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Ce week-end, dans « Goûts de luxe » spécial anniversaires (radio BFM), Grégory Pons (Business Montres) évoque les quarante ans de la révolution du quartz.
Il raconte comment l’électronique appliquée aux montresa failli tuer définitivementl’industrie horlogère suisse...
••• « GOÛTS DE LUXE » SPÉCIAL ANNIVERSAIRES
Qu’est-ce que les horlogers vont fêter cette année ? Malheureusement pour Emmanuel Rubin et Karine Vergniol, les animateurs de Goûts de luxe sur Radio BFM, pas grand-chose de positif, ni de très glorieux. Les horlogers adorent la précision et les chiffres ronds, mais, en 2009, ils n’ont aucun 200e, 150e, 100e ou même 50e anniversaire à fêter pour ce qui concerne les grandes marques.
• A part quelques anniversaires un peu anciens (les 1 200 ans de l’horloge hydro-mécanique offerte par le calife de Bagdad, Haroun en-Rachid, à l’empereur des Francs Charlemagne), les 200 ans des premiers brcelets-montres chez Chaumet, fournisseur de la cour impériale française, ou les 150 ans de la plus célèbre horloge du monde (Big Ben, à Londres : la-sol-fa-do), la chère est maigre. Citons les 60 ans de la première montre-bracelet chez Van Cleef & Arpels (la PA 49, pour Pierre Arpels 1949), les 40 ans de la marque Gérald Genta (on en parle un peu dans l’émission) ou les 40 ans des premiers chronographes automatiques (Zenith et Breitling-Heuer)...
• Pour rester juste, évoquons aussi (on en parle dans l’émission) les 25 ans de la première « Swatch artistique » : dessinée par Kiki Picasso, elle reste aujourd’hui la Swatch record du monde aux enchères (pas loin de 20 000 euros)...
• Le vrai anniversaire marquant, c’est celui des quarante ans de la première montre à quartz présentée par Seiko, à Bâle, en 1969. C’était d’autant plus étonnant que les chercheurs suisses connaissaient et maîtrisaient parfaitement la technologie du quartz, dont ils utilisaient la précision depuis quasiment un demi-siècle pour leur instrumentation scientifique. Mais ils n’y croyaient pas pour les montres-bracelets : hier comme aujourd’hui, l’industrie pensait absolument indépassable l’horlogerie mécanique.
• Quand les manufactures suisses ont débarqué sur le terrain du quartz, c’était pour proposer des super-montres de luxe, vendues plus cher que les montres mécaniques ! Au même moment, dopées par les progrès de la miniaturisation et de l’informatique balbutiante mise en piste par la recherche spatiale américaine (le programme Apollo), les bureaux d’étude asiatiques préparaient l’hyper-démocratisation du quartz et de la montre accessible à tous.
• C’est cette colossale erreur marketing de la branche horlogère suisse qui doit aujourd’hui nous faire réfléchir : la révolution du quartz a mis toute une industrie pluriséculaire à genoux. Les manufactures actuelles n'ont dû à l'époque leur salut qu'à un visionnaire, Nicolas Hayek, qui avait compris qu'il fallait à tout prix maintenir le savoir-faire horloger helvétique et sauver son industrie de la montre – ce qui passait par le triomphe planétaire d'une simple Swatch... à quartz !
• Première diffusion de l'émission : samedi 20 h-22 h. Rediffusion : dimanche : 10 h-12 H.
• Fréquences BFM, rediffusions et podcast de « Goûts de luxe » sur Radio BFM...
• Pour la liste de tous les anniversaires horlogers de 2009 : Business Montres du 6 janvier 2009...
••• POUR CE QUI EST DES GRANDS ANNIVERSAIRES HORLOGERS, rendez-vous l’année prochaine, 2010 étant une année faste avec les 150 ans de TAG Heuer, de Zenith, de la manufacture LUC (Chopard) et de la création de l’Officine Panerai à Florence...
• On commémorera également les cinquante ans de la mort d’Hans Wilsdorf, le fondateur de Rolex, ou les cinquante ans de la descente de la montre Rolex Submariner dans la fosse la plus profonde du monde, grâce au bathyscaphe de Jacques Piccard...
• Ce qu’on peut en retenir de ces anniversaires 2009, c’est que l’histoire horlogère n’est jamais écrite : les Arabes faisaient des pendules extraordinaires quand les Européens savaient tout juste sonner les cloches ; personne n’a cru aux montres à porter au poignet quand Chaumet en fournissait à la cour impériale ; les Suisses n’ont pas cru que les Japonais pourraient les supplanter sur le terrain des montres (alors qu’ils disposaient de technologies plus avancées pour l’affichage LCD, les puces programmables, etc.) ; personne n’imaginait qu’on pouvait mettre les Mickey sur une montre de luxe comme l’a imposé Gérald Genta !
• Moralité : ne croyez pas ceux qui vous disent que tout a été inventé et regardez du côté des petites marques qui sont capables de réenchanter les heures...
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