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Pourquoi prendre l’actualité horlogère à rebrousse-poil ?
Pour lui faire dire autrement ce qu’elle ne veut pas dire !
Votre Quotidien des Montres vous propose un rétro-pédalage très instructif sur les informations dont on aurait pu se passer... ou ne pas se passer !
...CETTE SEMAINE, LE ZAPPEUR N’A PAS...
••• ACCORDÉ trop d’importance aux confidences qui annonçaient l’intervention d’une célébrité surprise pour animer, samedi soir, le Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Non, ce ne sera pas Thierry Nataf, notre ex-pop star zénithienne, même s’il a effectivement été pressenti, mais ses obligations new-yorkaises étaient pressantes. Non, ce ne sera pas le calamiteux « maître » Geoffroy Ader, qui avait agacé tout le monde l’année dernière par sa vacuité. Oui, ce sera bien une célébrité dans le microcosme horloger. Oui, ce sera... Impossible d’en dire plus pour l’instant, mais ça va décoiffer !
••• NOTÉ la liste des Rolex trouvées par la justice américaine dans les tiroirs de Bernie Madoff : quoi de plus normal pour un homme qui a flambé pour plus de 50 milliards de dollars d’avoir des belles montres ? Une quarantaine de ces montres de luxe (17 Rolex, quelques Patek Philippe, Audemars Piguet, Jaeger-LeCoutre et autres Franck Muller) seront dispersées le week-end prochain à New York. Une « série limitée » pas comme les autres : y aura-t-il un marquage spécial « Schéma de Ponzi, in memoriam Bernie 2009 » ?
••• SENTI un enthousiasme débordant l’envahir en découvrant la nouvelle « petite » Panerai P 999 : 42 mm, une taille décrétée « importable » par les journalistes spécialistes il y a onze ans, quand Angelo Bonati avait présenté sa première collection au SIHH 1998... Apparemment, depuis l’an 2000, la révolution horlogère augmente d’un millimètre par an le standard des montres masculines, ce qui fait de cette Radiomir – effectivement plus petite et plus mince, sinon plus élégante – une montre de femme. Côté design, pas de quoi s’extasier non plus : on reprend plus ou moins les codes de la défunte ex-collection Ferrari, sans trop décoller des gènes de la Radiomir historique. Certains regretteront la radicalité cutting edge d’une marque qui avait encore osé, l’année dernière, le 60 mm d’une « Egyptienne »...
••• TROUVÉ le temps d’aller à la projecion privée de 2012, le film-catastrophe de Roland Emmerich : John Cusak tente pourtant d’y prôner une urgence de sauver le monde attestée par son IWC Mark XVI (image ci-dessus et annonce Business Montres du 16 octobre).
••• MANQUÉ de noter (une fois de plus) le fantastique flair de Jean-Claude Biver : si l’America’s Cup finit par se courir à Valence (Espagne) en février 2009, il sera, à ce jour, le seul horloger présent sur l’événement, alors que l’Espagne est, par tradition, l’Eldorado de la marque Hublot. Pas besoin de vous faire un dessin sur les retombées médiatiques de l’addition Alinghi + Hublot + Valence, multipliée par le facteur Biver...
••• EVIDEMMENT, RIEN N’EST ENCORE SÛR et définitif pour le choix de Valence et pour la date de février, mais tout le monde a soudain bon espoir de parvenir à réanimer une 33e Coupe égarée dans les prétoires new-yorkais.
• Il ne reste plus à Larry Ellison (BMW-Oracle) qu’à trouver un partenaire horloger pour relever le défi bivérien...
••• (ASSEZ) INSISTÉ pour fêter dignement le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Evénement important pour notre histoire purement horlogère, bien au-delà de ce que notait lundi Business Montres : sans la chute du Mur, l’horlogerie allemande ne serait pas ce qu’elle est (re)devenue. On fabriquerait toujours des montres « à la soviétique » dans le kombinat de Glasshütte, alors que ce bourg a su renouer avec sa tradition de haute horlogerie (A. Lange & Söhne, Glashütte Original, Nomos, les indépendants de Dresde, etc.). A tel point que la nouvelle horlogerie de l’ex-RDA dépasse à présent l’ancienne place forte de la Forêt-Noire, où ne survivent plus que des marques trop souvent plus chinoises qu’européennes...
