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Christie's : Promenade dans un des catalogues les plus fascinants de l’année 2009
 
Le 19-10-2009
de Business Montres & Joaillerie

Réflexions et notes d’un promeneur solitaire dans les rayons de la prochainevente « Important watches » de Christie’s.

« Attention, ce catalogue peut rendre fou »...


Il s’agit de prévenir les collectionneurs et les amateurs que ces montres peuvent nuire à leur équilibre mental en déclenchant envies, frustrations et pulsions incontrôlées...

••• « IMPORTANT WATCHES » (CHRISTIE’S, GENEVE, 16 NOVEMBRE)

Le catalogue n’a l’air de rien (272 pages quand même) et on peut de toute façon le découvrir en ligne sur le site Christie’s : 381 lots à disperser, un lundi de novembre à Genève, apparemment de la routine sous la marteau d’Aurel Bacs !

Sauf que ce sera sans doute une des ventes-phares de l’année, moins par la présence d’une ou deux pièces totalement extraordinaires [dans le style de la Patek Philippe « militaire » vendue en mai dernier par le même Aurel Bacs] et par l’extraordinaire concentration de pièces exceptionnelles qui défileront sous nos yeux.

Manifestement, Christie’s ambitionne de sortir de la crise par le haut, en présentant un éventail de montres de tout premier plan (par leur rareté, leur première apparition en salle, leur apport à l’histoire de la collection de montres) plutôt de se focaliser sur une ou deux stars médiatiques. Une stratégie qui vise à l’excellence plutôt qu’au spectaculaire et qui positionne d’emblée la maison d’enchères en tête du peloton, avec quelques longueurs d’avance (du moins pour ce qui concerne les montres).

A côté de ce catalogue qui ne se pousse pas du col côté présentation, les propositions concurrentes manquent sérieusement de relief, tant du côté Sotheby’s (Geoffroy Ader n’a même plus l’air d’y croire avec ses catalogues maigrelets) que du côté Antiquorum (transformé par ses nouveaux patrons en outlet spécialisé dans le déstockage des montres invendues sur le marché américain). Osvaldo Patrizzi ne tire son épingle de ce jeu difficile que par son fantastique sens du métier et grâce à son concept « zéro commission »...




••• LA VISION D’UN PASSIONNÉ

Un des atouts exceptionnels de cette vente hors du commun est la dispersion de dix Patek Philippe, qui seront les vraies vedettes de la journée : aucune de ces montres n’est passée par la scène des enchères depuis vingt, trente ou quarante ans, certaines d’entre elles y apparaissant pour la première fois [ce que les grands collectionneurs adorent]. Elles sont le fruit des recherches d’un collectionneur qui les a rassemblées dans les années soixante-dix et quatre-vingt, à une époque où n’existaient ni catalogues spécialisés [outil de diffusion des connaissances inventé au début des années quatre-vingt par Osvaldo Patrizzi], ni musées des marques, ni ouvrages spécialisés. Un collectionneur – la montre mécanique n’était pas à la mode – était alors livré à lui-même et dépendant des seules informations fournies par les autres collectionneurs, sur un marché très étroit.

C’est cette époque « héroïque » que nous racontent les dix montres de la collection A Connoisseur’s Vision de ce catalogue. Des pièces souvent uniques, toutes signées par Patek Philippe et qui avaient jusqu’ici échappé aux acheteurs du musée Patek Philippe.

Des pièces en état à peu près parfait, quasiment pas portées (stockées dan un coffre-fort depuis vingt ans), qui n’ont pas été dépouillées de leur authenticité initiale par des repolissages en série et qui « sonnent » incroyablement juste tout en apportant de nouvelles dimensions à l’histoire de l’horlogerie. Exemple : le lot 84, premier calendrier perpétuel à seconde centrale connu, antérieur de deux ans à celui qui est présenté comme le tout premier au musée Patek Philippe (image ci-dessus) !

