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SOIXANTE-ET-ONZIÈME JOUR…
Très courte, l’histoire de Badollet, marque lancée au printemps 2008, a été frappée par la foudre d’une crise qui rebat toutes les cartes. Philippe Dubois a repris Badollet au pire moment (Business Montres du 13 novembre), sans la moindre visibilité, mais avec un courage appuyé sur la qualité horlogère des montres déjà réalisées.
Badollet comme symbole de la crise dans l’horlogerie superlative : de quoi justifier une étape du Tour du monde horloger en 80 jours de cet été 2009.
• Quel est le niveau des commandes pour la rentrée ?
•••• PHILIPPE DUBOIS (Badollet, Genève) : Relativement bas, mais ces commandes correspondent à la réalité, c’est-à-dire à des « vrais commandes ».
• Ces commandes ont-elles changé de nature (prix, style, délai, volume, etc.) ?
•••• Pas vraiment, la gamme offerte par Badollet étant relativement restreinte...
• L'avantage ou l'inconvénient d'être une marque indépendante en temps de crise ?
•••• L’avantage, c’est qu’une marque indépendante peut être beaucoup plus réactive face à des événements exceptionnels. L’inconvénient, c’est qu’elle n’a pas forcément les mêmes ressources financières qu’un groupe.
• Une baisse des prix est-elle envisagée, ou des produits anti-crise, et pourquoi ?
•••• Une baisse des prix n’est absolument pas envisagée, le signal envoyé au marché serait très négatif. D’autre part, si j’avais acheté récemment une montre Badollet et que je constate que le prix a baissé , j’aurais l’impression de ne pas avoir fait le bon choix.
• L'avenir de l'horlogerie : complications, design, classicisme, logistique, productivité, concept watches, nouvelles technologies ?
•••• J’ai l’impression qu’on va se calmer un peu et qu’on va revenir à l’essentiel. On a cru qu’il fallait faire des produits compliqués pour faire des produits exceptionnels, alors que je suis convaincu qu’il est beaucoup plus difficile de faire un produit simple mais qui peut être exceptionnel.
• Comment repenser la communication horlogère ?
•••• Communiquer sur les vrais valeurs du produit. Le print va continuer à diminuer au profit d’internet. Le client s’informe de plus en plus et le meilleur moyen est internet.
• Peut-on faire confiance aux détaillants traditionnels pour relancer la machine horlogère ?
•••• Absolument. En période de crise, il y a une sélection naturelle. C’est également valable pour les détaillants et les meilleurs survivront et seront même plus fort après la crise.
• Comment séduire des nouveaux clients et par quels canaux ?
•••• Pour séduire des nouveaux clients, il faut être honnête, c’est-à-dire offrir un produit exceptionnel qui tienne ses promesses.
• La bonne recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• Il y a 2 choses à faire. Premièrement, comme sur un voilier en cas de tempête, réduire la voilure pour la traverser sans trop de dommage. Deuxièmement, rester en contact avec ces clients et ses fournisseurs pour dire qu’on existe, qu’on est tous sur le même bateaux et qu’on attend ensemble que ça passe.
• Sortie de crise pour quand ?
•••• Si je le savais vraiment, je ne pense pas que mon avenir serait dans l’horlogerie. Ce qui est certain, c’est qu’on va encore souffrir jusqu’à la fin de l’année 2009.
(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.
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