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La marque neuchâteloise renforce la traçabilité de ses produits grâce à un système original. La démarche vise d'abord à garantir l’origine de sa montre au client final.
CEO de Parmigiani, Jean-Marc Jacot a présenté ce matin à l’Hôtel du Parc de Eaux-Vives à Genève un système de traçabilité que la manufacture commence seulement à utiliser. Basé sur un polymère intégrant un ensemble de microbulles à chaque fois différent puisqu’il se forme aléatoirement, il doit participer à garantir au client final l’origine de sa montre. Développé par la société française Prooftag et baptisé Code à Bulles, le système a été adapté aux contraintes de l’horlogerie. Ainsi, chaque pièce quittant les ateliers se voit désormais accompagnée d’une carte intégrant un polymère de la taille d’une petite pièce de monnaie, lui-même doublé d’un code. Grâce à ce code et via internet, le client a accès sur un site dédié à une image du polymère ainsi qu’à d’autres informations liées à son garde-temps. Une comparaison attentive de visu permet déjà de déceler d’éventuelles différences. Mais des lecteurs spécialement développés valident le résultat.
«La moitié de notre chiffre d’affaires est réalisé grâce à des pièces valant plus de 100'000 francs suisses, a expliqué Jean-Marc Jacot. A ce prix, il est indispensable de s’investir pour garantir au client final l’origine de son achat. En faisant cela, il ne s’agit pas d’exercer un contrôle accru sur nos détaillants mais de lutter également contre les réseaux de distribution illégaux qui officient principalement sur l’Internet. Concernant nos revendeurs justement, le seul inconvénient peut venir d’un mélange éventuel entre cartes et produits. Dernier avantage, cette option évite d’intégrer des systèmes électroniques au sein des montres, une voie que nous ne voulions pas suivre.»
La marque étudie déjà une évolution du système. Dans le futur, la montre sera elle-même dotée du polymère qui s’altérera après six à huit heures de porté. Ce système prouvera alors que la pièce est réellement neuve et qu’elle n’a jamais été utilisée. Quant aux coûts, l’option actuelle revient à une quinzaine de francs par unité.
Durant la conférence, d’autres interlocuteurs ont pris la parole pour évoquer le thème de la contrefaçon d'une façon plus globale. Ainsi Fabienne Lupo, directrice de la Fondation de la haute horlogerie, a rappelé que les bénéfices tirés des montres contrefaites étaient estimés à un milliard de dollars, soit environ six pour-cent du total des exportations horlogères suisses, et que cette activité avait un impact direct sur l’emploi en Suisse. Ce combat reste donc d'une complète actualité.
Louis Nardin |