Autant dire que cet ensemble s’annonce très disputé : ce n’est pas tous les jours, ni même tous les ans, que des pièces de cette qualité arrivent sur le marché, avec un pedigree aussi impeccable [le fait d’avoir figuré dans une des plus prestigieuses collections du monde est une valeur ajoutée indéniable] et un tel environnement documentaire. Ces deux dix lots devraient certainement dépasser les trois millions d’euros...



••• LES PETITS (ET LES GRANDS) BONHEURS D’UN AMATEUR

Restent les 371 autres lots, qui réservent quelques excellentes surprises et qui cachent même parfois de vrais trésors. Certains d’entre eux – notamment quelques Patek Philippe – s’avèrent au moins du même niveau que les pièces de la série A Connoisseur’s Vision, voire même supérieurs en rareté et en exclusivité. Notes prises au passage en feuilletant le catalogue...

• LOT 13-14 : deux Vianney Halter comme on en trouve rarement dans les ventes, dont une Antiqua calendrier perpétuel automatique en platine (lot 13) : datée de 1998, la série « Futur Antérieur » (dont cette montre est issue) restera comme la matrice qui a véritablement fondé toute la nouvelle génération des années deux mille...

• LOT 47 : une rarissime Rolex triple calendrier avec index en étoile, état parfait, comme on en voit passer une tous les dix ans, et encore, avec de la chance...

• LOT 68 : une Omega à cadran pulsomètre orné d’un caducée, pièce unique que le musée Omega ne connaît que par une photographie noir et blanc trouvée dans les archives. L’estimation entre 2 000 et 3 000 euros est un prix d’appel !

• LOT 81, LOT 83, LOT 144, LOT 158 : des chronographes Patek Philippe 130, tous plus fascinants les uns que les autres, dont l’unique cardan noir sur or jaune connu (lot 83), proposé en plus dans un état parfait, un cadran pulsomètre bicolore...

• LOT 82 : une des seules heures sautantes Patek Philippe jamais réalisées avant-guerre, la seule connue dans un boîtier rectangulaire, avec une dédicace très prestigieuse...

• LOTS 116 À 122 : un « déstockage » François-Paul Journe par un collectionneur qui liquide cette série de pièces en platine qui n’ont quasiment pas été portées...

• LOT 126 : une Omega Speedmaster de 1958, parmi les toutes premières jamais produites, avec un rappel intéressant de l’« invention » par Omega, à cette occasion, de la lunette graduée pour le tachymètre, disposition qui se généralisera par la suite, notamment quand les Rolex Daytona l’adopteront...

• LOTS 127-128 : au hasard d’une même page du catalogue, une rencontre historique qui passionnera les amateurs. En septembre 1940, en pleine Bataille d’Angleterre, les chasseurs et les bombardiers de la Luftwaffe allemande, équipés de Gross FliegerUhr (lot 128) livrées par IWC, affrontent les squadrons de la Royal Air Force britannique. En février 1945, c’est l’inverse : les mêmes squadrons équipés de IWC Mark XV (lot 127) attaquent l’Allemagne. Les Suisses ont toujours eu le sens des affaires...

• LOT 130 : on admirera au passage le protège-couronné vissé et chainé de la montre de poche Blockley, datée de 1913...

• LOTS 145-146, LOTS 337-338, LOT 343, LOT 344 : des Submariner de toute rareté, par exemple une Comex non marquée sur le cadran (lot 145), une Sub Royal Navy (lot 146) authentifiée, deux Tudor militaires, dont une pour la marine argentine (lot 338), une DeepSea édition « Jacques Piccard » (lot 343, private label) accompagnée d’autographes de Jacques Piccard (l’homme du Bathyscaphe), une 6538 OCC datée de 1956 et rarissime aux enchères...

• LOT 159 : sans doute le tout premier chronographe-bracelet jamais réalisé par Patek Philippe. Il est daté de 1924, alors que les historiens de la marque ne connaissaient jusqu’ici que la série produite en 1926...

