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les bons et les mauvais côtés du marché des montres
 
Le 18-11-2009
de Business Montres & Joaillerie

A huit semaines des salons de Genève 2010 et à moins de quatre mois de Baselworld 2010, l’actualité horlogère se densifie.

Entre sourires et grimaces, avec ironie mais sans méchanceté, votre Quotidien des Montres vous propose 24 repères (un tour du cadran !) dans ce foisonnement d'informations qui se téléscopent.

...CE MERCREDI, LE ZAPPEUR A NOTÉ...

••• DE RENDRE À CÉSAR, ALAIN, PIERRE-ALAIN ET JEAN-CLAUDE ce qui leur revenait : au-delà de la paternité du Black Caviar (Business Montres du 15 novembre), goûté par Jean-Claude Biver mais proposé initialement par Alain Silberstein, il faut quand même rappeler que le premier à avoir acclimaté le caviar dans l’horlogerie est (sans doute) Pierre-Alain Blum, avec la Beluga lancée par Ebel en 1986. Ceux qui ont de la mémoire ont toujours en bouche le goût des boîtes de caviar beluga que Pierre-Alain Blum distribuait cette année-là sur son stand de Bâle...


••• DE S’ACHETER À L’APP STORE LA QUINZIÈME APPLICATION HORLOGÈRE RECENSÉE : conçue par l’équipe de Uhrsachen à Berne (Hans Erb, qui avait déjà développé une app pour Glycine), cette application joue avec les fuseaux horaires, spécialité des montres Vogard. On peut sélectionner l’heure dans plus de 500 villes dans 120 pays, caler des alertes pour l’heure d’été ou d’hiver dans la zone sélectionnée, reconfigurer sa Vogard et jouer avec sa lunette tournante virtuelle (image ci-dessus). Le tout dans une ambiance réellement interactive, avec des écrans pédagogiques sur les montres suisses, une géo-renifleur de boutiques et tout ce qu’il faut savoir sur la différence entre GMT et UTC (on prend les paris ?)... Informations sur le site Vogard...


••• DE SALUER LE NOUVEAU DÉPART POUR MARTIN BRAUN, le créateur horloger qui avait cédé sa marque au groupe Franck Muller avant d’en démissionner l’été dernier : installé à Alpnach, près de Lucerne (Suisse), il vient d’ouvrir un nouvel atelier où il développera des montres qui porteront sa signature sous la marque MHO. Au programme : un mouvement « manufacture » in-house et des complications (équation du temps, lever-coucher du soleil, phases de lune rétrograde) annoncées comme « supéfiantes » et livrables dès le printemps 2010...


••• DE RELIRE ATTENTIVEMENT LES PROPOS DE FRANÇOIS-HENRI PINAULT (PPR) qui détaille la stratégie de son groupe dans Les Echos (France) : « Nous allons bâtir un portefeuille de marques mondiales à la légitimité forte et complémentaires autour de la marque Puma dans l'univers “Lifestyle“, comme c'est le cas autour de la marque Gucci dans le luxe. A terme, PPR a vocation à devenir un grand groupe de marques mondiales d'équipement de la personne dans un univers de consommation et sur un modèle de développement homogènes ». Ce qui laisse envisager diverses acquisitions horlogères : « nous allons continuer à faire évoluer [Gucci Group]. Par exemple, dans le secteur joaillerie, bijouterie, horlogerie, nous avons une très belle marque de haute joaillerie, Boucheron, mais nous ne sommes pas très présents dans premier segment de ce marché, ni dans la haute horlogerie. La crise va accélérer certains mouvements, et il y aura des opportunités à saisir ». Avis aux amateurs : la chasse est ouverte...


••• DE SUIVRE DE PRÈS, CES JOURS-CI, LE DOSSIER FERRARI : les dirigeants de la marque italienne doivent arbitrer très rapidement sur le choix des marques de montres autorisées à porter le cheval cabré sur le cadran. Outsiders inattendus pour la licence en montres accessibles : les Espagnols du groupe Time Force (famille Lopez). On parle toujours du retour de TAG Heuer, en concurrence avec Longines dans la dernière ligne droite. La super-montre d’ultra-haut de gamme réservée aux très grands collectionneurs de Ferrari devrait également être une réjouissante surprise...


