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L’actualité des montres au jour le jour, c’est heure par heure un lot de surprises, de découvertes et d’étonnements.
Même si, avec 300 % d'augmentation du chômage horloger, il n'y a pas vraiment de quoi pavoiser, ni de vraies raisons de croire à la reprise...
En revanche, dans le radar médiatique du zappeur de ce jeudi, on trouve quelques bonnes raisons…
••• DE S’ÉTONNER que Jean-Louis Etienne n’ait pas encore trouvé de sponsor horloger pour son nouveau projet d’expédition polaire : en avril 2010, la mission Generali Arctic Observer s’élancera en ballon [un engin de tyle Breitling Orbiter] vers le pôle Nord pour un périple de 3 500 km à vocation scientifique (mesure du magnétisme terrestre et du CO2 atmosphérique). Avec un petit parfum d’aventure en prime. Pour ses premières expéditions polaires, Jean-Louis Etienne était parrainé par Yema et il avait, à l’époque, bénéficié de quelques innovations signées… Richard Mille !
••• DE RIGOLER des confrères qui « découvrent » ces jours-ci que Thierry Stern est devenu président de Patek Philippe à la place de son père, Philippe : c’était annoncé aux lecteurs de Business Montres le 26 mars dernier, puis confirmé et daté du mois d’août, toujours dans Business Montres, le 11 septembre dernier. Même si le communiqué officiel de Patek Philippe (Worldtempus) ne date que du 7 octobre...
••• QUAND UN JOURNALISTE ATTEND LE COMMUNIQUÉ OFFICIEL, c'est de l'information ou de la communication ?
••• D’ESTIMER que la nouvelle collection Legend Racer proposée par Golay Spierer (Genève) est très inspirée par l’esprit BRM (France) : même souci de jongler avec les codes de la course automobile (poussoirs dans le style des pédales de freins, couronne sculptée en « bouchon de réservoir », aiguilles en branche de volant, touches de fibre de carbone pour tapisser le moindre recoin, l’ensemble est sympathique (image ci-dessus), mais pas vraiment original...
••• DE CROIRE possible une réindustrialisation « douce » des pays développés : dans sa Lettre des Signaux Faibles de septembre, Philippe Cahen relève la « marche en avant des micro-usines, moins consommatrices de CO2 que les méga-usines ». Il donne quelques exemples adaptés à des métiers artisanaux. Encore un effort et on découvrira que le modèle de compétences multi-polaires développé depuis trois siècles par l’industrie horlogère est une référence pour le XXIe siècle…
••• D’ACCORDER une attention soutenue à un lièvre levé par Le Temps (Genève) : Philippe Gumy y évoque un procès intenté par Omega (Swatch Group) contre le soldeur américain Costco Warehouse, où les braderies de montres neuves sont cette année plus spectaculaires que jamais [les plus grandes marques suisses y sont soldées par palettes entières]. L’affaire est portée devant la Cour suprême des Etats-Unis à propos d’importations parallèles de 43 Omega Seamaster neuves vendues 1 299 dollars pièce, soit 700 dollars de moins que le prix catalogue. Enjeu du procès : la possibilité pour les discompteurs professionnels d’exploser le marché, surtout aux Etats-Unis…
••• LA COUR SUPRÊME AMÉRICAINE TRANCHERA, mais au nom d’un principe de liberté économique qui n’avantage pas forcément la pratique des exclusivités, des sélectivités et des copyrights géographiques dans la distribution. Si on en est arrivé là, n’est-ce pas aussi parce que les marques règlent si mal leur supply chain qu’elles accumulent des surstocks si désastreusement coûteux qu’elles doivent ensuite organiser elles-mêmes leurs propres reventes sur les marchés parallèles ?
••• DE COMPLIMENTER le groupe Timex d’avoir décroché le chronométrage officiel du fameux marathon de New York, qui reste la plus grande course du monde. Il y aura évidemment dès cette année chez Timex, sans doute dans la collection des montres techniques Ironman, une « montre officielle » du marathon de New York 2009...
