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Pour bien commencer la semaine, suivez votre Quotidien des Montres sur le front de l’actualité horlogère.
Avant de vérifier cette semaine la santé des statistiques horlogères (remontée de la descente ou descente dans la remontée ?) et les chiffres de quelques groupes, quelques informations indépendantes sur les montres, les marques,les groupes et tous ceux qui s'en occupent de près ou de loin...
••• MAX BUSSER + ALAIN SILBERSTEIN
La rumeur va bon train autour de la future version Black Box (nom de code interne) de la HM 2.2, mais les indices sont rares. Business Montres en propose un nouveau, tiré d’une déduction logique à partir des passions personnelles d’Alain Silberstein. Comme tous les designers, il a des objets qui lui « restent dans l’œil », même des années après qu'ils aient impressionné sa rétine...
Ceux qui ont un peu de mémoire se souviendront des appareils photo Minox des années cinquante à soixante-dix : c’était l’appareil photo design par excellence, en même temps que celui des « espions » (ce site de fanatiques mérite le détour). « Un chef-d’œuvre de design et d’ergonomie », rappelle souvent Alain Silberstein, qui en collectionne quelques-uns.
On voit tout de suite l’analogie entre la HM2 de Max Busser (surtout repensée en transparence par Sage Vaughn à Only Watch : Business Montres du 3 juin dernier) et un des Minox du modèle III, voire un Minox BL noir de 1957. L’affinité stylistique est évidente pour ce qui concerne la forme Black Box et les deux « espace » ronds sur le dessus, aussi bien que le « mouvement » apparent (image ci-dessus). A suivre, surtout si d'autres indices apparaissaient sur Internet...
••• FRANCK MULLER EN BIOLORUSSIE
Le groupe Franck Muller vient d’investir dans la relance d’une manufacture renommée en Biélorussie, qui produisait les montres de marque Luch (nom qui signifie « rayon »). La réorganisation de cette « usine » située à Minsk (elle datait de 1953 et elle a cessé sa production en 1996) est un prélude à la relance internationale de la marque Luch, positionnée sur le haut de gamme. Alexandre Loukatchenko, le président biélorusse, ne vient-il pas de déclarer : « Je préférerais porter une Luch plutôt qu’une Patek Philippe ou n’importe quelle autre marque » ? Pour mener à bien ce projet, les autorités locales ont concédé au groupe Franck Muller une sorte de statut d’« entreprise la plus favorisée ». Au programme, un plan de refinancement à hauteur de 10 millions de dollars et la construction d’un « village horloger » aux portes de Minsk, qui pourrait intégrer ensuite une école d’horlogerie. Objectif à court terme : le lancement d’une montre spéciale Franck Muller pour le championnat du monde de hockey sur glace, qui aura lieu en 2014 en Biélorussie (série limitée à 2014 pièces).
••• LOCMAN
Que restera-t-il aux grandes maisons suisses si les indépendants italiens font leurs propres mouvements ? Locman, la marque de l’île d’Elbe, signe ainsi son premier mouvement automatique, mis au point en liaison avec l’Ecole italienne d’horlogerie (SIO, Scuola Italiani di Orologi, fondée à l’île d’Elbe par Locman en 2006). Le mouvement est additionné d’un module chronographique. Il se présente pour son lancement dans une montre Montecristo – nom d’un îlot littérairement célèbre, mais qui existe vraiment à côté de l’île d’Elbe. Cadran trois compteurs souligné d’orange et beau boîtier rond, à cornes évidées très spectaculaires.
••• CHOPARD
Le retour à un chronographe électronique à double affichage (digital et analogique) est une régression ou un pied-de-nez ? La nouvelle montre Grand Prix de Monaco Historique Time Attack rompt avec la tradition des calibres mécaniques qui étaient la règle pour les montres masculines de Chopard : ce chronographe propose heures, minutes et secondes en affichage classique (belle aiguille centrale orange pour les secondes), alors que le temps du chronographe apparaît sur un écran plat en chiffres (affichage digital, avec fonction GMT et compte à rebours). La volonté de proposer un style de montre seventies pour célébrer un Grand Prix vintage est logique. La nécessité d’avoir un chronométrage plus précis également : le centième de seconde – certifiée COSC – est bien suffisant pour des voitures de collection. Donc, vraisemblablement pas de pied-de-nez [de toute façon, ce n’est pas le genre de la maison !], mais pas de régression non plus : seulement la nécessité d’être cohérent, tant avec l’esprit de la course à laquelle cette montre rend hommage qu’avec un temps de crise qui oblige les marques à proposer des produits dignes de la marque, mais plus accessibles au commun des mortels...
