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RJ-ROMAIN JEROME : C’était bien Manuel Emch !
 
Le 10-12-2009
de Business Montres & Joaillerie

L’ancien président refondateur de Jaquet Droz (Swatch Group) est nommé directeur général de RJ Watches (Romain Jerome) avec une mission de... refondation de la marque.

••• UNE RELÈVE EN FORME DE DÉFI PERSONNEL

• La nouvelle n’en est pas une pour les lecteurs de Business Montres, informés bien avant la présentation officielle ! De même qu’ils avaient été informés bien avant tout le monde du départ d’Yvan Arpa de la direction de RJ-Romain Jerome (Business Montres du 6 juillet) et de la démission de Manuel Emch de la présidence de Jaquet Droz (Business Montres du 30 septembre) : votre Quotidien des Montres reste en prise sur l’actualité effective des montres et de ceux qui les font.

• On enlève donc les conditionnels (nouveaux guillemets mentaux) qui paraient l'annonce officieuse de cette nomination...

• Pas une surprise, donc, mais pas une partie de plaisir non plus : il n’est jamais aisé de succéder à un patron charismatique capable d’incarner une marque au point de s’y identifier. RJ Watches (nouveau nom que semble la marque Romain Jerome) aura tout de même attendu cinq mois pour lui dénicher un successeur : il est vrai que le board comprend quelques « pointures » horlogères comme François Tissot, l’aventurier des conseils d’administration en détresse (cet ex-Chopard, dont Business Montres avait révélé l’exfiltration-surprise en octobre 2008, intervient également chez de Grisogono pour cadrer la relance de la marque)...

• Avec Manuel Emch, très heureux à la pensée de venir habiter Genève, où il pourra jeter les bases de sa future galerie d’art contemporain, on voit se consolider la nouvelle génération des quadras qui prendront les rênes de l’industrie horlogère dans les années dix.

• Passé par la direction générale élargie du Swatch Group, il en sait long sur les finesses diplomatiques de la guérilla et de la survie au sein d’une hyper-structure tentaculaire, mais il aura également appris chez Jaquet Droz l’art de poser les fondations d’une marque et d’en bâtir les premiers étages : savoir-faire qui lui sera utile pour recréer une dynamique autour des « légendes » de RJ-Romain Jerome, dont on le sent prêt à pousser le concept très loin, dans les déclinaisons ciblées (légendes typiquement féminines, légendes exclusivement locales, légendes spécifiquement culturelles) comme dans les extensions des territoires acquis.

• Il a l’avantage d’avoir un mandat assez flou pour lui laisser toutes les libertés, ainsi que les moyens nécessaires pour aller très loin, l’actionnaire (famille princière séoudienne) et le board ayant compris qu’on était désormais dans une logique de renaissance et non de replâtrage. Il a aussi l’aiguillon personnel que donne la certitude d’être attendu au tournant, sans tendresse particulière, et l’envie d’ouvrir une nouvelle « séquence » à succès dans son propre parcours horloger.

• Le secret de sa quête : l’émotion, les émotions qu’on peut créer avec les objets du temps, la mobilisation affective qu’une marque doit pouvoir susciter avec des propositions qui dépassent la banale fonctionnalité de la montre pour toucher à des sphères plus métaphysiques, au-delà des mots et de la « quincaillerie » horlogère. Comme tous les tempéraments naturellement un peu froids, Manuel Emch est à la recherche de sa moitié d’orange et du complément caractériel capable de compléter sa personnalité...

• Et RJ-Romain Jerome dans tout ça ? On en saura plus à Bâle (intuition Business Montres : les nouveautés seront déjà très « emchiennes »], dans le nouveau grand stand mis en place par la marque au cœur du Hall 1.1.

• D’ici là, pas un mot plus haut que l’autre [officiellement] sur les démêlés au pénal et au civil entre Yvan Arpa, le prédécesseur de Manuel Emch, et la marque, même si la tension reste assez palpable six mois après la crise de l’été dernier.


••• AU PASSAGE, FÉLICITATIONS À TOUS LES CONFRÈRES qui précisaient après la conférence de presse officielle qu’ils « le savaient depuis deux mois », bien évidemment, et qui avaient donc courageusement choisi de le garder pour eux, sans en informer leurs lecteurs. Quelle abnégation !

 



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