• LOT 161 : il n’existe que deux Patek Philippe 3448/100 en platine et celle-ci n’est pas repassée par les enchères depuis 2001...

• LOT 171 : estimée à 970-1 300 euros, cette Jaeger-LeCoultre Polaris (édition limitée à 768 pièces) se disputait huit à dix fois plus cher en vitrine voici quelques mois. On espère que c'est une erreur dans l'estimation...

• LOT 188 : cette Oyster Rolex certifiée « Kew A » et datée de 1954 est tout simplement une pièce de musée...

• LOT 220 : un rarissime tourbillon de poche Patek Philippe, livré avec son bulletin d’observatoire (voir aussi le lot 233, sans tourbillon : ces montres étaient les plus précises du monde)...

• LOT 230 : un lot de vrac (cinq montres) dont une Longines militaire qu’on ne rencontre pas souvent et une des premières Oyster de la fin des années vingt, identique à celle de Mercedes Gleitze. Pour 2 000-3 000 euros d’estimation...

• LOT 232 : une curiosité historique, avec une montre de pont A. Lange & Söhne livrée en 1941 à la Marine royale yougoslave...

• LOT 267 : une exceptionnelle Cartier Tank allongée (1941) dont le mouvement de forme European Watch Co propose une réserve de marche de huit jours...

• LOTS 276-284 : un autre « déstockage », cette fois celui d’un amateur de A. Lange & Söhne, qui aimait les séries limitées, mais qui ne les portaient pas beaucoup. Quelques bonnes affaires...

• LOT 327 : une Patek Philippe calendrier perpétuel 3940 en platine, seul modèle connu pour avoir un fond saphir optionnel...

• LOT 333 : la seule Patek Philippe 565 connue en acier avec ce cadran à secteurs. Une montre d’une rare pureté, encore jamais passée aux enchères...

• LOT 335 : un chronographe Patek Philippe 1579, dont le cadran personnalisé (u peu dans le style IWC Portugaise) va faire un malheur : jamais repolie depuis 45 ans...

• LOT 351 : une heure sautante minutes rétrogrades qui plairait à Gérald Genta (même principe technique), sauf qu’il s’agit d’une « montre royale » datée de 1720, avec l’effigie du roi anglais George Ier...

Et on pourrait continuer ainsi longtemps, en ajoutant à cette liste sommaire d’autres pièces dignes d’attention, à différents titres. Comme une répétition minutes Patek Philippe de poche, incroyablement sous-cotée à 4 000-6 000 euros (lot 361), une Patek Philippe de poche à bulletin d’observatoire, tout aussi décotée à 2 000-3 000 euros (lot 359), une répétition minutes grande sonnerie Le Roy & Fils, estimée à 5 000-8 000 euros (lot 299).

C’est le moment de se rappeler que, d’une façon générale, les montres de poche Patek Philippe en or sont adjugées à des prix indécents pour leur qualité : estimation à 2 600-3 900 euros pour le lot 140 ou le lot 214, 1 300-1 900 euros pour les lots 234-236 ou 362-363, montres d’une élégance rare ! En platine (quelle classe !) avec un mouvement mécanique extra-plat (lot 377), l’addition ne se monte guère qu’à 3 900-5 800 euros (même pas le prix d'une Patek Philippe contemporaine à quartz)...


••• DU FORT, DU LOURD, DU BEAU, DU CHER ET DU MOINS CHER : Aurel Bacs envoie un message positif au marché en se positionnant d’emblée au plus haut niveau d’ensemble. Sa vente résume à la fois le savoir-faire incomparable d’une manufacture superlative, la passion incandescente d’un des plus grands collectionneurs du monde et l’air du temps horloger tel qu’on a pu le vivre au quotidien, entre légendes et denrées périssables [certaines montres serties ne feront pas honneur aux marques qui les ont signées !]...

 



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