••• DE POSER DES QUESTIONS SUR DES CHAMPIONS : quelle marque va signer avec Rafael Nadal, le champion de tennis dont le contrat avec Time Force se termine au cours des semaines qui viennent ? Et, surtout, quelle vedette du sport va remplacer « Rafa » chez Time Force, le groupe espagnol qui monte ? Les paris sont ouverts pour un footballeur qui adore les montres et qui se fait volontiers photographier avec le poignet bien garni dès qu’on lui en offre une : le joueur portugais du Real Madrid [Espagne oblige : une aubaine pour Time Force !] Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro...


••• DE FAIRE PASSER AUX COPAINS LE PIRE DES SPOTS PUBLICITAIRES HORLOGERS jamais produit dans l’histoire de cette noble industrie : signé Diesel, totalement givré, il ne ressemble à rien de connu et il est irrésistible. A ne rater sous aucun prétexte : 1:29 de non-sense absolu et décalé (source : l’excellent site Watchismo)...


••• DE RELEVER, EN BOUTIQUE, LE BON DÉPART DES NOUVELLES « MUST » de Cartier, « collection de crise » tout juste lancée pour maintenir la marque accessible à une clientèle plus jeune : décollage effectué [avec des prix entre 200 et 3 000 euros, ça marche toujours] sans que l’image de marque soit le moins du monde écornée. Ce qui promet des ventes de fin d’année plus réjouissantes que l’année dernière. Et ce qui prouve qu’on peut baisser les prix, même quand on est une marque positionnée au sommet de la pyramide du luxe : encore un préjugé tenace pulvérisé par la crise !


••• DE JETER UN ŒIL SUR LE DÉSTOCKAGE FAMILIAL DE LA FAMILLE PORSCHE : 49 montres issues du patrimoine familial seront dispersées au cours d’une vente charitable chez Bonhams (Londres), le 2 décembre prochain. Parmi les lots présentés New Bond Street, quelques pièces uniques Eterna et Porsche Design (des commandes spéciales et des prototypes destinés à la famille), mais aussi une Rolex ou une Jaeger-LeCoultre.


••• DE SOUHAITER LA BIENVENUE À UNE NOUVELLE MARQUE (ENCORE !) : il s’agit de Blanche, marque spécialisée, comme son nom le laisse penser, dans l’horlogerie féminine. Aux commandes, l’équipe de genevoise de Golay-Spierer, qui a positionné Blanche sur le territoire du « private label » pour les dames qui veulent aller jusqu’au bout de leurs rêves dans la haute horlogerie joaillière – si, si, il y en a ! Designs classiques, pavages de diamants à personnaliser et complications qu’on espère Swiss Made...


••• DE TÉLÉPHONER À ALAIN DUMÉNIL, LE CRÉATEUR DU GROUPE ALLIANCE DESIGNERS qui veut lancer, demain, sa marque Poiray sur le marché libre (17 500 titres à 0,85 euros). Pourquoi faire ? Lever des fonds, forcément, pour une marque qui a jusqu’ici manqué son décollage international et qui n’est forte que d’une excellente image en France, hormis une boutique au Japon (débarquement en Suisse prévu en 2010, puis en Allemagne l’année suivante). Une ouverture boulevard Haussmann, à Paris (Galeries Lafayette) est prévu l’année prochaine, avec un corner au Printemps planifié pour 2011. On ne comprend pas bien l’intérêt de capter une somme aussi faible, qui ne suffirait même pas à s’offrir un pas de porte en proche banlieue parisienne : pas nette, cette histoire...


••• DE VÉRIFIER LA PERTINENCE COMMERCIALE DU CONCEPT VINTAGE appliqué aux Rolex « millésimées année de naissance » vendues sur Bestmarques : il s’agit tout simplement de tenter les acheteurs(teuses) d’offrir ou de s’offrir la Rolex de leur année de naissance, pourvu que ce soit entre 1965 et 1983 ! C’est plutôt bien fait, assez malin et ça permet surtout d’écouler un stock de vieilles Oysterdate (non certifiées chronomètres) aux prix des Datejust (certifiées) – le tout « état neuf »...


••• DE SE POSER DES QUESTIONS SUR LA FASCINATION QU’EXERCE l’horloge-cible imaginée par Simon Lumb (Allemagne) : deux disques en couleur, minimalistes en diable (noir et blanc uniquement) tournent inlassablement dans le cadran, créant des angles horaires qui permettent d’évaluer l’heure. Pas le moindre chiffre, ni la moindre aiguille : juste la course contre le temps de deux disques qui se rattrapent sans jamais se confondre. Si vous n’avez rien compris, une vidéo d’explication sur YouTube (2:13 d’angoisses métaphysiques sur la signification de cette course contre le temps)...


