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Concord : Alex Grinberg ne veut surtout pas casser le beau jouet du groupe Movado
 
Le 30-09-2009
de Business Montres & Joaillerie

Un peu déstabilisée par le départ imprévu de Vincent Perriard, la marque Concord a été reprise au vol par Alex Grinberg,son nouveau président.

Que veut-il et que peut-il en faire ?

••• PLUSIEURS CONCORD À SON ARC
Alex Ginberg, le frère d’Efraim Grinberg (président du groupe Movado) n’est pas né de la dernière pluie : son œil malicieux et sa rondeur candide cachent un vétéran des combats horlogers, qui était jusqu’à cet été responsable de Concord pour les Etats-Unis. Il connaît donc de l’intérieur les tenants et les aboutissants de la réorientation de Concord, entamée voici deux ans par le M. 100 000 volts de la haute horlogerie (Vincent Perriard, démissionnaire surprise de l’été : révélation Business Montres du 10 juin).

La nomination – tout aussi inattendue – d’Alex Grinberg (autre révélation Business Montres de l’été) prouve d’ailleurs à quel point le groupe a décidé de s’investir dans le repositionnement de Concord et d’élargir encore l’actuelle percée conceptuelle et médiatique de la marque.

Reste qu’on se pose la question : Concord, jusqu’où et pourquoi faire ? Autant la poser au principal intéressé...


• Alors, où va Concord ?
• Alex Grinberg (CEO de Concord) : d’abord, Concord va bien. Ensuite, Concord va où il était prévu d’aller, s’adaptant à cette crise. Nous n’avons aucune raison de changer de stratégie : notre message reste le même, à ceci près que nous n’avons plus besoin d’argumenter à propos de notre crédibilité. Tout le monde a compris – et apprécié – notre nouveau positionnement créatif : l’image de la marque est bien posée et il ne nous reste plus qu’à consolider notre implantation sur le terrain. Les fondations sont excellentes : pourquoi rebâtir ce qui tient la route ? C’est notre mission pour 2010 : donner toujours plus de consistance au produit pour en asseoir la légitimité, à un prix qui n’est pas injustifié quand on fait la somme totale de tous les détails de qualité de ces montres.


• Et la crise ?
• AG : à l’évidence, elle ralentit les affaires, mais sans anéantir la passion pour les montres. Nous nous efforçons de réagir en proposant – sur la base de nos designs actuels – d’autres matériaux, pour des usages plus sportifs, toujours dans le respect de notre identité. Nous n’abandonnons pas notre R&D pour mettre au point des vrais propositions de « rupture » : laissez-nous seulement le temps de digérer le lancement quasi-consécutif de deux modèles C Lab Series aussi forts que les tourbillons Gravity et Quantum Gravity. Il y aura en 2010 plein d’autres belles pièces dans les tuyaux ! La crise nous aide également à mieux reformuler notre positionnement prix et à consolider notre relation avec nos détaillants : il ne s’agit pas d’étirer à tout prix ce réseau, mais de renforcer nos liens avec lui.


• Avec quelles armes pour garder de la visibilité ?
• AG : je m’interroge sur la publicité classique, qui reste néanmoins justifiée pour communiquer avec bon nombre de publics traditionnels, mais je trouve des réponses inespérées à mes soucis de communication dans la nouvelle sphère digitale. Dans notre approche des nouveaux marchés (Extrême-Orient, Amérique du Sud, Russie) ou même des Etats-Unis, les amateurs de belles montres sont sur Internet et ils sont surconsommateurs de nouvelles technologies : autant de pistes pour réinventer une autre manière de parler de montres. De même, nous n’allons nous lancer à corps perdu dans le soutien à tel ou tel sportif, ou à tel ou tel « ambassadeur ». Nous faisons confiance à des champions qui aiment vraiment la marque, pas à des mercenaires, quelque soit le sport, en veillant à toujours préserver une ouverture vers des partenariats plus « responsables » ou à vocation charitable.


••• PAS FACILE DE SUCCÉDER À UN ZIGOTO DU CALIBRE DE VINCENT PERRIARD ! On attendait Alex Grinberg au tournant : il réussit pour l’instant à imposer un style moins frénétique et, surtout, à calmer le jeu sans interrompre la partie. Apparemment, si le groupe Movado réduit légèrement la voilure [c’est sans doute une des explications du départ de Vincent Perriard], il ne jette pas non plus l’ancre, pas plus qu’il ne met Concord en cale sèche : l’aventure continue, sur la même lancée, avec autant d’ambitions mais sur un tempo plus proche du tango que du free jazz.

• Alex Grinberg se sait porteur d’une part de la crédibilité familiale et personnelle des Grinberg dans l’émergence sur le marché d’une des marques les plus décalées – sinon des plus délurées – de la nouvelle génération horlogère. Comment dit-on « noblesse oblige » en américain ?

 



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