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Il y avait longtemps que le mois de septembre n’avait pas été aussi calme côté nouveautés.
On célèbre, on commémore, on expose, mais on ne crée guère.

Votre Quotidien des Montres n’en traque pas moins les informations signifiantes d’une actualité morose, où chacun a maintenant fait les comptes d’un été désespérément déprimé sur le plan commercial.

...CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...

••• SURPRIS...
chez le vitriniste Dietlin les préparatifs d’un lancement qui peut révolutionner les boutiques horlogères : le Carrousel est un concept de vitrines interactives animées, qui permet de faire « défiler » les montres et donc de créer un spectacle permanent en devanture. Présentation en première mondiale, début octobre à Genève, avec une association Denis Asch (L’Heure Asch) et Laurent Picciotto (Chronopassion, Paris). Encore une World Premiere pour Dietlin ! (bande-annonce (teaser)sur le site de Dietlin : cliquez sur World Premiere pour le film et sur R&D Concepts pour les devantures)


••• SOUFFLÉ...
à Flavio Briatore, qui vient de se faire éjecter de l’écurie Renault F1, l’idée de venir à Genève aider son ami Fawaz Gruosi à remettre en ordre de bataille la manufacture de Grisogono. Après tout, il est un des nouveaux (petits) actionnaires de la marque et il a l’air de s’y entendre en stratégie horlogère : c’est grâce à lui que TAG Heuer (Hamilton) a été champion du monde à la place de Richard Mille (Felipe Massa)...


••• SURSAUTÉ...
en découvrant la montre The Star of Ghana réalisée par Backes & Strauss (groupe Franck Muller) comme cadeau de la présidente du Ghana à Michelle Obama, la première dame américaine, à l’occasion de la visite officielle du couple présidentiel américain au Ghana (juillet 2009). Cette pièce unique sertie (image ci-dessus) reprend le boîtier de la collection Regent, avec un mouvement automatique à grande date et un cadran qui intègre une phases de lune dans le drapeau ghanéen. Rappel : le Ghana est un producteur d’or et de diamants, Backes & Strauss étant la plus ancienne maison diamantaire du monde (1789 !).


••• REPÉRÉ...
un nouveau type d’échappement sans huile réalisé en graphène par la nouvelle marque suédoise Arlanch : il s’agit de réduire les frictions en jouant sur les états de surface autolubrifiés du graphène (structure en nid d’abeille d’atomes de grphite). Ce Graphite Escapement est un hommage d’Arlanch au 250e anniversaire de l’horloger Thomas Mudge, « père » de l’échappement à ancre...


••• CONSULTÉ...
le bail de la nouvelle boutique ouverte par Omega sur la Croisette, , à Cannes (France) : 110 mètres carrés sur deux niveaux loués pour neuf ans moyennant 550 000 euros hors taxes par an. Cet emplacement était précédemment occupé par Gucci...


••• APPRÉCIÉ...
l’idée d’Audemars Piguet de créer (pièce unique) un chrono Royal Oak en titane pour l’offrir au fonds charitable Abruzzo nel Cuore (« Abruzzes au cœur »), destiné à aider les victimes du tremblement de terre qui a ravagé la région. Ce fonds est activement soutenu par le champion de F1 jarno Trulli, dont beaucoup d’amis pilotes et sportifs ont offert des objets aux enchères (combinaisons, casques, etc.). La Royal Oak au fond gravé Abruzzo nel Cuore a été adjugée 180 000 euros, le casque de Jarno Trulli s’arrachant à 40 000 euros ! Si la notion de pièce unique a du sens, c’est bien pour ce genre d’occasions...


••• NOTÉ...
quelques chiffres intéressants dans l’interview accordée par Antonio Calce (Corum) à L’Agéfi (Suisse) : la marque a divisé par deux le nombre de ses points de vente (500 aujourd’hui) et par 20 le nombre de ses références (3 000 à 150 aujourd’hui !). Antonio Calce, qui s’est engagé devant son personnel à ne procéder cette année à aucun licenciement, dévoile une information stratégique plus qu’intéressante : il a mis au point un outil de pilotage logistique qui lui permet des retours d’information en temps réel sur le sell-out dans ses différents points de vente (système en phase de test sur certains marchés). De quoi vérifier que la marque surperforme en Asie ou même en France (les ventes y ont doublé !), avec un volume annuel d’environ 18-20 000 pièces...


