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Une plateforme en ligne inédite met en relation passionnés de montres, marques et revendeurs. Lancement prévu le 29 septembre.
«Nous avons repris et adapté les meilleurs idées et outils des réseaux sociaux sur le net», résume Marco Gabella, l’un des trois fondateurs de Watchonista. La société, enregistrée à San Francisco et installée à Lausanne (lire ci-dessous "La genèse de Watchonista) s’apprête à lancer le «Facebook de l’horlogerie» couplé à une plate-forme de commerce en ligne permettant d’acquérir directement des montres.
Sur Watchonista.com, les passionnés d’horlogerie disposent d’un espace personnel où ils peuvent créer des collections virtuelles, les partager avec d’autres utilisateurs, poster des commentaires et découvrir les modèles les plus populaires au sein de la communauté.
Mais Watchonista veut devenir bien plus qu’un réseau pour amateurs. Les marques et les revendeurs sont en effet parties prenantes de cette communauté, de même que les collectionneurs (un statut délivré sur invitation exclusivement). Il en découle de multiples possibilités d’interactions entre les acteurs du réseau, c’est d’ailleurs ainsi que Watchonista a élaboré son modèle économique.
Car si tous les membres amateurs et collectionneurs profitent d’un accès gratuit à la plateforme, les marques doivent souscrire un abonnement à 2’000 francs par mois. Les revendeurs ont la possibilité de s’enregistrer gratuitement et de livrer toute une série d’informations sur leur magasin (horaires, localisation, type de services, etc.). Mais pour pouvoir développer une plate-forme de vente en ligne, ils doivent cependant aussi payer un abonnement, modulable en fonction du nombre de transactions autorisées: les prix s’échelonnent de 45 dollars (25 montres) à 199 dollars (quantité illimitée). À noter que Watchonista ne perçoit aucune commission sur les ventes, et ne sert que d’interface.
Lors du lancement officiel de la plateforme, prévu le 29 septembre, l’horloger suisse Hautlence fera figure de marque pionnière, en qualité de premier client. «Watchonista est un projet avantgardiste et très sérieusement élaboré, déclare Guillaume Tetu, co-fondateur de Hautlence. Nous avons posé toutes les questions imaginables aux concepteurs du site, chaque brique a été pensée. Un tel canal est idéal pour diffuser de l’information, mais aussi intervenir dans les discussions et éventuellement corriger ce qui se dit. L’idée d’interagir avec les fans et les collectionneurs nous plaît beaucoup. En ce qui nous concerne, nous n’utiliserons pas Watchonista pour la vente de nos montres (ndlr: un modèle Hautlence coûte au minimum 40'000 francs), mais comme un tremplin pour mieux nous faire connaître.»
«Pour leur communication, les marques ont tout intérêt à s’intégrer à une plateforme commune plutôt que de développer un site isolé et parfois peu fréquenté», estime Marco Gabella. Sur Watchonista, chaque horloger inscrit dispose d’un espace personnalisable en fonction de son univers. Il peut créer un showroom virtuel et mettre en valeur ses produits phares. Parallèlement, les collectionneurs peuvent devenir fan de la marque et interagir avec elle.
«Chaque marque détermine librement avec qui elle souhaite communiquer parmi les amateurs, collectionneurs et revendeurs inscrits sur Watchonista. Il s’agit vraiment d’un service à la carte.» Par exemple, les marques peuvent tenir informés leurs clients et partenaires d’événements qu’elles organisent, ou encore lancer des campagnes en adressant des messages ciblés en fonction de leurs interlocuteurs, puis profiter de l’effet amplificateur du bouche à oreille. En outre, Watchonista se révèle un puissant outil statistique en temps réel, car les membres s’inscrivent sous leur véritable identité, en spécifiant même leur ville d’origine. Combien de personnes s’intéressent à tel ou tel produit? D’où viennent-elles? Quels sont leurs goûts et opinions? Autant de données précieuses pour les horlogers.
Du côté des passionnés, l’existence d’une telle plateforme apporte une source d’informations authentiques et clairement identifiables, par le fait que tous les intervenants sont enregistrés sous leur vrai nom. Interface sobre et intuitive, la première démonstration du site, dans les locaux de l’entreprise, laisse une première impression convaincante. L’internaute peut, s’il le désire, qualifier l’état général de sa montre (oxydation, état de la caisse, etc.) et en donner les caractéristiques précises à travers une base de données extrêmement riche. Enfin, chaque membre peut choisir précisément quelles informations il souhaite partager, et avec qui.
Pour les concepteurs de Watchonista, pas question toutefois de fonctionner en vase clos: «Nous allons évidemment offrir un espace aux créateurs de contenu, tels que les médias et les blogs existants, précise Marco Gabella. Watchonista se veut une plateforme ouverte.»
Reste à atteindre rapidement une masse critique d’utilisateurs, cela afin d’attiser l’intérêt des marques et des points de vente… «Nous espérons enregistrer 25'000 inscriptions avant la fin de l’année et passer le cap des 100'000 membres d’ici à Baselword 2010, en mars prochain. Au lancement, la plateforme comptera une centaine de collectionneurs invités, que nous avons préalablement contactés. Mais notre réseau s’adresse tout autant aux amateurs.» Le portail sera lancé en anglais, dans un premier temps, puis décliné en d’autres langues, en fonction de l’intérêt rencontrés dans les différents pays.
La genèse de Watchonista
L’idée de Watchonista est née au printemps 2008 de la rencontre entre un pionnier du web et un collectionneur de montres. Cédric Nicole, actuel CEO de la société, a développé son premier site en 1993, avant de rejoindre San Francisco où il a supervisé le marketing online et le nouveau design de Yahoo!. Son associé, Marco Gabella, passionné d’horlogerie depuis son enfance, dirige une entreprise active dans le bâtiment, installée dans le quartier du Flon à Lausanne, où Watchonista a également ses locaux (un vaste open space en attique). Le troisième membre fondateur, Alexander Friedman, a construit son expérience dans le secteur bancaire.
Pour réaliser leur ambitieux projet, les deux trentenaires se sont entourés d’une équipe répartie entre Lausanne, San Francisco (siège de la société) et la Roumanie (pour l’essentiel du développement informatique). La société compte à ce jour 20 personnes. Quant aux serveurs informatiques, ils sont hébergés aux Etats-Unis. Initialement financé sur fonds propres, le projet a dernièrement bénéficié d’une augmentation de capital de 12% provenant d’un investisseur extérieur. «Un investisseur qui n’est pas lié à l’horlogerie», précise Marco Gabella, sans en dire plus. Watchonista brandit en effet son indépendance comme un argument clé: «Nous allons mettre en avant la passion horlogère, le plaisir de collectionner des montres, et non une marque en particulier. C’est précisément parce qu’il manquait un portail vraiment indépendant sur l’horlogerie que nous avons voulu lancer notre plateforme. Nous n’allons d’ailleurs pas répertorier les montres par catégories, ce sont les membres de la communauté eux-mêmes qui, au moyen d’un système de tags, qualifieront les produits. Nous voulons que la plateforme existe et s’organise de manière autonome.»
Ludovic Chappex
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