••• DE CONFIRMER que les marques indépendantes s’en tirent souvent mieux que les groupes pour résister à la crise horlogère : interrogé par L’Agéfi (Suisse), François-Paul Journe annonce ainsi l’inauguration prochaine de deux boutiques (Madison Avenue, à New York, et Beijing), en plus d’une troisième en discussion à Singapour. Il annonce d’ailleurs une concentration et un redéploiement de son réseau de distribution : « Beaucoup de détaillants ont été grugés, parfois laissés exsangue suite à la perte de raison des grands groupes. Ces derniers inondaient tous les marchés de milliers de pièces qui dorment désormais dans les stocks. Il fallait faire du chiffre à tout prix, embellir les comptes, séduire les actionnaires. Ce monde de l’illusion est en train de s’écrouler. (…) De nombreux détaillants ne veulent plus travailler avec les grands groupes, préférant désormais établir des relations solides avec les marques indépendantes. (…) J’y vois une des grandes leçons de la récession actuelle »…
••• DE REPÉRER une de ces petites querelles intestines dont les Suisses ont le secret dans l’article publié par L’Agéfi (Suisse) à propos d’un « CSEM sous influence ». Le Centre suisse d’électronique et de microtechnique serait ainsi le théâtre d’un sombre règlement de comptes où le Swatch Group et Nicolas Hayek joueraient un sombre rôle. On sait que le CSEM joue un rôle décisif dans les avancées du high-tech horloger...
••• DE FÉLICITER Tiffany & Co d’avoir lancé une campagne de boycott d’un projet de nouvelle mine d’or en Alaska : l’initiative de Tiffany & Co est relayée par plusieurs joailliers américains et par de nombreuses associations environnementalistes qui considèrent que la Pebble Mine est un danger pour la plus grande pêcherie de saumons du monde.
••• DE SE POSER des questions sur le ton étrangement très incisif de Michel Jeannot, qui pointe dans Bilan la « valse des patrons horlogers : la crise pousse au changement. Plus de trente CEO en ont fait les frais depuis douze mois ». Rien qui puisse étonner les lecteurs de Business Montres, qui ont eu la primeur de la quasi-totalité de ces départs, mais des analyses assez dures sur les partants (« mauvais résultats, mauvais choix stratégiques ») qui contrastent avec les habituelles coups de brosse à reluire de ces mêmes douze derniers mois...
••• C'EST TRÈS COURAGEUX de commenter les « mauvais choix stratégiques » d'un CEO une fois qu'il s'est déjà fait éjecter !
••• DE JETER un œil sur une nouvelle marque helvético-nippo-américaine : Libenham, sortie du cerveau des frères Reto et Martin Hammer. Création américaine donc, avec mouvement Miyota japonais et réalisation en Suisse (« Swiss Basel », avec une croix suisse dans le logo et, de façon subliminale, sur l’aiguille des secondes) : le design est très soigné (beau boîtier), la palette chromatique très étudiée, le branding très modeux et les prix très modérés (140 euros, 230 francs suisses).
••• D’ÉCOUTER le reportage en vallée de Joux (« Une rentrée difficile ») réalisé pour BFM par Karine Vergniol, qui découvrait la manufacture Jaeger-LeCoultre : c’est gai, c’est frais, des consœurs qui parlent de montres en toute franchise...
••• DE MÉDITER sur la bonne opération effectuée par Graham (British Masters), qui sera (sans pharamineux budget de sponsoring) probable champion du monde de Formule 1 2009 avec l’écurie Brawn GP et Jenson Button, alors que d’autres marques auront dépensé des fortunes pour parrainer tel ou tel champion ou s’associer à telle ou telle équipe (Oris et Williams, TAG Heuer et McLaren, Panerai et Ferrari, etc.)
••• DE RÉFLÉCHIR au retour des phonewatchs à l’occasion du lancement du plus petit téléphone-montre du monde (Kempler & Strauss) : le poignet reste un enjeu stratégique, même à l’ère des smartphones multifonctions. Il serait dommage que l’horlogerie – qui avait patiemment reconquis ce terrain au cours des vingt dernières années – s’en laisse déloger sous une double pression : celle des objets nomades purement fonctionnels comme ces téléphones de poignet et celle des nouvelles générations qui ne portent plus de montre...
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