••• DE FAIRE CIRCULER UN ARTICLE (UN PEU) RACOLEUR ET RIGOLO du Sun britannique (17 novembre) : on y découvre comment les prêteurs à gages font fortune avec la crise et se retrouvent couverts de Rolex, Breitling, Patek Philippe et autres A. Lange & Söhne abandonnées par leurs propriétaires, en même temps que les Ferrari ou les Porsche qui allaient avec...


••• D’APPROFONDIR LE DOSSIER DU (FUTUR) MUSÉE D’HORLOGERIE DE GENÈVE, évoqué dans Tribune de Genève par Jean-Yves Marin, le nouveau directeur du musée d’Art et d’histoire (multi-établissements) : « “Il faut résoudre la crise du Musée de l’horlogerie“. Notre interlocuteur comprend qu’après le braquage de 2002, il y ait eu un traumatisme. “Mais les collections ont été reconstituées par Estelle Fallet. Alors arrêtons de pleurer“ ! “Mal adapté“, le bâtiment de la route de Malagnou se verra abandonné. “L’annonce officielle sera faite prochainement“. Les collections réintégreront l’édifice de la rue Charles-Galland, “d’où elles proviennent“. L’évocation d’un rapprochement avec le Musée Patek Philippe arrache une grimace à Jean-Yves Marin. “Je ne sais pas. Ce sont des privés“. On sent là toute la réticence française devant ce genre de joint-ventures »...


••• D’ENVOYER UN MESSAGE DE SOLIDARITÉ AUX SALARIÉS FRANÇAIS DE TECHNOTIME, sacrifiés sur l’autel de la crise et d’un actionnariat China Made pas vraiment à la hauteur. 31 personnes au tapis à Valdahon, du « mauvais côté » de la frontière horlogère : encore un espoir de mouvement mécanique Made in France qui disparaît, les emplois en Suisse étant toutefois préservés !


••• DE RÉFLÉCHIR À LA SIGNIFICATION DES 42 000 FRANCS SUISSES payés chez Christie’s (lot 343) pour la Rolex Deepsea en édition privée Jacques Piccard : une pièce pas vraiment unique (n° 60/86 : 60 pour 1960, date de la plongée dans le Bathyscaphe, et 86 pour l’âge de Jacques Piccard, mort l’année dernière), noircie DLC et vendue neuve pour 12 900 euros. Un prix étonnant, alors que ces Rolex « customisées » passent pour perdre de leur valeur : il est vrai que la pièce était « truffée » (accompagnée de documents autographes). Information sur le site Jacques Piccard Edition...


••• DE RÉPARER UN OUBLI EN PARLANT DE DEEPSEA : en évoquant les rumeurs d’une oxydation sur certains boîtiers de Rolex Deepsea, Business Montres avait les plus grands doutes sur la réalité des faits, mais sans préciser que Rolex démentait formellement l’existence de tout problème de ce type sur cette série de montres. Pas d’explications supplémentaires à ce sujet, mais des questions se posent sur la propagation de cette rumeur : His fecit qui prodest...


••• D’APPORTER QUELQUES PRÉCISIONS SUR LE GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE : le décodage de la liste des prix, et surtout celui de listes des non-primés est très révélateur des erreurs de stratégie de beaucoup de marques. Il existe quelques principes de bon usage du Grand Prix d’Horlogerie, mais trop de marques les négligent par méconnaissance de ses procédures internes, qu’on parle du choix des catégories dans lesquelles se placer, du type des montres présentées ou des relations avec le jury. Business Montres a souvent évoqué ces codes à respecter : inutile d’y revenir, mais il est surprenant de rencontrer des patrons de marques arrivés en sélection finale s’étonner de n’avoir pas été primés, alors qu’ils n’en avaient pas respecté ces règles élémentaires


••• DE REGRETTER AMÈREMENT l’absence totale de liaison entre la scène et le public au cours de ce neuvième Grand Prix d’Horlogerie, exactement comme si les personnes présentes au Grand Théâtre de Genève avait été les simples spectateurs passifs d’une émission enregistrée pour la télévision. Apparemment pressés d’en finir au plus vite et soucieux d’« expédier » un maximum de prix en un minimum de temps, Christian Lüscher et Natacha Wenger n’ont pas compris que cette fête communautaire autour des objets du temps réclamait, précisément, de prendre son temps. Surtout en période de crise, où on ressentait presque physiquement le besoin de ressouder la famille autour de quelques valeurs partagées [thème de l’intervention très appréciée de Jean-Claude Biver]. Aucune émotion n’a pu passer entre ceux qui monopolisaient le micro et la salle, frustrée de voir Laurent Picciotto relégué au rang de faire-valoir pour deux « vedettes » qui s’étaient trompées de soirée. L’éclatement ultérieur de la soirée entre le trop conventionnel dîner de gala et l’After aux Bastions n’a pas comblé ce déficit de cohésion, ni surtout effacé la frustration engendrée par l’erreur de casting Lüscher-Wenger.


