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On a pris la Confrérie Horlogère de Mathias Buttet (BNB) pour une sorte de Star Ac’ élitiste et vaguement opportuniste.
Ce n’était pas une fusée de feu d’artifice, mais le premier étaged'une station spatiale capable de mettre l’horlogerie en apesanteur.
Une vraie marque est née.
Avec de l’ambition créative et les moyens industriels d’imposer ses concepts de haute rupture !
••• PILE OU FACE ?
CH pour Confrérie horlogère : le nom est apparu en 2008 à l’initiative de Mathias Buttet, comme un pépinière pour BNB. Le concept n’a pas cessé d’évoluer depuis, jusqu’à cet automne 2009 où il dévoile un nouvel aspect de son identité. Un regard sur le nouveau site de la CH (pas encore tout-à-fait au point) permet de comprendre qu’on se situe déjà... ailleurs !
Côté pile, un arpège de jeunes horlogers créateurs de séries limitées confidentielles : c’est la Confrérie horlogère saison 1, celles des « compagnons » qui donnent une touche très personnelle à des montres qu’ils créent sur des bases BNB. Trois des sept pièces annoncées par les « Confrères » sont déjà au point et en cours de fabrication : elles seront officiellement présentées au Salon international de haute horlogerie de Mexico, la semaine prochaine. Les quatre autres sont toujours sur les établis. Une huitième proposition, encore confidentielle, s’annonce totalement disruptive : Business Montres y reviendra ultérieurement.
Côté face, la Confrérie horlogère devient une vraie marque à part entière, avec deux collections de très haute horlogerie. La plus « classique » – elle serait déjà très avant-gardiste pour la plupart des marques – a été baptisée « Origines » : elle vise à réinterpréter encore plus créativement les mouvements de la manufacture BNB, à travers des boîtiers originaux qui sont désormais, comme la quasi-totalité des composants et souvent des cadrans, totalement réalisés in-house. Figure tutélaire associée à cette collection « Origines » : l’inusable et plus juvénile que jamais Gérald Genta (celui de la Royal Oak, de la Nautilus, de l’Ingénieur, de la Constellation et des Genta pré-Bvlgari), qui multiplie les propositions et les dessins sur des bases de calibres BNB.
••• DANS LE CHAUDRON DE POTION MAGIQUE
La plus intéressante de ces deux autres collections de la nouvelle marque CH est celle des « Mentors », une série de montres en prise directe sur la R&D de BNB, chaudron de potion magique horlogère qui emploie une grosse trentaine de personnes et qui s’interdit de s’interdire toute nouvelle façon de repenser la montre, aussi déjantée soit-elle. Ils ont les moyens de passer en vitesse lumière quand ils le souhaitent : l’atelier de prototypage est à l’étage au-dessous, les CNC un peu plus loin et les horlogers capables de mettre en scène toutes ces folies dans l’escalier d’à côté.
Du coup, on voit fleurir des « montres » qui méritent tous les guillemets de rigueur face à des « ovnis ». L’intérêt de ces pièces « Mentors » est qu’elles s’inscrivent désormais dans une logique de marques, et non comme des pièces uniques à vocation promotionnelle (talking pieces). Toutes les montres de la Confrérie sont des « vraies » montres, et non des concepts virtuels : elles fonctionnent, elles bénéficient d’une garantie à vie (révision gratuite tous les deux ans incluse), elles sont évidemment Swiss Made (puisqu’à 99 % totalement réalisées dans les ateliers BNB – qui n’élèvent pas encore les alligators du bracelet et qui ne produisent pas encore de verre saphir) et elles obéissent à la morale du « toujours plus » – chaque proposition ayant par principe l’obligation de surpasser la précédente...
La Clef du Temps présenté ce soir à Only Watch 2009 (image exclusive publiée par Business Montres le 22 septembre) reste encore très sage à côté de ce qui sera présenté la semaine prochaine à Mexico – un salon qui tourne décidément à la référence américaine pour la haute horlogerie.
••• BALLES DE MATCH
Voici, par exemple, et toujours en exclusivité Business Montres (ci-dessus), le nouveau concept Calibre 9000 de la collection « Mentors ». C’est très volontairement une cartouche de 9 mm (ici « calibrée » en 20 mm de diamètre sur 29,5 mm de longueur) qui abriterait un tourbillon (visible par un fond saphir sur le culot de la cartouche) mécanique à remontage manuel et rouages verticaux (réserve de marche de 120 heures, soit cinq jours). L’affichage des heures et des minutes se fait dans un guichet par des « rouleaux ». L’heure se règle et le mouvement se remonte par la tête acier de la balle, dont le cylindre est, au choix, en aluminium revêtu de différentes couleurs ou en métaux précieux.
Bien, mais que faire de cette « montre » ? La porter, tout simplement ! Au poignet, grâce à une espèce de holster en cuir, qui tient à la fois du bracelet de force et de la cartouchière à une place. Autour du cou en pendentif. A la ceinture, seule ou en série, dans une vraie cartouchière. Sur la table, avec un petit support.
Que dire de plus, sinon que le tourbillon lui-même est totalement fou, avec une cage décorée d’une tête de mort (la tendance Skull and bones : Business Montres du 20 septembre !) dont les yeux sont en rubis, de deux faux et d’une chaîne ? Le tout à une échelle micrométrique, mais avec une performance chronométrique superlative. Qu’en penser, sinon qu’on est ici en présence d’une pièce qui sera certainement un des symboles identitaires de la prochaine refondation haute horlogère ?
On aimera ou on détestera ce mini-obus de poignet, mais la proposition ne devrait laisser personne indifférent. Hormis, bien sûr, ceux qui pensent encore qu’une montre est forcément un objet rond avec deux ou trois aiguilles...
••• LÀ, C’EST BON, ON ENTRE VRAIMENT DANS LES ANNÉES DIX : de même que l’arrivée sur scène de Richard Mille avait donné le ton aux années zéro-zéro du XXIe siècle, Confrérie horlogère a dans les tuyaux de quoi imposer un autre rythme et d'autres couleurs à la créativité d’avant-garde de la prochaine décennie.
• Le plus étonnant est peut-être que ces montres, nées dans une manufacture qui dispose d’un des meilleurs plateaux techniques de la Suisse horlogère, sont fonctionnelles, éprouvées et rapidement livrables : l’amateurisme génial des grandes années de la « Bulle Epoque » – je lance dès que je peux et je livre quand je peux ! – semble bien révolu.
• Ce ne sont pas les amateurs qui s’en plaindront après des années de frustration : au fait, on en est où pour la mise au point définitive de l’Opus 3 de 2003 ou l’Opus 8 de 2008 ?
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