Le site a été inauguré jeudi en présence du président de LVMH, Bernard Arnault. D’une surface de 6000 mètres carrés, il pourra accueillir 300 employés à terme, contre 128 actuellement.

Le moins que l’on puisse dire est que Jean-Claude Biver cultive le goût du contraste. En inaugurant officiellement jeudi sa manufacture à Nyon, le patron de Hublot en a asséné la preuve en accueillant Bernard Arnault, le président du géant français du luxe LVMH, au son… du cor des Alpes. Un folklore aux antipodes du design et de l’image que reflètent ses garde-temps.

Modèle «Big Bang» au poignet, Bernard Arnault, qui a racheté Hublot l’an dernier pour quelque 500 millions de francs, a rappelé devant la presse que LVMH choyait l’autonomie de ses marques. «On me disait que je ne m’entendrais jamais avec Jean-Claude Biver, en raison de son indépendance. J’ai au contraire immédiatement apprécié son côté entrepreneur», a dit le président de LVMH. Un entrepreneur qui a fait d’une marque moribonde il y a cinq ans l’une «des plus prestigieuses de l’horlogerie suisse».

Côté chiffres, Bernard Arnault est beaucoup moins loquace. Et même carrément muet. Selon nos informations, Hublot a néanmoins investi plus de 40 millions de francs à Nyon, dont une quinzaine pour le parc de machines. «Nous n’avons contracté aucune dette, ni pour le bâtiment, ni pour l’appareil industriel. Tout est autofinancé», a assuré Jean-Claude Biver.

Opérationnel depuis le printemps dernier, le site abrite 128 collaborateurs sur 6000 m2. «Nous avons bâti volontairement trop grand afin de pouvoir héberger 300 employés», a détaillé Jean-Claude Biver. Contrairement à d’autres acteurs de la branche, Hublot embauche: une vingtaine d’employés cette année et probablement une trentaine en 2010. D’ici à cinq ans, quelque 20 000 mouvements chronographes (baptisés Unico) dotés d’un échappement en silicium devraient sortir annuellement de la manufacture.

Des effectifs qui s’étoffent

Hublot, dont la production est évaluée à un peu plus de 20 000 montres cette année pour un chiffre d’affaires qui devrait être stable par rapport à 2008, ambitionne donc de s’affranchir rapidement de sa dépendance envers des fournisseurs tiers. Plus largement, toute la stratégie de la division montres de LVMH «consiste à développer nos propres capacités de production», a affirmé Bernard Arnault, qui n’est en outre pas à la recherche d’acquisitions. «Nous pouvons développer le groupe de manière formidable pendant 10 ans sans rien acheter», a-t-il conclu.
Philippe Gumy

Le Temps

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