••• LINDE WERDELIN
La marque britto-danoise propose deux nouvelles exécutions de sa montre SpidoLite, avec une version or rose-titane du meilleur effet et un modèle All Black qui se contente d’un jeu d’aiguilles bleuies pour renforcer son identité. Design impeccable, comme d’habitude (Business Montres du 12 octobre) et balance chromatique subtile pour une collection plus nouvelle génération que jamais (on pourra découvrir ces nouvelles SpidoLite à l’espace The Watch Factory du salon alternatif Geneva Time Exhibition, en janvier, à Genève)...
••• DISQUES ROTATIFS
Le nouveau concept Eclipse propose une montre sans aiguilles, ni cadrans, qui affiche l’heure par des disques rotatifs qui tournent à contresens : les heures dans le sens traditionnel des cadrans horlogers, les minutes en sens inverse. Le repère est situé au midi de la pièce (une coque plastique doublée de caoutchouc). La montre Eclipse dessinée par Kenneth symbolise le mouvement apparent (géocentrique) des astres autour de la Terre...
••• CURIOSITÉ HISTORIQUE
On fait encore des affaires sur eBay, et aussi des trouvailles, comme cette montre d’officier de l’armée soviétique datée des années trente. Une vraie « curiosité historique » issue de l’Usine n° 1 de Moscou, établissement industriel monté vers 1930 grâce au déménagement en Russie soviétique d’une usine de montres américaine, jusque-là installée à Canton (pas en Chine, mais dans l’Ohio !). C’était la première « manufacture » horlogère soviétique et ses ouvriers, formés à une production de masse « à l’américaine », sur des machines-outils venues du monde entier (mais avec des ingénieurs allemands), ne travaillaient que quatre modèles : deux montres de poche et deux montres-bracelets (une masculine, une féminine). Une partie de cette production équipera l’Armée rouge. De 1935 à 1941, l’Usine n° 1 Kirova (hommage à Sergueï Kirov) produira environ 2,7 millions de montres du « premier type » (code K 43), c’est-à-dire celle qui est ici proposée sur eBay...
••• MANUEL DE SURVIE DU JOURNALISTE 3.0
Si vous n’avez pas bien suivi les nouvelles mutations de la communication et si vous voulez comprendre quelque chose à la notion de « journalisme 3.0 », qui va être à l’information contemporaine ce que l’invention de l’imprimerie a été pour les moines copistes du XVe siècle, vous devez absolument découvrir et méditer le Manuel de survie du journaliste 3.0 que les étudiants en journalisme apprennent en 36 écrans (un des auteurs est Benoît Raphael, rédacteur en chef du Post, un pure player participatif et communautaire)...
••• ZAPPING •••
Quelques petits riens sur un peu de tout ce qui concerne les montres…
• JULIEN DRAY S’EXPLIQUE : le député socialiste français, grand amateur de montres, s’explique chez Laurent Ruquier (sur son « affaire » en général, et son côté « bling-bling de gauche » en particulier) et prouve sa culture horlogère chez Thierry Ardisson (excellent quizz horloger, avec une incroyable série d’erreurs de... Thierry Ardisson) !
• CADENAS : Qeelin, la première marque de haute joaillerie chinoise, présente une quatrième collection, centrée autour du Yu Yi, le cadenas symbole de longévité dans la culture traditionnelle chinoise. « Cadenas » qui n’a pas tout-à-fait la forme de nos cadenas occidentaux ! Dennis Chan, le designer hongkongais, et Guillaume Brochard (ex-Ebel) restent donc dans leur logique initiale de réinterprétation contemporaine de la symbolique impériale. Ils annoncent dans les mois qui viennent le lancement de leur première montre...
• INDEPENDENT : ne pas manquer de s’intéresser de plus près au concept horloger développé par les Japonais sous le label Independent, avec un joli mix de style européen et de design nippon. Montres automatiques superbement dessinées (certaines ont des « mouvements manufacture » locaux, de provenance Citizen, dont Independent est la « laboratoire design »), bonnes idées graphiques (comme leur Dual Time « linéaire » en L) et style très original, avec ce qu’il faut de « séries limitées » en collaboration pour faire sérieux (même les Japonais pratiquent la « collection capsule »).
• SWATCH : moment très attendu de l’événement Illustrative 09, qui rassemble à Berlin tout ce que la planète compte d’illustrateurs intéressants, le résultat du concours Young Illustrators Award 2009. Le jury comprend des directeurs artistiques de renom, des experts et des journalistes spécialisés (vidéo d’ambiance). Les vainqueurs gagneront des prix variés, du gros chèque (6 000 euros) au contrat en agence. L’un deux aura la chance de pouvoir réaliser une Swatch, dans l’esprit de celle de Kiki Picasso et de Keith Harin. Ça motive !
