Recherche avancée
A propos
Emplois

Achat - Vente

Relations d'affaires

Contact
 

Démission surprise de Manuel Emch, qui dirigeait la manufacture Jaquet Droz
 
Le 01-10-2009
de Business Montres & Joaillerie

Réactions vives, en ce moment même, et stupéfaction générale au sein du Swatch Group, où se répand la nouvelle de la démission inopinée de Manuel Emch.

Il quitte ces jours-ci Jaquet Droz, une maison qu’il avait réussi à rebâtir de fond en combleet à recrédibiliser sur les marchés.


••• MANUEL EMCH QUITTE LE SWATCH GROUP
C’était un des talents les plus prometteurs de la jeune garde de Nicolas Hayek, qui lui avait confié, à 29 ans, le sort de la manufacture Jaquet Droz. Mission considérée comme impossible il y a huit ans : rachetée en 2000 par le groupe (après différentes relances et même un passage comme « marque générique » de la FH !), Jaquet Droz n’était même plus un nom. Tout était à refaire, des fondations à la toiture : il n’y avait plus de collections dignes de ce nom et il ne restait qu’un seul point de vente...

Huit ans plus tard, Jaquet Droz est une des plus belles références de la nouvelle génération horlogère : 200 points de vente dans tous les pays, 6 boutiques en nom propre, une manufacture qui sort de terre à La Chaux-de-Fonds, 80 collaborateurs à travers le monde, une forte identité grâce à la Grande Seconde, une image de marque internationale sans la moindre rayure, un compte d’exploitation profitable en dépit de la crise (le chiffre d’affaires a été multiplié par 50 en huit ans) et même des parts de marché gagnées à la faveur du ralentissement des affaires...

Qu’est-ce qui a bien pu pousser Manuel Emch, 37 ans, à la démission et à quitter un groupe auquel il avait tant donné, de son énergie, de ses passions (l’art contemporain) et de son temps personnel ? On considérait même le fils d’Arlette Emch (la présidente de Swatch) comme un des piliers du « système Hayek » : le blanc-seing de Nicolas Hayek lui avait permis, en retour, de (re)construire cette marque à sa main, sinon à sa guise (image ci-dessus : crédit Perpétuelle.Com)...


••• ÊTRE PETIT DANS UN GRAND GROUPE
Le cas Manuel Emch n’est sans doute que l’illustration de la difficulté des grands groupes actuels à retenir les jeunes managers créatifs. On se fatigue vite et on finit par se lasser de toujours lutter pour se voir accorder des moyens qu’on ne refuse jamais aux « grandes marques » d’un groupe. Jaquet Droz était, pour la direction du Swatch Group, une jolie danseuse, mais certainement pas un vecteur stratégique décisif. De conflits d’autorité en tensions régulières, les jeunes managers voient trop souvent leurs initiatives contrecarrées en interne par des diplomaties obliques et des jeux d’appareils qui finissent par décourager les volontés les mieux trempées.

• Un simple exemple : l’incompréhension rencontrée au sein de l’état-major du Swatch Group par la « Machine à écrire le temps » présentée cette année à Bâle par un Manuel Emch très fier d’avoir recréé un automate horloger – c’était le « créneau » de Jaquet Droz au XVIIIe siècle – encore plus étonnant que ceux de son musée. Superbe pièce d’horlogerie, qui marquera le début du XXIe siècle, mais sans doute pas assez « commerciale » aux yeux de sa direction, qui en aura mal apprécié la portée et le potentiel...

Il faudra un jour se poser la question du renouvellement des élites au sein de ces groupes de luxe horloger, quels qu’ils soient. Pour s’en tenir au Swatch Group, on compte sur les doigts d’une demi-main les managers autour de la quarantaine, et sur les doigts de plusieurs mains les barons autour de la soixantaine, voire largement au-delà.

L’âge n’est en rien infâmant pour conduire une entreprise : Nicolas Hayek prouve chaque semaine qu’il est plus jeune d’esprit que bien de ses grands féodaux. Cependant, surtout quand il est coté, un groupe se doit de se prolonger dans la durée et d’assurer sa survie à travers les générations. C’est une question de sang neuf – ne pas confondre transfusion et hémorragie !

Il est troublant de constater qu’un Manuel Emch – aussi abrité qu’il ait pu l’être au sein du groupe – n’y trouve plus sa place et soit contraint à la démission pour partir exercer ailleurs ses talents et valider sa vision singulière de l’horlogerie contemporaine. Où qu’il se recase [et on imagine que les propositions ne lui manqueront pas], son départ aura appauvri le groupe pour enrichir ses concurrents : drôle de création de valeur...

••• ON AURAIT PU SE POSER LES MÊMES QUESTIONS à propos du départ récent de nombreux managers d’esprit trop indépendant, qu’on parle de personnalités aussi différentes que Vincent Perriard, Olivier Müller, Yvan Arpa, Michel Nieto ou même Thierry Nataf...

Au sein même du Swatch Group, le départ de Frank Müller (Glashütte Original) en début d'année n'avait pas contribué au renouveau démographique de la direction élargie...

 



Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved

Indexé sous  WebC-I® - Réalisation Events World Time