Samedi au Grand Théâtre, l’Aiguille d’or 2009 a été attribuée à Lange & Söhne.

Juste avant de remettre l’Aiguille d’Or 2009 à son successeur au palmarès, la maison A. Lange & Söhne, François-Paul Journe s’est fendu d’un petit message aux «absents» de la soirée. A ceux qui refusent de participer à ce Grand Prix d’Horlogerie. Par jeu politique, comme nous l’expliquera un membre éminent du jury. «Ils font une grande erreur!» lâche le Genevois au micro. A ses yeux, les horlogers suisses ont tout intérêt à se serrer les coudes pour affronter la prochaine crise qui s’annonce: celle de la concurrence. «La Chine sera bientôt capable de fabriquer des montres de luxe…» Un ange passe.

Les absents ont-ils eu tort? Certainement. Samedi soir, dans un Grand Théâtre bondé, l’horlogerie suisse récompensait ses meilleurs élèves. Pour la neuvième fois. En présence de Vincent Perez et de Jérôme Le Banner. Après avoir rêvé d’un siège au Conseil fédéral, Me Christian Lüscher s’est glissé dans le costume de Monsieur Loyal. Associé à la splendide Natacha Wenger – un ex-mannequin vaudois exilé aux Etats-Unis depuis une quinzaine d’années – il a saupoudré la cérémonie de quelques traits d’humour. Lesquels ont certainement dû provoquer une ou deux grimaces dans l’assemblée.

Richard Mille est le premier à monter sur scène, grâce à sa montre de plongée, la RM 025. «Pour avoir remporté l’Aiguille d’or en 2007, je sais ce que peut apporter un tel prix, commente-t-il. Cela crée un engouement autour de la marque. A ce titre, je suis d’accord avec ce qu’a dit François-Paul Journe: ne pas prendre part à ce Grand Prix est une querelle d’arrière-garde!» Ils seront neuf ensuite à se succéder au micro. De Ludwig Oechslin, directeur du Musée international de l’horlogerie à La Chaux-de-Fonds, à Philippe Leopold-Metzger, directeur général de Piaget – qui n’a pas manqué de remercier toute l’équipe de Piaget. «Malgré la crise, nous n’avons procédé à aucun licenciement», se félicite-t-il. D’autres n’ont pas eu ce courage.

Tout surpris, Fawaz Gruosi (De Grisogono) est venu chercher le Prix du public. «C’est la première fois que je gagne quelque chose dans le monde horloger», souligne-t-il. Quant à Jean-Claude Biver, patron de Hublot, il y est allé de son discours volontaire. Comme à son habitude. «Le succès a des obligations. L’obligation de partager, l’obligation de transmettre et l’obligation de rester modeste», dit-il. En concluant son discours d’un proverbe tibétain: «Quand tu arrives au sommet de ta montagne, continue de grimper.» A méditer!

Le palmarès

- Prix de la montre sport: Richard Mille, RM 025 Montre de plongée.
- Prix de la montre homme: Audemars Piguet, Jules Audemars avec échappement Audemars Piguet.
- Prix de la montre dame: Piaget, Limelight Twice.
- Prix de la montre design: Harry Winston, Opus 9.
- Prix de la haute complication: Greubel Forsey, Double Tourbillon Technique.
- Prix de la montre Joaillerie: Hublot, One Million $ Black Caviar Bang.
- Prix du public: De Grisogono, Meccanico dG.
- Prix du meilleur horloger concepteur: Anthony Randall.
- Prix spécial du jury: Dr Ludwig Oechslin, directeur du Musée international de l’horlogerie, à La Chaux-de-Fonds.
- Grand Prix de l’Aiguille d’or: A. Lange & Söhne, Länge Zeitwerk.

Jean-Daniel Sallin - Tribune de Genève

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