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SOIXANTE-ET-UNIÈME JOUR…
Barreur paré pour affronter les bourrasques, Jean-Frédéric Dufour (ex-Chopard) est arrivé chez Zenith au pire moment de la crise : il a été très chahuté dès qu’il a embarqué, alors qu’il venait tout juste de boucler sa veste de quart !
Son approche est désormais très pragmatique et marquée par une sérénité qui contraste avec l’éruptivité de son prédécesseur : là aussi, il fallait marquer la rupture !
Le capitaine est à la barre et les voiles ferlées : Zenith nous aura décidément offert une étape très nautique du Tour du monde horloger en 80 jours.
• Où en sont les commandes des détaillants pour la fin de l'année ?
•••• JEAN-FRÉDÉRIC DUFOUR (Zenith, Le Locle) : Nous avons un carnet de commandes qui nous permet de clôturer l'année en respectant notre budget. Nous continuons à livrer les nouveautés de Bâle 2009, qui reçoivent un accueil très positif des marchés.
• Ces commandes ont-elles changé de nature (style, prix, délais, etc.) ?
•••• Les détaillants voulant à tout prix éviter de trop stocker de marchandises, il faut être très réactif et arriver à livrer une montre en quelques jours. Le style reste différent en fonction des marchés qui commandent et le segment prix qui fonctionne aujourd'hui correspond exactement au cœur de la collection Zenith.
• L'avantage ou l'inconvénient d'être au sein d’un groupe en temps de crise ?
•••• Comme avantage, je préciserais : un groupe comme LVMH offre une grande autonomie aux patrons de ses marques et des ressources pour bâtir sur le moyen ou le long terme.
• Une baisse des prix (produits anti-crise) est-elle à l'ordre du jour, et pourquoi ?
•••• Pas de baisse de prix sur les produits existants pour Zenith. En revanche, les consommateurs recherchent des produits qui ont un prix qui corresponde à une vraie valeur. Par exemple, un chronographe manufacturé au prix d'un chronographe, pas au prix d'un quantième perpétuel. Nous axons nos développements futurs dans ce sens.
• L'avenir de l'horlogerie et ses priorités : complication, design, concept, classicisme, technologie ?
•••• L'avenir de l'horlogerie mécanique haut de gamme est clairement dans l'innovation technologique, dans le design et dans la complication utile. Avant tout, nous devons faire plaisir à nos clients : cela passe forcément par l'évolution et la recherche de nouveaux concepts.
• Comment repenser la communication horlogère ?
•••• Nos clients potentiels attendent un message qui corresponde à ce que sont les marques. Il faut arrêter de vendre les montres comme des biens de grande consommation. Seules les marques avec de la substance, de la profondeur, vont rester crédibles.
• Comment séduire des nouveaux clients et par quels canaux ?
•••• ? Internet est certainement un canal à exploiter de manière active pour le futur. D'une manière plus générale, tous les canaux qui permettront aux marques de se rapprocher le plus possible du consommateur.
• Peut-on faire confiance aux détaillants horlogers pour relancer la machine horlogère ?
•••• Bien entendu, ce sont des partenaires indispensables de la chaîne horlogère! Une bonne partie d'entre eux a déjà vécu des crises importantes : les écouter est essentiel. Ce sont souvent les détaillants, confrontés à la réalité du quotidien, qui ont le plus les pieds sur terre.
• La bonne recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• Garder le cap, concentrer ses forces sur son ADN de marque, ne pas se disperser mais surtout travailler, travailler et encore travailler.
• Sortie de crise pour quand ?
•••• Si l’on considère que l’on a touché le fond, alors on est déjà sorti de la crise. Il faut maintenant se battre pour croître et repartir à la hausse. Des volumes d'exportation de l'industrie horlogère de 2007-2008 ne seront toutefois pas ré-atteints avant longtemps.
(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.
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