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Genève ne deviendra pas le centre diamantaire international dont rêvait Vartan Sirmakes.
Annoncé il y a plus de deux ans, l’ambitieux projet du patron de Franck Muller ne verra jamais le jour. Nicholas Rudaz, membre de la direction de l’horloger genevois, explique pourquoi.
Où en est votre projet de centre diamantaire aux Ports Francs, le Geneva Diamond Center?
Il est abandonné. La crise dans l’industrie du diamant nous pousse à prendre cette décision. Nous étions convaincus que c’était une extraordinaire opportunité pour Genève, car un réel besoin existe dans le monde des diamantaires. Mais les diamantaires ont subi une chute de chiffres d’affaires de 80% à 90%. Ces entreprises traversent une période extrêmement difficile et ne peuvent pas se lancer dans un tel projet.
Vous parlez d’abandon, pas de suspension du projet. Pensezvous qu’il pourrait être relancé dans 6 mois ou un an?
Non.
Les difficultés de Franck Muller ont-elles joué un rôle dans les réticences des clients potentiels?
Absolument pas, car ce projet de centre diamantaire était géré de manière totalement indépendante.
Quelles manifestations d’intérêt aviez-vous reçu de la part de clients potentiels?
Nous avons constaté un fort intérêt de la part de diamantaires, y compris étrangers. A Anvers, les professionnels du secteur subissent d’importantes pressions. Et par rapport à Dubaï, Genève offre des conditions intéressantes et une qualité de vie attractive. Tout le monde a adoré l’idée mais les acteurs ont attendu que quelqu’un fasse le premier pas. L’idée était géniale, elle l’est toujours.
Un document datant de 2007 fait état d’un loyer annuel d’un million de francs pour l’ensemble de la surface occupée aux Ports Francs. Ce chiffre est-il correct?
Il est correct. Cet abandon est regrettable, nous avons investi beaucoup d’énergie et de fonds dans ce projet. Nous ne pouvions pas continuer à assumer ces frais en attendant l’arrivée de clients.
Combien vous aura coûté l’ensemble du projet jusqu’à maintenant?
Je n’ai pas de chiffres précis.
Que vont devenir les surfaces que vous louez?
Elles seront relouées à d’autres fins.
Qu’est-ce qui aurait pu éviter cette issue défavorable?
Si nous avions concrétisé davantage de locations de surfaces, nous aurions pu continuer à aller de l’avant. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Nous subissons l’effet domino de la crise. Il y a deux ans et demi, personne n’aurait pu envisager une telle issue.
Interview Sébastien Ruche
AGEFI |