••• DE BIEN FAIRE COMPRENDRE que mes commentaires à chaud à propos du Grand Prix d’Horlogerie (Business Montres du 15 novembre) n’étaient pas une prise de position politique contre Christian Lüscher : poussant personnellement la philosophie libérale jusqu’au libertarisme, je n’ai rien à lui reprocher de ce côté. C’était tout simplement le constat, évident pour beaucoup de participants, que la crise a, là aussi, tourné une page : on ne peut plus présenter un GPH en 2009 comme au temps de la Bulle Epoque. Les plaisanteries de plagiste et les poncifs d’estrade n’ont plus leur place dans une fête de famille qui doit être conçue comme une opération de cohésion affinitaire, et non comme un simple – et médiocre – « spectacle » alimentaire...


••• DE RELEVER LES PROPOS DE FRANÇOIS-PAUL JOURNE dans son allocution aux personnes présentes samedi au Grand Théâtre de Genève : effectivement, si 100 % de gagnants ont déposé un dossier pour un des prix, 100 % des perdants avaient choisi de ne pas y participer. Donc ils auraient tort de se plaindre. Au-delà de ce constat trop naïf pour être honnête [vu de l’extérieur, c’est plutôt compréhensible], il faut s’interroger très précisément sur les motivations réelles des marques qui refusent d’y prendre part (voir ci-dessous)...


••• DE RAPPELER À CEUX QUI L’AURAIENT OUBLIÉ que les remarques de Business Montres sur la représentativité d’un Grand Prix toujours trop entaché de particularisme genevois ne datent pas de l’édition 2009 : Business Montres milite depuis longtemps pour la mise en place d’un vrai GPH de référence internationale. Au fil de ces pages, on n’a pas cessé de fustiger le manque de transparence et d’indépendance de ce Prix, jusqu’à ce que ses organisateurs avouent eux-mêmes tenter de remédier à ce déficit de transparence et de d’indépendance en proposant la création d’une fondation. Parfait, mais on en reste pour l’instant à la simple déclaration d’intention, sans répondre à une question simple : pourquoi les marques qui ont boudé cette année (et les précédentes) le GPH y reviendraient-elles si rien n’y est fondamentalement changé ? Le problème central reste la mise en place d’un Grand Prix d’Horlogerie suisse (et non cantonal), ouvert à toutes les marques (et non à la camarilla actuelle) et à tous les styles d’horlogerie (et non à la seule « haute horlogerie », dérive de plus en plus nette au fil des ans), dégagé de toute considération commerciale (donc non lié à un groupe de presse) et décerné par un jury aux compétences incontestables. Un seul exemple concernant ces jurés : Jean-Claude Sabrier, membre éminent du jury et historien reconnu du XVIIIe siècle horloger, proclame à qui veut l’entendre qu’il ne connaît rien aux montres-bracelets contemporaines et que ces montres l’emm...t d’ailleurs profondément...


••• DE REPARLER DE L’INSISTANCE DU MESSAGE DE FRANÇOIS-PAUL JOURNE concernant un absent de marque dans ce Grand Prix : la Chine ! L’Aiguille d’or 2008 soulignait : « Demain, les Chinois sauront fabriquer des montres de luxe ». Venant d’un Marseillais installé à Genève pour y défendre une certaine idée de l’horlogerie, une telle prophétie porte ! Et elle reflète les contradictions d’une compétition qui rêve d’une reconnaissance internationale, mais qui reste focalisée sur un microcosme municipal : une marque allemande comme A. Lange & Söhne aurait-elle décroché l’Aiguille d’or si elle n’avait pas fait partie de l’écurie Richemont, dont le siège est genevois ? Fallait-il sauver le soldat Lange ? Après un salve insistante de discours nationalistes pro-suisses et ultra-genevois, quel délicieux paradoxe que cette Aiguille d'or, attribuée à une marque... saxonne dont les montres ne doivent à peu près rien [pas même un spiral !] ou si peu à l’industrie horlogère suisse ! Mais on va encore dire que Business Montres fait du mauvais esprit...

 



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