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Un ancien directeur basé à Melbourne réclame des dommages et intérêts devant les tribunaux. Il affirme que le groupe l’a licencié parce qu’il refusait de violer le droit australien, qui interdit toute forme de contrainte en matière de prix auprès des détaillants
Un ancien responsable du marché australien pour Swatch Group, Mark Watson, accuse la multinationale de fixation abusive des prix. Licencié en décembre 2008, il réclame aujourd’hui des dommages et intérêts devant un tribunal. Il affirme dans la presse australienne que le groupe horloger l’a congédié parce qu’il refusait de violer la loi en forçant les détaillants à pratiquer les prix fixés par le groupe.
Swatch Group Australia réfute formellement l’accusation. «Mark Watson a été congédié …] en raison d’une gestion déficiente, de faibles performances, de longues absences injustifiées ainsi que pour des dépenses personnelles portées à la charge du groupe», explique la filiale du groupe helvétique dans un communiqué publié lundi à Melbourne. «A ce jour, Mark Watson n’a avancé aucune preuve à ses accusations», poursuit la société. Swatch Group Australia ajoute encore que l’ancien cadre a même tenté de le faire chanter, en évoquant les mêmes accusations, afin d’obtenir des indemnités «plus élevées, qu’il n’a jamais méritées».
L’Australie est très stricte
Quoi qu’en décide la justice australienne, cette querelle lève une nouvelle fois un coin de voile sur les contrats de distribution exclusifs passés entre les géants mondiaux du luxe et les détaillants. Contrairement à de nombreux Etats, certains pays, comme l’Australie (par son Trade Practices Act), ne tolèrent aucune fixation des prix, ni un quelconque contrôle, pour des raisons de libre concurrence. Les groupes n’ont par conséquent pas le droit de «punir» les vendeurs qui pratiqueraient un discount, en leur vendant par exemple leurs prochaines livraisons de garde-temps plus chères, comme dit avoir été contraint de procéder Mark Watson en Australie.
L’Australie est un marché important pour l’horlogerie helvétique. Après neuf mois cette année, les exportations y étaient en hausse de 16,6% à 109 millions de francs, ce qui en faisait le 17e débouché mondial. Juste derrière le Mexique, mais devant la Russie.
Philippe Gumy
[Le Temps |