• HORLOGERIE COLLABORATIVE : une nouvelle collaboration de Casio avec un designer, Margaret Howell (MHL) pour un G-Shock spéciale MHL à cadran blanc sur coque noire. Tout ceci nous venant du Japon, bien sûr !
• JEU-CONCOURS : Seiko relance son Seiko Game pour proposer aux amateurs de mieux connaître la gamme Seiko. Intelligent, ludique et sans doute efficace...
• CAMOUFLAGE PAS MORT : le dernier catalogue de A Bathing Ape, la marque hyper-tendance préférée des fashions victims japonaises, prouve que le « camo style » se défend bien. Comme tous les catalogues maison, le e-Mook Winter 2009 Collection est un événement très attendu, assorti d’une montre-cadeau en série limitée (ici une « camo plastic watch » qu’on s’arrache déjà sur eBay !
• TENDANCE TÉLÉVISUELLE pour tout comprendre des tendances du moment, une récréation proposée par Elle (France). « Pour afficher un poignet fashion, rien de tel qu'une belle montre, nous dit Elisabeth Akessoul ! La tendance lourde de l'hiver ? La montre télévisuelle, où le cadran ressemble à s'y méprendre à un petit écran. Pour être à l'heure de la hype, découvrez la sélection de montres dela rédaction ». Soit onze montres à écran plus ou moins « télévisuel », de Rado à Casio, en passant par CK et D&G Time... ?
• LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE MONTRE À 500 DOLLARS ET UNE À 50 000 DOLLARS ? Pour Forbes Magazine, Jack Forster se pose la question et pointe quelques notions à bien prendre en compte : l’importance des robots d’usinage (même dans le haut de gamme), le fait que le niveau des finitions ne reflète en rien le niveau de précision, la même absence de corrélation entre le prix et les finitions, l’importance finale du mouvement et de la complication. C’est à lire, même si ça enfonce un peu des portes ouvertes, avec un classement intéressant de dix montres classées en trois niveaux de finition, de Seiko à FP Journe...
• « LA VÉRITÉ SUR LES MANUFACTURES » : quand un article s’offre un tel titre, on retient son souffle ! Celui-ci est signé par Paul Miquel dans le numéro d’octobre de GQ (France, groupe Condé Nast). L’auteur y distingue – sans l’expliquer – deux « cercles » : « Aujourd’hui, la notion de manufacture est mélangée à toutes les sauces alors que très peu de marques peuvent réellement revendiquer ce noble statut. Audemars Piguet, Rolex, Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin et Patek Philippe font évidemment partie du premier cercle. Roger Dubuis, Parmigiani, Zenith, A. Lange & Söhne, Chopard, Piaget, MontBlanc, IWC, François-Paul Journe, Seiko et – dans une certaine mesure – Omega font partie du second cercle ». Ah bon ? Pour mémoire, Seiko est la seule « manufacture » totalement intégrée du monde, contrairement aux marques du « premier cercle » citées ci-dessus, mais on se demande par ailleurs pourquoi Roger Dubuis ou FP Journe se frottent, en seconde division, à Montblanc et à IWC. Et on se demande pourquoi tant d’autres vraies « manufactures » (De Bethune, H. Moser, Gérald Genta-Daniel Roth, etc.) sont bannies de cette liste. L’affirmation finale laisse pantois : « Cette capacité de pouvoir faire revivre des calibres bicentenaires est consubstantiel (sic) à la notion de manufacture ». Seules les maisons bicentenaires seraient ainsi des manufactures ? Ça laisse rêveur...
• CONCOURS CHRONOMÉTRIE 2009 : toujours beaucoup d’opacité autour de l’organisation, des tests et des résultats de ce concours Chronométrie 2009, dont les 16 montres finalement sélectionnées se sont promenées de Bienne à Besançon, puis au Locle et encore à Bienne avant les réunions en cours d’un jury (dont les membres ne sont pas connus) qui refuse encore de se prononcer sur la reconduction ultérieure du concours en 2011 ! Les résultats seront annoncés le 3 décembre prochain, au Locle, mais quelques voix s’élèvent déjà sur la validité du protocole utilisé pour tester les montres...
• LINGOTS D’OR : signe des temps, le grand magasin londonien Harrods propose désormais à ses clients un « rayon lingots d’or », où ils peuvent acheter de l’or « physique » pour se prémunir contre la crise. Perte de confiance dans les objets horlogers ?
• AGRESSION À LA ROLEX : en France, on parlerait d’« arme par destination » et c’est sans doute la première fois qu’une Rolex est impliquée dans une tentative de coups et blessures. C’est du moins ce que prétend Erica Wang, la fiancée du célébrissime chef Todd English (l’Alain Ducasse ou le Philippe Chevrier américain) : son fiancé l’aurait délibérément visée avec sa grosse montre, qui lui aurait tuméfié la pommette. Or ou acier, la Rolex ?
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