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SOIXANTE-QUATORZIÈME JOUR…

Dans le paysage horloger suisse, la famille Gouten est une légendemulti-marques et multi-métiers.

Héritier d’une maison de distribution qui s’est spécialisée dans les marques alternatives (*), Alexis Gouten est le symbole d’une nouvelle génération de jeunes professionnels décidés à tirer profit d’une crise qui ébranle les idées reçues et qui bouscule les conformismes.

Son franc-parler méritait que le Tour du monde horloger en 80 jours fasse un détour par Fribourg.

• Est-ce que les détaillants suisses ont recommencé à commander ?
•••• ALEXIS GOUTEN (Gouten Distribution, Fribourg, Suisse) : Ils commandent surtout des montres pour lesquelles ils ont la vente immédiate. Les commandes des salons sont en stand-by et livrées au compte-gouttes.


• Est-ce que ces commandes ont changé (volume, prix, délais, style de montres) ?
•••• Les ventes se focalisent à deux niveaux de prix : Entre 700 et 4 000 CHF et au delà de 100 000 CHF. C'est dans la zone intermédiaire que nous souffrons le plus. Les délais sont beaucoup plus courts et les volumes en baisse. Le style varie selon la psychologie des acheteurs. Achat placement : un retour aux grandes marques classiques pour les uns. Achat plaisir : un produit rare et anticonformiste pour les autres.


• Comment gérer le rapport de force avec les grandes marques concernant les questions de stocks et de commandes « obligatoires » ?
•••• En ayant une approche très personnalisée avec nos clients. En étant flexibles et à l'écoute de leurs besoins. Ils apprécient et nous renvoient l'ascenseur.


• Des nouvelles marques dans le portefeuille de Gouten Distribution, et pourquoi ?
•••• Nous venons d'accueillir deux marques dans nos structures de distribution : Jaermann & Stübi, jeune marque très inventive liée à l'univers du golf, et Rudis Sylva, qui révolutionne la technique horlogère et fait découvrir les compétences méconnues nichées dans les Franches-Montagnes. Pourquoi des nouvelles marques ? Parce que nous les introduisons sur le marché, nous les développons et, dès qu'elles goûtent au succès, elles deviennent infidèles et nous quittent ! C'est un éternel recommencement...


• Les petites marques indépendantes ont-elles encore leur place sur le marché ?
•••• Plus que jamais ! Elles sont le vivier de l'horlogerie de demain.


• Est-ce que les prix des montres ne sont pas trop élevés ?
•••• Value for money ! C'est la règle d'or pendant la crise. Le prix doit refléter la réalité de la qualité, de la technicité et de la créativité de la montre. Ceux qui ne respectent pas ce schéma ont du souci à se faire !


• Des distributions alternatives sont-elles possibles pour les marques alternatives ?
•••• Oui. Je crois de plus en plus entre une relation privilégiée entre les créateurs et les consommateurs finaux. C'est notre rôle de mettre en place des plates-formes pour que ces rencontres aient lieu.


• Comment repenser la communication horlogère et par quels canaux trouver de nouveaux clients ?
•••• Les clients sont là. Ils ne demandent qu'à découvrir de nouveaux univers. Les marques, les distributeurs et les détaillants doivent les éduquer et ouvrir de nouveaux horizons au lieu de leur servir toujours la même soupe... Un média comme internet et des sites tels Facebook ou Twitter sont encore trop sous estimés.


• La bonne recette de la famille Gouten en temps de crise ?
•••• S'adapter. S'adapter en permanence !


• Sortie de crise pour quand ?
•••• Il faut apprendre à vivre avec la crise et savoir saisir les opportunités qui se présentent.

(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.

(*) Alpina, Badollet, Frédérique Constant, Harry Winston Rare Timepieces, Hautlence, HD3 Complication, Jean Dunand, Jaermann & Stübi, Maîtres du Temps, Milus, Raymond Weil, Rudis Sylva, Thomas Prescher, Wyler Genève