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Rodolphe claque la porte de Rodolphe
 
Le 14-10-2009
de Business Montres & Joaillerie

Un CEO de plus est passé par-dessus bord en pleine tempête horlogère.

L’homme à la mer ?
Rodolphe Catin, prince du design, qui abandonne la marque Rodolphe (groupe Franck Muller) dont il avait été le fondateur.

Ça swingue plus que jamais à Genthod...

••• RUPTURE DE CONFIANCE

Le courant ne passait plus depuis quelques mois entre Rodolphe Catin et Vartan Sirmakes. Eternel conflit entre l’actionnaire et le designer star, qui avait travaillé seul pendant près de vingt ans dans son atelier de design (on ne compte plus les montres qu’il a créées, notamment pour Longines et le Swatch Group) avant de lancer sa propre marque, revendue au groupe Franck Muller en 2005.

« Rapatrié » bon gré mal gré à Genthod, le Jurassien Rodolphe Catin ne s’y sentait pas à l’aise, d’autant que Vartan Sirmakes commençait à mettre le nez dans la gestion de ses « petites marques » et profitait de la crise pour en assainir les structures. Au sein même du groupe, qu’il devait irriguer de ses conseils créatifs, le fondateur de Rodolphe se sentait menacé par la montée en charge d’Antonio Terranova, le designer de Cvstos (marque du fils de Vartan Sirmakes), de plus en plus présent « pour donner un coup de main » aux équipes de Franck Muller...

L’incompatibilité culturelle s’est donc avérée fatale, ainsi que les habitudes de travail : les « divas » horlogères ont parfois des exigences que la crise rend encore plus capricieuses et insupportables. L’âge d’or est désormais derrière nous et il faut malheureusement travailler plus pour gagner moins !

Cette rupture de la confiance a conduit Rodolphe Catin à considérer que le groupe Franck Muller n’avait plus l’ambition de développer Rodolphe. Ce qui n’est pas forcément faux, sans être non plus exact : disons qu’il y a pour le groupe des priorités stratégiques, qui ne passent plus par les facilités de gestion – pour ne pas dire le laxisme managérial – du passé, ni par les concessions habituelles au jeu des égos.

Traduction par Rodolphe Catin dans un communiqué d’une rare violence de ton et dont on doute qu'il ait été négocié :
• « En dépit de nombreuses discussions à ce sujet, force est de constater que la volonté d’améliorer les choses n’existe plus. Pire, le groupe tente aujourd’hui de démontrer que les «petites marques » seraient responsables des difficultés rencontrées par Franck Muller Watchland. (...)
• « Cette appréciation négative n’est que le dernier épisode d’une série de déconvenues apparues depuis bientôt deux ans. Problèmes de stratégie, de qualité, de livraisons, les conditions d’un développement sain de la marque Rodolphe ne sont de toute évidence plus réunies. Sans parler des conflits de personnes et des fausses promesses qui rendent difficiles les relations au quotidien et impossible le maintien de la confiance.
• « Dans ces conditions, je préfère me retirer et laisser à mes associés la responsabilité de leurs choix, non choix, décisions et non décisions. Je suis avant tout un créateur, peu enclin au jeu de la petite politique, aux complots et aux retournements majeurs. Et je déplore vivement les comportements humains de certains de mes très proches collaborateurs qui verront peut-être dans mon départ une opportunité d’être enfin mis en avant. »


••• UNE VISION PERSONNELLE DE L'HORLOGERIE CONTEMPORAINE
Pourtant, pour ce qui concerne Rodolphe (la marque), Rodolphe Catin (le designer) avait su imposer un style et une identité, bien marquée dans les dernières collections : boîtier tonneau très aplati, cadrans multi-compteurs en ligne, chromatisme contrasté, tourbillon géant, chiffres hypertrophiés. Soit une vision très personnelle de la montre et du design contemporain appliqué à l’horlogerie. Plusieurs récompenses et distinctions ont validé cette reconnaissance internationale.

On lui doit aussi la bonne idée du lounge Rodolphe de Neuchâtel, qui reste à ce jour le plus beau « bistrot horloger » du monde, et en tout cas le plus branché du moment : cet espace avait été aménagé dans l’immeuble du cœur de Neuchâtel acheté par le groupe Franck Muller pour regrouper les ateliers de Rodolphe...

Le départ de Rodolphe Catin décapite évidemment la marque qui porte son (pré)nom et dont on se demande comment elle peut désormais évoluer sans son créateur éponyme et sans les touches très originales dont il renforçait la susbtance identitaire de ses montres, qu’elles soient de pures complications, précieuses et serties ou tout simplement sportives.

Rodolphe Catin aurait pu amener au groupe cette touche de design qui lui manque toujours, tandis sa marque aurait pu bénéficier d’une plate-forme industrielle hautement performante et suréquipée. Le facteur humain en a décidé autrement...

Cette porte claquée avec éclat est un indice supplémentaire de la reprise en main par Vartan Sirmakes des « petites marques » de son groupe. Déjà, cet été, Martin Braun – fondateur de la marque de haute horlogerie du même nom – avait lui aussi rendu son tablier. On ne peut que se demander qui sera le prochain sur la liste...

 



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