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Inauguration officielle,ce soir, de l’exposition des montres encore en course pour le GPH de Genève 2009.
On parlera surtout d’une montre... qui ne sera plus en vitrine dès demain matin !
De Bethune se retire d’une compétition qui lui paraît « manquer de sérieux »...
••• SÉRIEUX, COMPÉTENCE ET... SPORTIVITÉ
« De Bethune fait des montres avec sérieux grâce à des horlogers compétents », explique David Zanetta, le fondateur de De Bethune. Qui ajoute : « Je pensais avoir affaire à un jury de gens compétents et sérieux : je découvre que le Grand Prix d’Horlogerie de Genève sera attribué sans que les jurés aient seulement vu les montres. Aux jeux Olympiques, on ne décerne pas les médailles d’or en regardant les photos des athlètes ! »
Dans la foulée, David Zanetta, dont on connaît le caractère pour le moins « entier », devrait dès demain matin retirer lui-même sa montre de la vitrine à l’espace UBS de Genève, où elle sera présentée ce soir pour l’inauguration officielle de l’exposition des montres présélectionnées pour le GPH.
Sa Dream Watch 1 (DW1 : ci-dessus) était en compétition pour le prix Montre hommes. Elle figurait cependant en bonne position à la récente exposition de ces montres, du 3 au 10 octobre, à Zürich (boutique Les Ambassadeurs).
Tempête dans un verre d'eau ? Sans doute, et pas vraiment de quoi troubler la grande fête de la montre qu'est en général cette inauguration de l'expo GPH à l'UBS. Indignation de circonstance, peut-être : tout concours présente une part de risque, dont le premier serait celui de ne pas gagner. Le GPH sera donc privé de DW...
Cette défection renforce cependant un peu plus la perception diffuse d’un Grand Prix d’Horlogerie-Edipresse qui semble être joué à l’avance – avec un jury manipulable (et manipulé ?) à volonté – et qui semble surtout se disputer entre une poignée de marques privilégiées du fait de leur rapport de forces avec les magazines du groupe Edipresse.
Si les ambitions émancipatrices des organisateurs de ce Grand Prix restent louables (Business Montres s'en faisait récemment l'écho) et vont globalement dans le bon sens, la subordination de la compétition à son propriétaire (le pôle Luxe du groupe Edipresse) reste on ne peut plus problématique pour l'avenir...
••• MALAISE GRANDISSANT : le coup de gueule de David Zanetta ne fait que souligner le trouble croissant des marques extérieures au pool des annonceurs horlogers d’Edipresse, qui craignent de jouer les « idiots utiles » et de servir de faire-valoir dans une compétition dont les responsables admettent eux-mêmes publiquement, dans une circulaire interne, qu’elle n’a pas encore « l’indépendance et la transparence nécessaires » (révélation Business Montres du 27 septembre dernier).
• Rappel : pour l'édition 2009, ce pool est représenté par 33 montres des marques du SIHH et par 9 montres des marques du groupe LVMH, soit un oligopole de 41 pièces sur un total de 61 montres présélectionnées. L'équilibre de la compétition se trouve affecté par ce rapport de forces...
• Ce vrai groupe de pression affiche à lui seul 9 montres sur 10 dans la catégorie Montre hommes, où la maison Chopard doit se sentir un peu isolée. Cette privilégiature pèse à hauteur de 8 montres sur 10 dans la catégorie Montres sport : une forme de spoil system à la genevoise ?
• Rappelons aussi que le Grand Prix d’Horlogerie de Genève exclut des marques comme Rolex, Patek Philippe, Cartier, Breitling, toutes les marques du Swatch Group, toutes les marques du groupe Franck Muller et beaucoup d’autres, soit à peu près 90 % des emplois horlogers en Suisse, notamment dans le bassin lémanique...
• Ce qui est étonnant, c’est que des maisons horlogères comme De Bethune découvrent aussi tardivement que les montres sont examinées seulement sur photo par des jurés qui ne les ont souvent jamais eues en main. Ce à quoi Pierre Jacques, le nouveau responsable du GPH (passé chez Edipresse à la faveur du rachat de GMT Magazine) s'est déjà efforcé de remédier en organisant à l'UBS, la semaine prochaine et la veille du Grand Prix, une séance de « vitrines ouvertes » pour les jurés...
• Problème : comment juger un objet trimensionnel aussi complexe qu’une montre sur la base d’une simple image en 2D ? Surtout pour des jurés non horlogers ? Surtout pour ce qui concerne une marque comme De Bethune, dont l'esthétique, les formes, les complications et la démarche horlogère réclament beaucoup de finesse et de culture horlogère pour être appréciées. On remarque, dans l'image ci-dessus, l'absence de toute marque sur le cadran. Sous-entendu : si vous ne savez pas que c'est une De Bethune, méritez-vous vraiment de le savoir ? David Zanetta ne boxe pas dans la catégorie marketing et il ne fait pas de concession superflue à la tendance consumer friendly!
• Cette histoire de présélection des montres est encore un point du règlement intérieur qu’il faudrait modifier, mais à quoi bon poser une nouvelle rustine sur une vieille chambre à air percée de partout ? Vivement la mise en orbite indépendante d'un Grand Prix d'Horlogerie... vraiment suisse !
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