••• DÉCOUVERT...
sur Forumamontres la nouvelle Parmigiani Bugatti Tourbillon concept, présentée à bord du concept car Bugatti 16C Galibier (4 portes). Sur la tableau de bord, une vraie montre. Ronde, avec un tourbillon. Originalité : la montre est « extractible » : on la place sur le tableau de bord dans un logement spécial, d’où il est possible de la retirer pour la porter en montre de poche, en pendulette de bureau (système de lunette mobile qui sert de socle) ou au poignet, dans une sorte de container-bracelet gainé de cuir (mouvement tourbillon Parmigiani, 7 jours de réserve de marche).
••• SI L’IDÉE DU NOMADISME POIGNET-BUREAU-VOITURE n’est pas totalement inédite [Girard-Perregaux l’avait déjà tentée l’année dernière pour la Rolls-Royce Pininfarina Hyperion, avec un concept Vintage 1945 Tourbillon transformable], ce système 4 x 1 confirme la tendance actuelle à la création d’objets du temps nomades, capables d’accompagner l’amateur dans toutes les séquences de sa vie. Le retour de la montre de poche ici et là n’en est qu’un symptôme, tout comme celui de la montre-pendulette (fonction un peu oubliée de la Bell & Ross Instrument) et celui des « vraies » montres de bord extractibles...


••• VALIDÉ...
les réflexions de ceux qui affirment que « tout le monde se met à faire des montres » ! Déclinaison horlogère pour le moins surprenante : celle d’Öhlins, un des leaders mondiaux du marché de la suspension pour autos et motos. Bref, un marchand de ressorts ! Il n’en propose pas moins un chronographe en édition limitée pour accompagner le lancement de sa nouvelle suspension TTX 36. Très belle couleur jaune (c’est l’identité d’Öhlins) pour les mécaniciens dans l’âme...


••• RENONCÉ...
à décompter les déstockages à prix écrasés sur Internet : le réseau des outlets britanniques Goldsmiths annonce entre - 30 % et - 50 %, voire – 70 %, sur des marques comme TAG Heuer, Oris (collections récentes), Gucci ou Rado. A New York, Tourneau assure la promotion sur Facebook de sa traditionnelle Sample Sale at Soiffer Haskin, qui prend cette année des allures de braderie, avec - 50 % à - 70 % sur les plus grandes marques, Rolex comprises...


••• CROISÉ...
Christian Bédat, qui semble très heureux du lancement (discret) de sa nouvelle marque Red8, qu’il part promouvoir en Asie ces jours-ci, avec un programme chargé de présentation aux amateurs et aux trend-setters locaux. Pour l’instant, la montre à couronne rouge (révélation Business Montres du 28 juillet et décodage du 4 septembre) commence à faire parler d’elle, en se posant comme la montre non-conformiste d’un public assez conservateur (disons la Swatch qui permettrait à un amateur de Patek Philippe de s’encanailler). Reste à convaincre les « bêtes de mode » : un petit tour chez Colette et c’est gagné !


••• CONSTATÉ...
que les compétiteurs de l’industrie horlogère suisse n’ont pas le moindre complexe à propos d’Internet et de e-commerce de montres : le groupe Titan (Inde), qui détient six marques (Titan, Sonata, Nebula, Xylus, Octane et Fastrack), vient de mettre en place un système de boutique en ligne, qui constitue une réponse intelligent à la vraie question de la distribution en Inde. Laquelle est, faute d’un réseau de rues commerçantes dignes de ce nom, aussi compliquée pour les montres accessibles aux consommateurs locaux que pour les montres de luxe...


••• REMARQUÉ...
l’ouverture de nouvelles boutiques Roland Iten (jouets de garçons dans l’univers du luxe) à Dubaï et à Singapour. Petit à petit, le réseau s’étoffe (une dizaine de vitrines dans le monde), toujours dans des univers connexes à la montre, et les amateurs de montres s’habituent à ces objets mécaniques de luxe (boucles de ceinture, porte-cartes de crédit, etc.)...


••• EXPLORÉ...
un nouveau concept : la boutique éphémère thématique ! C’est du pointu dans l’ultra-niche : Gucci lance donc un espace Gucci Icon-Temporary, dédiée aux seules baskets (sneakers) en série limitée. Implantation éphémère à New York (Crosby street) en octobre, puis à Miami (Design District) avant Londres, Paris, Tokyo et Hong Kong.
••• LES BOUTIQUES ÉPHÉMÈRES SONT UNE PARTIE DE LA RÉPONSE aux questions qu’on se poser sur l’actuelle distribution horlogère : à quand des boutiques éphémères Rolex dédiées, l’espace d’une saison créative, au (re)lancement ponctuel d’une icône ?


••• FURETÉ...
au terminal Aviation d’affaires de l’aéroport de Nice pour y découvrir que le Swatch Group, via sa société de travel retail Tech Airport – y préparait une nouvelle boutique Hour Passion, le nouveau concept commercial des points de vente d’aéroport multi-marques du groupe (28 boutiques en France, en Suisse et en Autriche)...


