisse) reprennent, pour parler de la « biographie non autorisée » de Nicolas Hayek, un titre de Business Montres, Docteur Hayek et Mister Swatch, qui s’en était resservi voici quelques jours pour un compte-rendu de lecture de ce même livre d’enquête... Quel manque d’imagination ! Et c’est dommage parce que l’article est intéressant à lire...


••• PRIS RENDEZ-VOUS
pour deux salons parisiens grand public, à deux semaines d’intervalle : Les Montres ouvre la saison du 12 au 14 novembre, place Saint-Germain-des-Prés, avec A.Lange and Söhne, Bell & Ross, Blancpain, BRM, Bulgari, Chanel, Hermès, IWC, Jaeger-LeCoultre, Oris, Panerai, Rolex et Vacheron Constantin (organisation par les boutiques Les Montres : +33 146 347 138). Quinze jours plus tard, ce sera Belles Montres au Carrousel du Louvre (27-29 novembre), avec une soixantaine de marques (dont de nombreux... « Petits Suisses », comprenez des petites maisons indépendantes de nouvelle génération) et 10 000 visiteurs attendus.

 



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