••• RÉUSSI à se faire une idée à peu près réaliste du bilan de Watchnonista, portail horloger qui devait tout fracasser sur son passage (objectif : 100 000 membres recrutés pour Baselworld 2010 !), mais qui ne semble pas avoir réussi sa percée. Pas de marques partenaires, hormis Hautlence comme produit d’appel, et un manque flagrant d’animation et d’enthousiasme de la part de cette « communauté des amateurs » qui était la cible prioritaire. Brr, qu’il fait froid sur ce qui était annoncé comme la perle des nouveux médias sociaux horlogers !
••• PRÊTÉ beaucoup d’attention aux rumeurs (insistantes, bien relancées et vaguement attestées par d’improbables photos) qui couraient en France sur l’oxydation d’une série de boîtiers de la Rolex Deepsea. Pas de réactions officielles de Rolex à ce sujet [on touche là aux limites de la non-communication érigée en système de pensée], mais beaucoup de scepticisme du côté des fournisseurs de l’acier utilisé par Rolex et (officieusement) des services techniques de la marque. Beaucoup de buzz pour rien ? Pas forcément : comme disaient nos vieux maîtres, his fecit qui prodest. La question est posée...
••• EMBOÎTÉ le pas des médias qui ont repris une information de la presse australienne à propos de l’ex-patron local du Swatch Group. Le Swatch Group n’est certainement pas un innocent agneau qui vient de naître : même quand les dérives tarifaires et les abus de position dominante dénoncées dans le Sunday Age par Mark Watson seraient parfaitement plausibles (la Commission européenne s’en était autrefois émue), il n’en reste pas moins que le droit anglo-saxon oblige tout employé licencié à faire monter la pression par tous les moyens pour grignoter quelques indemnités supplémentaires. Un banal conflit du travail, donc, qui sera à rapprocher d’un procès identique, voici quelques années, au Japon. Qui s’en souvient ? Et en quoi cela avait-il handicapé le Swatch Group ?
••• MARCHÉ dans la combine qui consiste à faire passer l’argent pour un métal d’avenir dans l’univers du luxe : les Italiens de U-Boat lancent ainsi une collection complète de leurs grosses montres (inspirées des instruments de plongée, dans le style Panerai) avec des boîtiers en argent 925 millièmes, précision gravée sur le flanc du boîtier. Italo Fontana, le créateur de U-Boat espère bien que cette série Classico 925 (53 mm) prendra en vieillissant une patine intéressante, mais pourquoi cacher que l’once d’or à 1 100 dollars est tout simplement un facteur de production ingérable pour les marques qui n’avaient pas les moyens de se constituer un stock stratégique des métaux précieux ?
••• REPRIS les propos de Rodolphe Cattin, l’ex-patron de Rodolphe (groupe Franck Muller), qui ne semble toujours pas accepter d’avoir été remercié (Business Montres du 13 octobre) et remplacé par Gabriel Guidi, l’autre co-fondateur de Rodolphe : dans chacune de ses interviews, Rodolphe Cattin – qui se définit comme un Créateur et comme un Designer, avec les majuscules de rigueur dans le texte – se plaint de n’avoir pas été traité en diva et d’avoir dû rendre des comptes aux autres actionnaires, c’est-à-dire au groupe Franck Muller. Qui l’obligeait donc à « vendre son âme au diable » ? On ne peut pas d’un côté ramasser la monnaie (d’autant qu’il est toujours actionnaire de son ex-marque) et cracher dans la soupe. Cette schizophrénie est inquiétante...
••• AIMÉ la vente à moins 67 % d’un lot de montres Péquignet sur le site Bestmarques : c’est rarement bon signe, alors que le réseau des détaillants se réduit comme un peau de chagrin et que la marque est dorénavant rayée de certains marchés (Proche-Orient, notamment) ! Il est certain que l’effort démesuré – et stratégiquement mal pensé – d’investissement dans un « calibre manufacture » se paie au prix fort, alors qu’on est encore loin de la sortie de crise. Il est vrai que c’est en grande partie avec l’argent des contribuables français que ce vrai-faux « premier mouvement automatique made in France » a été développé...
••• SACRIFIÉ en vain son prochain week-end, qui sera horlogèrement très studieux : dans quelques jours, on va disperser à Genève quelques pièces horlogères de tout premier plan (catalogue AOL>Christie’s et Patek Philippe Calibre 89 chez Antiquorum, pièce annoncée en avant-première par Business Montres le 21 octobre dernier). Une nouvelle occasion de vérifier que Genève reste bien la place horlogère de référence pour les collectionneurs de montres, mais il faudra se méfier des effets d’annonce et des fausses enchères : une adjudication bidon, c’est facile, c’est pas cher (c’est même gratuit !) et ça peut rapporter gros en image...
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