••• RETROUVÉ...
beaucoup d’amis à la 13e Journée de la Société suisse de chronométrie, qui se tenait à Lausanne sur le thème de la complication horlogère. Beaucoup d’interventions intéressantes : Joseph Flores a exhumé des solutions techniques oubliées par l’histoire, tandis que la nouvelle génération horlogère (Christophe Claret et sa Dual Tow, Bruno Constant et son tourbillon Quantum Gravity Concord) prouvait que l’esprit d’innovation est plus vif et ingénieux que jamais. Une révélation : les rouages pas ronds du tout d’un chercheur suisse (HE-Arc du Locle) un peu allumé, qui travaille sur des engrenages qui vont révolutionner l’affichage (Business Montres y reviendra ces jours-ci tellement c’est riche de potentialités créatives). Les horlogers ouvraient des yeux ronds en regardant ces roues carrées !


••• SALUÉ...
le retour d’un certain bon sens dans la gestion par le groupe Edipresse du Grand Prix d’Horlogerie de Genève : contrairement à l’année dernière, il n’y aura pas d’interférence entre les prix décernés à Genève et le Grand Prix d’Horlogerie décerné en Asie, qui était une faute stratégique majeure. Chapeauté par le réseau Tatler (magazines de mode édités par Edipresse à Singapour), le nouveau Grand Prix d’Horlogerie Asie 2009 ne se réfère plus au Grand Prix de Genève. Il sera remis au cours d’un dîner de gala au Raffles de Singapour et simplement mentionné pendant la soirée de Genève...


••• RECENSÉ...
(ou du moins tenté de le faire) les groupes horlogers sur Facebook : impossible, on dépasse les 150 ! Avec des surprises : 2 150 amis pour MB&F, un des plus actifs sur les réseaux sociaux, c’est à la fois surprenant et logique, puisque la seule vraie recette qui marche – le rafraîchissement permanent et l’entretien du flux – y est systématiquement appliquée. Laurent Picciotto (Chronopassion), qui est pourtant le détaillant le plus dynamique et le plus malin sur Facebook, ne compte ainsi « que » 428 amis. A titre de comparaison et pour siter les échelles de grandeur, le Cercle de l’Horlogerie-Monaco affiche 210 fans...


••• COMMANDÉ...
la nouvelle édition (réédition) du livre de George Daniel devenu introuvable : disponible sur Amazon, Watchmaking (463 pages absolument immanquables sur l’art horloger) avait disparu de la circulation et se vendait à peu près dix fois plus cher d’occasion que la nouvelle version neuve !


••• VERSÉ...
une nouvelle pièce au dossier de la taille des montres, chacun se demandant si on s’oriente vers une stabilisation (standard 42-44 mm), une inflation (45-50 mm) ou une déflation (retour vers les 38-40 mm). Même si Business Montres maintient ses analyses en faveur d’une inflation légère (disons 46-48 mm désépaissis), un argument intéressant : dans sa toujours stimulante Lettre des signaux faibles, Philippe Cahen note que, pour la première fois depuis cinquante ans, les voitures vendues en France en 2008 étaient plus petites et moins chères que celles qui avaient été achetées l'année précédente. L’inversion de tendance est globale : en 12 mois, la voiture moyenne a perdu 20 cm, 40 kg, 58 cm3 ainsi que 5 chevaux ; ses émissions de CO2 ont reculé à 135 g/km contre 145 g/km auparavant et son prix est redescendu au niveau de 2004. Quand on connaît la corrélation entre l’industrie de l’automobile et celle de la montre, on doit rester attentif à ce type de dynamique, qui révèle une tendance lourde – et donc durable – que l’on retrouve dans toutes les activités humaines : retour à l’essentiel, priorité à la valeur d’usage, innovation mise au service de la simplicité d’utilisation, meilleure prise en compte des réalités de consommation et des contextes d’utilisation et, au final, plus grande affinité/proximité avec des marques redevenues plus vraies.
••• SIMPLE INTERROGATION ET MATIÈRE À RÉFLEXION : l’industrie de la montre s’est-elle posée – et se pose-telle – les bonnes questions ? Toutes les déclinaisons d’une collection sont-elles vraiment indispensables ? A quoi bon systématiquement intervenir hors d’un territoire naturel de légitimité ? A-t-on vraiment réfléchi à la valeur perçue et à la valeur d’usage (qui sont des facteurs de « qualité utile » et de « juste prix ») ? Pourquoi ne pas réellement étudier la forme et le fonds de la consommation de montres aujourd’hui, ici et maintenant ?