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Les marques de montres ne meurent jamais.
On aurait fêté en 2009 les 20 ans de Ventura si la marque n’avait pas fermé ses portes en 2007.
Pierre Nobs, le fondateur de la marque, n’a pas renoncé.
Il revient sur le marché pour relancer en plus fort l’aventure Ventura !
••• DESIGN + QUARTZ HAUT DE GAMME = CRÉNEAU À OCCUPER
L’horlogerie helvétique est plurielle : elle a toujours su s’écrire en plusieurs gammes et avec différentes options technologiques. Depuis la disparition de Ventura, il y a deux ans, et la vente aux enchères de son stock, il y a deux ans presque jour pour jour (12 novembre), il manquait une touche d’électronique Swiss made et de design pur et dur dans le paysage des montres suisses.
Pierre Nobs, le fondateur de Ventura, avait su installer son concept de « quartz haut de gamme » et trouver le chemin du cœur de nombreux amateurs de montres mécaniques, qui ne pouvaient pas s’empêcher d’aimer son électronique design à affichage digital. Tombé au champ d’honneur, non de la crise (en 2007, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes), ni de l’erreur marketing, mais des incertitudes d’un montage financier qui associait financiers court-termistes et créateur visionnaire sur le long terme, il revient à présent après avoir racheté – avec de nouveaux partenaires – les actifs en liquidation de Ventura Design on Time. Il avait depuis lancé une société spécialisée dans les accessoires masculins design, PreciLuxe (ceintures, boutons de manchettes, portefeuilles, etc.).
Il vient donc de créer une nouvelle société, qui reprendra le nom de Ventura, et qui sera opérationnelle avant la fin de l’année. Au programme, des montres réalisées dans le même esprit de design rigoureux, avec un retour des anciennes collections : v-tec Alpha et Delta (design Hannes Wettstein), v-tec Sigma (design Paolo Fancelli : c’est la montre qu’on voit au poignet de Nicolas Cage dans Bangkok Dangerous) et SPARC, la montre digitale automatique qui a fait une grande partie de la notoriété de Ventura, qui annonce également la réédition de la mythique v-matic.
Positionnement prix : « abordable », nous assure Pierre Nobs, qui a également soigné le contrôle qualité et les questions de SAV, qui étaient problématiques depuis la disparition de la marque...
Ventura revient dans un paysage horloger ravagé par la crise, mais qui se pose justement des questions à propos d’une des intuitions fondamentales de Pierre Nobs : la compatibilité génétique d’une « haute horlogerie » à valeur ajoutée électronique avec la tradition suisse. Le tabou a été brisé, avec une proposition comme la « clé de contact » Aston Martin logée dans une Jaeger-LeCoultre ou, plus récemment, par l’annonce d’une future montre à quartz chez François-Paul Journe. Plusieurs autres projets existent pour ajouter au calibre mécanique d’une montre de haute horlogerie des animations électroniques capables de mettre en valeur le mouvement (Business Montres ne tardera pas à vous en reparler)...
Du coup, c’est le marché qui a avancé dans la direction visée à l’origine par Ventura, dont la réapparition ne peut que stimuler ce bouillonnement « fusionnel » annoncé. Sans parler du retour en force de l'affichage digital dans les vitrines (révélation sur 4N aujourd'hui même dans Business Montres)...
••• Ci-dessus : la v-tec Sigma, première montre automatique à affichage digital (on distingue bien le rotor du mécaquartz sur le dessus de la montre). Notez aussi la mollette EasySkroll sur le côté du cadran : elle permet une circulation facile et ergonomique entre les différentes fonctions de la montre.
••• PUISQU’ON VOUS DIT QUE LES MARQUES DE MONTRES NE MEURENT JAMAIS ! Ces marques sont des « objets économiques » dont la durée de vie est étonnante, surtout dans l’univers industriel, où tant de « grandes marques » ont disparu au fil des siècles et des générations technologiques. De Dion Bouton et Facel-Vega ne font plus de voitures, mais des marques de montres contemporaines de ces automobiles ont survécu, inlassablement relancées au fil des décennies. Cette résistance des marques à l’usure du temps est singulière, d’autant qu’elle s’accompagne d’une renaissance parthénogénique permanente : l’industrie horlogère a cette magie de se recycler en permanence à partir de ses cendres, comme le phénix de la légende (Blancpain, Jaquet Droz, A. Lange & Söhne, Perrelet, Louis Moinet, Favre-Leuba, Universal, Badollet et tant d’autres exemples, présents et à venir)...
• Quelles marques ont vraiment disparu au cours de ces dernières années ? Ventura était jusqu’ici un des seuls cas, avec, plus récemment Villemont. Les autres ont survécu tant bien que mal (Van der Bauwede), tandis que d’autres ont choisi l’hibernation, qui n’est pas la mort clinique (Wyler, Léon Hatot), en attendant retour à meilleure fortune. Pierre Nobs vient donc confirmer la règle non écrite de l’immortalité virtuelle des objets du temps.
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