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SOIXANTE-CINQUIÈME JOUR…

Plus profondément enraciné dans le terroir suisse que Rudis Sylva, c’est à peu près impossible.
Tout dans cette jeune marque de nouvelle horlogerie traduit le style, l’esprit et le savoir-faire des horlogers franc-montagnards.
Même l’accent de Jacky Épitaux, qui a conçu une montre capable de jouer la Rauracienne (hymne local) tout en proposant une innovation un peu folle : le premier balancier denté de l’histoire horlogère (révélation Business Montres du 17 avril) !

Le Tour du monde horloger en 80 jours a remonté les gorges du Doubs pour faire escale au pied des « échelles de la mort », en terre de longue tradition horlogère...

• Où en sont les commandes pour la fin de l'année ?
•••• JACKY ÉPITAUX (Rudis Sylva, Les Bois, dans les Franches-Montagnes) : Les commandes sont à l’image des moyens des détaillants : pauvres… Et encore faut-il qu’elles puissent être honorées !


• Ces commandes ont-elles changé de nature (style, prix, délais, thèmes, etc.) ?
•••• Les commandes n’ont pas changé de nature : la demande sur les produits de « luxe accessible » aux « grandes complications » est en forte baisse.


• L'avantage/inconvénient d'être un « petit » indépendant en temps de crise ?
•••• Ce n’est pas tellement la question de l’indépendance qui influence la marche des affaires en temps de crise, mais le sell-out actuel. Le détaillant n’a plus les moyens d’acheter, puisque son chiffre d’affaire lui permet tout juste de couvrir ses frais de fonctionnement. Il demande donc de la consignation ou commande lorsque la pièce est pré-vendue. Seules les marques les plus riches, ou celles qui sont aux abois répondent à la consignation.


• Les prix (fournisseurs, montres) doivent-ils baisser, comment et pourquoi ?
•••• En aucun cas ! Le prix ex-usine ne peut, ou ne doit pas, baisser. Il est par contre évident que le jeu de l’offre et de la demande influence le prix public à la baisse. Il n’est pas difficile pour un consommateur d’obtenir 25 à 35 % de réduction sur une grande majorité de marques, même les plus prestigieuses.


• L'avenir de l'horlogerie et ses priorités : haute complication, concept, « classique » ?
•••• Je reste serein, : la bienfacture du produit couplée d’un bon concept marketing et du respect des acteurs de l’horlogerie reste la recette pour durer. Tout est vendable, de la montre fashion à la grande complication… Sauf que, pour réaliser des complications, il faut des talents horlogers et non pas des apprentis sorciers !


• Comment repenser la communication horlogère ?
•••• La communication horlogère restera toujours une adéquation entre la stratégie marketing et le public cible. Chaque concept peut donc être un succès. Je crois beaucoup aux « trafic d’influence », notamment par le Net, les leaders d’opinion qui sont parfois des « papes horlogers » ou des pilotes de F1.


• Comment séduire de nouveaux clients et par quels canaux ?
•••• ? Le détaillant reste le n° 1 des outils de ventes. Il est l’avocat de la marque et jouit d’une grande influence sur le consommateur. Sa proximité géographique et culturelle avec le consommateur le rend plus crédible que n’importe quelle publicité, particulièrement dans le haut de gamme horloger. Tout ce qui s’achète uniquement grâce à la médiatisation n’est que mode, donc sujet à disparaître. Continuons donc de valoriser le travail des détaillants.


• Peut-on faire confiance aux détaillants traditionnels pour relancer le marché ?
•••• Oui, dans la mesure où ils ont la capacité financière d’acquérir vos produits. Non, s’ils désirent 45 à 50 % de marge en se contentant de faire transiter le produit par leur magasin.


• La bonne recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• Humilité, respect des fournisseurs et des détaillants. Les managers doivent savoir prendre des mesures impopulaires pour assurer la pérennité de leur entreprise. Le réalisme doit rapidement faire place à l’optimisme ou au voilage de face !


• Sortie de crise pour quand ?
•••• Elle ira de pair avec la réhabilitation boursière. Je mise donc sur une reprise par petit pas dès décembre 2009. Beaucoup de faillites seront encore prononcées.


(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.