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Promis, ça va s’arranger !
A l’occasion du Grand Prix d’Horlogerie Asia 2009, qui n’est déjà plus « de Genève », on vient de découvrir les plans de relance d’un Grand Prix désormais trop prévisible pour être crédible...

••• CHANTIER DE REFONDATION

La célébration à Singapour du Grand Prix d’Horlogerie Asia 2009 (déclinaison locale du Grand Prix de Genève) a permis ce week-end aux organisateurs de recadrer leur proposition pour l’année prochaine, dixième année de ce prix désormais ouvertement controversé.

Objectifs de la nouvelle stratégie : trouver les voies d’une nouvelle indépendance et donner au Grand Prix de Genève une plus grande notoriété.

Principaux changements :
• Un contrôle d’huissier à chaque étape du vote électronique des jurés, clairement identifiés, et exclusion de tout collaborateur d’Edipresse (groupe propriétaire) du jury ;
• La création d’une Fondation en accord avec les marques fondatrices et les partenaires actuels ;
• La préservation du caractère « unique » et singulier du Grand Prix de Genève, soit donc une mise sous le boisseau de la déclinaison asiatique, réduite à un prix municipal singapourien géré par les filiales locales d’Edipresse (un prix du public asiatique sera conservé et décerné chaque année à Genève) ;
• L’extension à plusieurs nouveaux marchés de l’exposition des montres pré-sélectionnées...

Il était temps ! Comment ne pas applaudir à la reconnaissance par Edipresse des dysfonctionnements dénoncés depuis longtemps par Business Montres et l’adoption de la plupart des préconisations longuement plaidées et réitérées auprès de la direction de ce groupe. Donc, tout ceci va dans le bon sens, mais est-ce suffisant ?

• On note au passage que les votes électroniques n’étaient donc pas sécurisés, ce dont Business Montres s’indignait sans convaincre, mais le seront-ils davantage quand le partenaire extérieur chargé de l’organisation de ce vote est un proche de ceux qui sont susceptibles de manipuler les jurés ?

• On ne parle évidemment pas du vote du public, recueilli par Internet et dans une urne lors de l’exposition à Genève : son dépouillement « manuel » totalement aléatoire et discrétionnaire enchanterait sans doute les Coréens nostalgiques de Kim Il-sung, mais pas ceux qui se soucient de la « propreté » d’un Grand Prix horloger...

• Connaître le nom des jurés va dans le bon sens, mais c’est leur sélection qui pose problème, soit parce qu’ils sont nuls (sans réelle connaissance du marché : d’autres que moi pourraient en témoigner), soit parce qu’ils sont sous influence. Il faut impérativement élargir le collège de ces jurés (au minimum, cinquante personnes) pour le rendre à la fois impossible à manipuler et représentatif de tous les acteurs de la profession...

• Mettre en place une Fondation part d’un bon sentiment, mais si c’est pour y associer les marques qui ne restent au Grand Prix actuel qu’en raison de leur étroit partenariat avec Edipresse, on perd son temps. Si Fondation il doit y avoir, elle doit associer toutes les grandes marques et tous les grands groupes, sans exclusive, ainsi que les principales structures représentatives de l’activité horlogère.

• Pas de réflexion apparente sur la sélection des montres : elle relève aujourd’hui de l’initiative des marques, alors qu’elle devrait découler du choix des jurés. Edipresse a toujours un train de retard dans ce domaine par rapport aux autres prix, certes moins prestigieux (parce que plus récents) mais souvent plus respectés...

• On comprend que le renforcement de la communication internationale intéresse Edipresse, mais la notoriété d’un Prix naît de son impartialité, de sa représentativité et de son universalité, ainsi que de sa réputation auprès de la communauté des amateurs et des professionnels : cette communication doit donc être déconnectée des intérêts tactiques locaux d’Edipresse, pour se déployer même là où Edipresse n’a pas de relais locaux...

• L’abandon du Grand Prix de Genève décerné à Singapour ne choquera personne : c’était l’erreur absolue à ne pas commettre, mais il fallait bien faire plaisir aux partenaires locaux du groupe. Les Oscars du cinéma, c’est à Hollywood, et seulement à Hollywood !

• Bref, ce qui pose problème et ce qui continue à gêner tout le monde, c’est la présence même d’Edipresse dans ce Grand Prix, même dans le cadre d’une Fondation (Edipresse envisage d’y garder non seulement un pied, mais aussi quelques bras). C’était une stupidité économique de le racheter. Cela reste une bêtise stratégique de le garder. Ce serait une faute éthique majeure que de s’y accrocher...

• Image ci-dessus : la Greubel Forsey Quadruple Tourbillon à différentiel sphérique, meilleure Montre à complication du Grand Prix Asia 2009.


••• C’EST TOUJOURS MORALEMENT SATISFAISANT D’AVOIR EU RAISON et il serait malvenu de faire la fine bouche devant ces promesses d’amélioration qui vont globalement dans le bon sens, quoique sans vraiment convaincre.

• Reconnaître les défauts majeurs de l’actuel Grand Prix et vouloir renforcer son indépendance, c’est discréditer par avance le prochain Grand Prix 2009, qui n’a donc pas (citation Edipresse) « l’indépendance et la transparence nécessaires » . Que cet aveu est cruel pour les lauréats 2009 !

• Un vrai Grand Prix d’Horlogerie reste à créer, non plus au service de quelques intérêts cantonaux purement genevois, mais « au service de la branche horlogère toute entière » (citation Edipresse) : ce Grand Prix doit être confédéral et communautaire, avec une vocation de référence incontestable auprès des amateurs et des détaillants du monde entier.

• Ce n’est certainement pas en excluant du Prix, comme c’est le cas pour cette édition 2009, Rolex, Patek Philippe, le Swatch Group, le groupe Franck Muller, Cartier, Breitling et d’autres encore – soit l’essentiel des forces vives de l’industrie horlogère – qu’on redorera le blason d’un prix qui a fait son temps. Une page doit se tourner...