|
La Journée du patrimoine horloger a attiré des milliers de personnes à La Chaux-de-Fonds et au Locle. Usines, musées ou visites guidées ont été pris d'assaut. Une bonne occasion aussi de redécouvrir des métiers et des techniques.
«Vous avez quoi comme métier à la base?» La question fait sourire Magali Wielebski. «Rien», répond-elle. «On apprend sur le tas.» Commercial à l'origine, elle est maintenant émailleuse dans la maison Donzé Cadrans qu'a fondée son grand-père, au Locle, dans les années 1970.
Son savoir-faire, elle l'a démontré au Cifom Ecole technique du Locle samedi. Un travail minutieux pour faire surgir un superbe voilier sur un cadran. Un travail de fourmi qui «demande environ 60 heures. Le plus gros, c'est le pliage, l'émaillage va un peu plus vite». Le pliage? Il s'agit de fil d'or qu'on appose sur la plaque, elle aussi en or, et qui formera le dessin. «Toutes les couleurs, toute la surface sont passées au four.»
Les techniques d'émaillage? «On n'arrive pas à changer. Ce sont des techniques très particulières», répond Magali Wielebski. La société Donzé Cadrans a bien tenté de mécaniser la pose des pieds du cadran. Sans succès. «Les machines que nous avons à l'atelier datent des années 1950.» Et de conclure: «Un cadran émaillé, c'est en quelque sorte une pièce unique.»
Jérome Boutteçon conçoit aussi à sa manière des pièces uniques. Il est le marqueteur de la maison chaux-de-fonnière Opal, spécialiste des écrins et des humidor. La marqueterie est un décor réalisé avec des placages découpés suivant un dessin et collés sur un support
Actuellement, il réalise des reproductions d'œuvres de Klimt qui orneront des pendules de Jaeger-LeCoultre. Ce joyau est composé de plus de 1000 pièces et 120 essences de bois différentes, explique-t-il. Le record de Jérome Boutteçon? Un cadran de 25 mm de diamètre sur lequel il a posé 326 pièces. Sa formation? Ebénisterie, tournerie sur bois, marqueterie et sculpture. «Une technique très complète», commente-t-il.
Plus discrets, moins souvent encensés, les boîtiers, eux, sont indispensables à la branche horlogère. Là aussi les métiers sont divers. Oréade est une entreprise de production de haut de gamme à La Chaux-de-Fonds. Le public a pu apprécier la dextérité de ses employés. Polissage, achevage, martelage: autant de techniques qui donnent à la boîte de montre son esthétique, sa clarté.
En matière de polissage, «les gens ne se rendent pas compte du travail qui se fait. Pour une pièce compliquée, ce sont 150 opérations qui sont nécessaires», raconte Philippe Michel. L'achevage? Il s'agit d'ébavurer les pièces. «Un métier qui disparaît», regrette Philippe Michel. Quant au martelage, il s'agit de la «signature esthétique du produit, de faire des dessins sur la boîte, une décoration». Elle est effectuée à l'aide d'une aiguille.
Dernière étape de la production d'une boîte de montre: le montage. Pour une boîte compliquée, la spécialité d'Oréade, et assurer son étanchéité, il faut compter deux heures et demie de travail.
Cette troisième édition de la Journée du patrimoine horloger a permis une nouvelle fois au public d'admirer ces orfèvres méconnus.
Daniel Droz
ArcInfo.ch |