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Le « Sniper du vendredi » de Business Montres racontait ce matin sa récente découverte d’une concept watch aussi ludique que décalée.
L’histoire a une suite et elle mérite d'être mieux connue...
••• DEUX MOUVEMENTS, DES VILEBREQUINS ET UNE « AIGUILLE DE SERVICE »
A La Chaux-de-Fonds, Louis Chevrolet est un enfant du pays. Personnage haut en couleurs, il a été champion automobile aux Etats-Unis, créateur des automobiles Chevrolet (innovantes par leur puissance et leur carrosserie en aluminium) et d’une écurie de course dont la devise était « Never give up » (« Ne renonce jamais ! »).
Louis Chevrolet, c’est aujourd’hui le nom d’une marque d’horlogerie basée à Porrentruy. Il ne s’agissait jusqu’ici que de montres sportives assez classiques. La concept watch Frontenac Driver 1911 s’annonce d’un tout autre style. Ne serait-ce que par ses dimensions : 55 mm sur le poignet, 22 mm d’épaisseur, ce ne sera pas évident pour tout le monde, mais la position driver – inclinée à 45° – du cadran et l’aspect jouet de cette montre-manchette compenseront certainement cette taille inhabituelle.
Tout autre style également par le design, qui réinterprète ce que pourrait une carrosserie de Chevrolet Corvette 1969 si on pouvait la condenser au niveau d’un poignet : les courbes et les lignes y sont, ainsi que les ouvertures sur le « moteur » et de nombreux détails techniques, comme les compteurs à aiguille ou la couronne à 11 h en bouchon de réservoir. Impressionnant !
Tout autre style, enfin, par le parti-pris mécanique de cette montre. Pour la lecture de l’heure, un cadran relativement classique, incliné à 45° pour une lecture optimale et flanqué de deux compteurs : réserve de marche à droite, « aiguille de service » à gauche (elle indique la nécessité de passer au « garage » – SAV assuré par la marque – après 20 000 heures de marche : une excellente idée horlogère, dont Felix Baumgartner avait été le pionnier pour Urwerk). Le mouvement est un 2892 tout ce qu’il y a de plus ETA, dont une couronne de remontage à 11 h permet la mise au point.
Pour la partie disons... « automobile » de la montre, un second mouvement mécanique anime un « moteur » – il n’y a pas d’autre mot – fait d’embiellages et de vilebrequins visibles sous le « capot » vitré (voir la vidéo d’explication pour mieux comprendre). Ce mouvement est remonté par une couronne-piston situé à droite : on le déclenche par un poussoir-piston situé à gauche de la montre (ces deux pièces sont décorées du « Lucky 8 » fétiche de Louis Chevrolet, qu’on retrouve également sur les vis d’habillage). Ce poussoir-piston sert aussi d’« accélérateur » pour le « moteur » et le « compte-tours » logé derrière la montre, dont les deux mouvements restent partiellement visibles.
Cette Frontenac Driver 1911 (nombreuses autres images sur le site de la marque) en est pour l’instant au stade du développement, sa conception et son design étant assurés en interne par Anthony Saunier, de même que la complication du mouvement LC 01 et les pièces d’habillage seront réalisés dans les ateliers de la marque et chez les sous-traitants de Porrentruy. Objectif : une série limitée à 100 pièces, livrables début 2011 pour le centenaire de la création par Louis Chevrolet de la Chevrolet Motor Car Company, en 1911.
••• ON NE PEUT QUE SOUHAITER À CETTE « CONCEPT WATCH » d’aller jusqu’au bout des rêves qui l’ont engendrée et qu’elle ne manquera pas de susciter. Ce n’est pas une coïncidence si ce projet est né dans le Jura suisse, creuset créatif de plus en plus innovant de toute l’industrie horlogère suisse et fontaine de jouvence pour les marques genevoises ou neuchâteloises aux neurones en bout de course...
• Cette pièce est aussi une confirmation de l’actuelle double orientation du marché des montres. D’une part, des marques qui misent prudemment sur le « retour au classique » et qui se concentrent sur des enjeux non spectaculaires comme les hautes fréquences, les échappements de précision ou les multi-complications : une grande sonnerie, à la rigueur un tourbillon-répétition minutes, sinon rien !
• D’autre part, des marques qui prennent des risques créatifs, dans la forme comme dans la mécanique, et qui explorent de nouvelles voies pour afficher l’heure ou imaginer d’autres objets du temps : il est interdit de s’interdire quoi que ce soit... Cette Driver 1911 est la preuve qu’on peut aller très loin sur ce terrain conceptuel !
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