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La météo des montres a beau proposer le même « été indien » que celui de cet automne 2009, on sent quand même se préparer des changements, tant du côté toujours remuantdes marques de créateurs que dans les grands groupes...
••• RÉVÉLATIONS SUR REVELATION : un nouveau principe horloger (esthétique et mécanique) pour une nouvelle marque 2010, c’est Revelation (sans accents sur les é). La marque sera lancée début 2010, mais l’idée en a germé voici près de quatre ans derrière le front de deux spécialistes du produit horloger (les designers Anouk Danthe et Olivier Leu, qu’on a connus chez Jaeger-LeCoultre, Omega et Audemars Piguet, ainsi que dans leur propre studio de création. Leur volonté était de réconcilier la tradition des montres classiques et celle des « ovnis » à forte surenchère mécanico-formelle. Les premières se contentent de donner l’heure, trop souvent sans saveur. Les secondes donnent bien des émotions, mais sans aller jusqu’à donner l’heure lisiblement. Entre ces deux pôles, un point moyen équatorial où, aux yeux des créateurs de Revelation, il devait être possible de créer un territoire de marque.
Quatre années de galère plus tard, à chercher un concept mécanique original, à le développer, à goûter aux délices des fournisseurs exténués par la surchauffe d’avant la crise et à supporter les retards de toute la chaîne logistique, la montre Revelation 01 est à peu près prête – du moins à son stade de prototype fonctionnant digne d’être présenté aux détaillants.
Quoi de nouveau sous le soleil implacable de l’histoire horlogère ? D’abord, un concept dedans-dehors, qui dévoile tout en cachant et qui affiche tout en obturant la vue. Pas facile à comprendre, même avec la « photo volée » ci-contre : on y découvre un « capot » de verre saphir qui porte les index. Est-ce à dire que, une fois ce couvercle soulevé, on arrive directement au mouvement de la montre ? Pas vraiment ! On est ici dans une subtile dialectique ouvert/fermé, avec une recherche sur l’étanchéité qui a mobilisé une équipe scientifique du CSEM (Centre suisse d’électronique et de microtechnique), la partie mécanique réclamant l’intervention d’un atelier micromécanique spécialisé. Disons, plus globalement, qu’il s’agit d’une montre pas tout-à-fait classique, mais pas non plus révolutionnaire, qui reprend la tradition des montres de poche « demi-savonnettes » – dont on dit que la tradition remonte à l’empereur Napoléon, qui avait sauvagement troué à la pointe de sabre le couvercle d’une montre « savonnette » qui ne voulait pas s’ouvrir alors qu’il avait les mains encombrées de ses rênes et de sa longue-vue [anecdote non garantie].
Sous les index, la plage (horaire) ? Disons que, sans son capot porteur d’index, la montre est plus conforme aux bons usages. Sauf que, justement, l’absence de cadrans révèle un mouvement totalement hors normes, avec ce qui pourrait être un tourbillon qui tournerait comme un carrousel et qui ferait fonction de manège pour entraîner l’organe réglant (superbe balancier géant !) de la montre dans une course autour du cadran. Le mécanisme semble original dans l’histoire horlogère, même s’il ne faut pas exclure qu’un historien sorte demain une invention comparable de ses archives.
Tout cela se comprendra mieux dès qu’on aura des révélations plus révélatrices sur le concept Revelation, dont on retiendra pour l’instant que le « capot » mobile révèle le cadran, qui donne l’heure tout en révélant le mouvement, qui lui-même révèle la ronde du temps par sa propre giration autour de l’axe des aiguilles.
Pour l’instant, le cahier des charges est respecté : une vraie montre classique (boîtier rond avec de beaux angles, joli travail sur les cornes évidées, aiguilles classiques) enrichie d’une hyper-complication mécanique qu’on baptisera « manège » pour n’offenser ni les sectateurs du tourbillon, ni les intégristes du carrousel...
Vivement les révélations suivantes !
Détail intéressant : Revelation est une marque lausannoise. Ces dernières années seront celles du réveil de l’horlogerie lausannoise, qui compte déjà une petite dizaine de références, connues ou moins connues (de Blancpain à Revelation, en passant par Olivier Randin, Rebellion, IMT ou Titanium Cargo – une marque dont nous reparlerons).
••• RECASÉ : Pascal Brandt (ex-journaliste horloger passé par les marque de Richemont, puis chez DeWitt, avant de revenir à l’information via Horlogerie-Suisse), annonce dans son dernier billet qu’il se lance dans une nouvelle aventure horlogère. Selon nos informations, confirmées par Bulgari Time à Neuchâtel, Pascal Brandt aurait été recruté par le groupe italien, où il devrait y mettre un peu d’ordre dans des dossiers de communication restés en jachère. On espère surtout pour lui qu’il convaincra l’état-major romain de mieux gérer sa communication de crise (nos récents articles sur Genta et Roth) !
••• SAUVÉ, (WILLY) : tout va pour le mieux, puisque William Rohr (le COO d’Antiquorum), est revenu à Genève après quatre bons mois d’absence qui inquiétaient ses amis. Lesquels se réjouissent de le retrouver pour les ventes Antiquorum de ce week-end, en compagnie de ses joyeux compagnons new-yorkais. On espère qu’aucun incident judiciaire n’aura le mauvais goût de troubler cet événement, porté par un catalogue de plus de 410 lots...
