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Richard Mille - Il fait fortune avec ses montres à 200 000 €
 
Le 02-12-2009

Richard Mille a donné son nom à des montres parmi les plus chères au monde

Richard Mille a donné son nom à des montres parmi les plus chères au monde. Une renommée acquise en moins de dix ans, auprès de clients portés sur l'ultra-luxe, la démesure et le bling-bling. Si les « RM » sont fabriquées en Suisse, leur patron a installé ses bureaux près de Rennes, dans un château.

Le temps, c'est de l'argent. Jamais un dicton n'aura aussi bien convenu à un homme. Cet homme, c'est Richard Mille. Un fabricant de montres arrivé sur le tard. En un peu moins de dix ans, ce Français né à Draguignan aura su imposer sa marque dans un milieu pourtant dominé par les grandes fabriques horlogères suisses. Dont certaines - Patek Philippe par exemple - sont plus que centenaires.

Dès 2007, l'une des montres de Richard Mille recevait l'Aiguille d'or du grand prix d'horlogerie de Genève. Cette année, il a raflé, en Suisse, le prix de la montre de sport pour son modèle de plongée. Et il y a quelques jours encore, il participait au salon international de l'horlogerie de prestige à Paris.

En un temps record, les montres Richard Mille sont devenues parmi les plus prisées au monde. Et les plus chères aussi. Pour acquérir une « RM », il faut débourser en moyenne 200 000 € (la gamme démarre à 30 000 €). Certaines pièces dépassent même 500 000 €. A ce prix-là, on hésiterait presque à donner l'heure... Et pourtant, il en est fabriqué près de 2 500 par an. « Et la demande est plus forte que la production », indique-t-on dans l'entourage de l'entrepreneur.

Bref, selon les critères du publicitaire Jacques Séguéla, Richard Mille n'a vraiment pas raté sa vie. À 58 ans, non seulement, il peut s'offrir une Rolex. Mais il possède une fabrique de montres ! Ses ateliers, qui sont installés dans la commune des Breuleux, en Suisse, emploient 70 personnes...

Sur un coup de coeur, « RM » s'est installé, en 2002, dans le superbe château de Monbouan (XVIIIe siècle), à Moulins, non loin de Rennes, où il vit discrètement et où il a installé ses bureaux. « Ma femme voulait vivre à la campagne. Moi, je ne voulais pas habiter en Suisse. On est tombés sur cette demeure... » C'est ainsi. L'homme n'est pas du genre à tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Il n'est pas horloger de formation. Et alors ? « Enzo Ferrari n'était pas ingénieur automobile. Cela ne l'a pas empêché de construire de superbes voitures de sport. »

Dont acte. Richard Mille n'est pas horloger. Il est en revanche passionné de mécanique. Après être passé par une école de commerce, il fut directeur commercial chez Matra Yema puis, durant près de cinq ans, responsable de la division horlogerie au sein de la maison Mauboussin, place Vendôme à Paris.

Mais, en 1999, après un désaccord sur la stratégie commerciale avec la famille du joailler horloger, il lance sa propre ligne de montres. « Je voulais un produit implacable, extrême, sans contraintes liées au coût. Aujourd'hui, il y a des sociétés de luxe qui font fabriquer leurs produits en Chine pour maîtriser leurs coûts de revient. Moi, je ne voulais pas de ça. »

Force est de reconnaître que les montres « RM » sont extrêmement sophistiquées. C'est l'une des raisons de leur renommée. Chaque boîtier fait l'objet de plus de 200 opérations d'usinage. Celui en titane de la RM 016 a, par exemple, bénéficié d'un procédé d'oxydation par électro-plasma qui permet d'améliorer la dureté du métal (et donc sa résistance), selon une norme en principe appliquée dans l'aérospatiale ou dans le secteur médical... « Ses montres se reconnaissent d'un coup d'oeil. Il est le premier à avoir sorti des modèles très différents du classicisme qui prédominait jusqu'alors », convient Hervé Borne, auteur de l'ouvrage Des montres et des hommes.

Mais le design et la technicité de ces montres ne suffisent pas à expliquer leur renommée. « C'est aussi un hold-up marketing. Il est arrivé à un moment où les boîtiers tonneaux, ses premières montres, revenaient à la mode. Où de nouveaux clients, tels que les Russes, apparaissaient sur ce marché. Et il a su faire sa publicité », analyse Romain Réa, expert en horlogerie.

« Il a été malin. Il a lancé une communication basée sur le slogan : Richard Mille, des montres à 300 000 €. De la sorte, des clients dont la RM ne coûtait 'que' 70 000 € pouvaient aussi se sentir membres du club des plus de 300 000 € », précise Stéphan Ciejka, rédacteur en chef du mensuel La revue des montres.

De fait, Richard Mille a su s'engouffrer dans un marché de niche : celui du très grand luxe. Pourquoi ses clients (dont le pilote de Formule 1 Felipe Massa) sont prêts à investir de telles sommes dans des montres ? Pour certains, il s'agit d'un placement. Les plus prestigieuses gagnent de la valeur avec le temps. Pour d'autres, la frime ? L'illusion de maîtriser le temps ? « Les RM intéressent des collectionneurs qui avaient déjà tout. Mais aussi des gens un peu portés sur le bling-bling », note Hervé Borne.

Richard Mille, lui, a en tout cas su attirer l'oeil des grandes fortunes de ce monde. Pour combien de temps ? Un vieux proverbe sanscrit affirme que si les Humains disent que le temps passe, le Temps, lui, dit que ce sont les Humains qui passent...

ouest-france.fr

 



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