••• DISPERSION : Christie’s prépare activement un des événements horlogers de l’année, la dispersion aux enchères de la mi-novembre, à Genève, d’un extraordinaire groupe de dix montres Patek Philippe (1938 à 1982), proposées par un des plus grands collectionneurs mondiaux. Des pièces en état impeccable, restées dans un coffre-fort depuis une vingtaine d’années. Aurel Bacs en attend de 3 à 4 millions de francs suisses...
••• CHAISES MUSICALES : la partie continue avec une spectaculaire annonce de départ au sein du Swatch Group (sans doute en fin de semaine) et des mouvements prévisibles chez Richemont (début octobre)...
••• YVAN ARPA : l’ex-patron de Romain Jerome vient de gagner en justice contre ses anciens employeurs, qui l’accusaient de « concurrence déloyale » à propos du lancement de sa marque Black Belt (destinée aux ceintures noires de judo). Exercice amusant pour les nostalgiques : chercher une référence à Yvan Arpa sur le site de Romain Jerome. Impossible : il en a proprement été éradiqué, comme s’il n’avait jamais existé ! Pour retrouver sa trace, il suffit pourtant d’aller sur la page Romain Jerome du site Worldtempus...
••• HERMÈS L’A FAIT ASPREY : pendant la crise, le shopping continue... Le groupe Hermès viendrait ainsi d’acheter l’immeuble d’Asprey sur Bond Street (Londres) : selon The Observer, la transaction aurait été de 82 millions d’euros (125 millions de francs suisses). Selon la même source, qui raconte comment Hermès a soufflé l’affaire sous le nez de Chanel, il se pourrait même que Hermès ait l’intention de s’offrir toute la maison Asprey, qui a perdu beaucoup d’argent au cours de ces dernières années...
••• CERCLE DE L’HORLOGERIE (GENÈVE) : forte affluence à la première réunion du cercle, qui avait invité Nicolas Hayek à intervenir devant une centaine de membres – dont beaucoup de jeunes amateurs et collectionneurs venus en voisins du quartier des banques. Quelques personnalités de l’horlogerie étaient présentes, notamment des concurrents. Prochains invités : François-Paul Journe (le 5 novembre, au Kempinsky) et Richard Mille (le 10 novembre, au Beau-Rivage)...
••• NUIT DE L’HORLOGERIE : cet événement désormais traditionnel aura lieu le 25 novembre prochain, au Bâtiment des forces motrices (Genève). Organisée par le magazine Movment, c’est une des soirées horlogères les plus courues de l’année, avec un dynamique mélange de jeunes amateurs, de patrons horlogers et de responsables de toute l’industrie. Décernés en temps réel par les participants aux marques exposantes (une quinzaine), les prix remis ce soir-là sont considérés comme particulièrement fiables, puisque non manipulables.
• Nouveauté 2009 : un espace « nouvelle génération horlogère », qui regroupera une douzaine de marques de créateurs. Le public attribuera un prix spécial à ces marques alternatives...
••• A PROPOS DE MARQUES ALTERNATIVES, on a vraiment très peu commenté en Suisse les résultats du Grand Prix d’Horlogerie Asia 2009, que les journalistes locaux persistent à appeler « Grand Prix d’Horlogerie de Genève » – que de confusions ! Principal enseignement de ces récompenses : sur sept prix, quatre ont été décernés à des marques de nouvelle génération (Montre femme pour Richard Mille, Complication pour Greubel Forsey, Design et Montre de sport en double récompense pour Urwerk). Pour sa part, Cartier décroche le prix de la Montre joaillerie et A. Lange & Söhne le double prix de la Montre homme et de la montre de l’année (Richard Lange Pour le Mérite). Quatre prix sur sept : pas mal pour des outsiders...
••• DU SOUCI À SE FAIRE : on dit souvent que rien ne remplacera jamais le confort de lecture d’un vrai livre papier. C’est sans doute souvent vrai, mais ceux qui auront le plaisir de découvrir le livre électronique que IWC vient de consacrer à sa collection The Aquatimer from Schaffhausen since 1967 comprendront très vite que l’édition classique a du souci à se faire. On feuillette ce livre sans se lasser de voir les images devenir autant de films vidéos sur les secrets des océans, les montres obéir à la souris, certaines (les nouveautés) affichant même l’heure exacte et des poussoirs fonctionnels, le profondimètre révéler les coulisses de son fonctionnement, les effets de loupe, les jeux de lumière sur les reflets de la montre, les bulles s’échapper du détendeur... 32 pages de bonheur et de détente (choisissez l’option grand écran), conçues par IWC Etats-Unis et qui forment un des e-books les plus convaincants de ces dernières années.
••• DOUBLE MYSTÈRE : pourquoi ce flip book n’apparaît-il que sur la version anglaise du site (serions-nous trop nuls pour feuilleter un e-book en anglais ?) et pourquoi ce livre ne propose-t-il pas de fonctionnalité pour revenir à zéro sans tout re-feuilleter dans un sens ou dans l’autre ?
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