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La spéculation sur les Patek Philippe de collection atteint des sommets : on voit tout et n’importe quoi passer aux enchères.
Raison de plus pour regarder de près le lot n° 92 de la prochaine vente new-yorkaise de Patrizzi & Co.
••• PATEK PHILIPPE, RÉF. 2499, OR JAUNE, DEUXIÈME SÉRIE...
Le bon maintien global du marché des enchères n’est pas dû aux « petites » pièces, mais à l’explosion des montres exceptionnelles. Les collectionneurs surpaient la rareté et dévaluent le tout-venant, alors que, voici deux ans, tous les prix s’envolaient. Pour s’imposer dans un catalogue, une montre doit donc désormais sortir de l’ordinaire.
Le lot n° 92 de la prochaine vente new-yorkaise de Patrizzi & Co relève de cette catégorie exceptionnelle. Pour plusieurs raisons. Apparemment, ce n’est qu’une réf. 2499 comme il en passe plusieurs dizaines par an aux enchères : c’est la montre-fétiche des collectionneurs et il faut en avoir une pour faire partie de l’élite. En plus de son esthétique parfaite (le cadran est un modèle d’équilibre et d’harmonie) et de sa qualité d’exécution, un de ses avantages de ce modèle est d’être encore portable côté taille : elle fait près de 38 mm, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de chronographes Patek Philippe plus anciens ou même plus récents. Du coup, la cote a explosé : une de ces montres, n° 868599, vendue 160 000 francs suisses en 1995 par Antiquorum, a atteint 1,93 million de francs suisses chez Christie’s en 2008...
Toutes les 2499 ne se valent pas. Ce lot n° 92 se distingue par sa condition quasi-parfaite. Elle est de la bonne série (la deuxième sur quatre), avec les index bâtons, les aiguilles Dauphine et les poussoirs champignon. Zéro faute jusque-là. Le cadran, à échelle tachymétrique est strictement d’origine, comme neuf, avec juste ce voile de patine qui rend les collectionneurs fous de désir ! Le noir des chiffres et des chemins de fer est comme neuf : on y lit le cinquième de seconde comme au premier jour. Le mouvement semble également tout juste sorti des ateliers de la manufacture. A ce niveau de perfection, ce n’est plus une montre, c’est une icône...
Confirmation avec l’état tout aussi exceptionnel du boîtier, dont on distingue encore le polissage d’origine : les angles sont vifs (alors que tant de 2499 ont été abusivement repolies), la couronne présente un galbe impeccable et les cornes sont irréprochables. On dirait que les poinçons viennent d’être frappés. Il y avait longtemps qu’une 2499 de cette qualité n’était pas passée aux enchères.
Osvaldo Patrizzi l’annonce à 650 000-850 000 dollars. C’est assez défensif comme estimation, surtout avec un concept « zéro commission » qui peut pousser les collectionneurs à se lâcher un peu plus. Résultats mardi, dans la nuit (heure européenne).
••• « PIÈCES MAÎTRESSES DE L’HORLOGERIE – GARDE-TEMPS EXCEPTIONNELS »
Les autres lots du catalogue de cette vente de New York ne manquent cependant pas d’intérêt. Les montres y sont regroupées par marques, ce qui ouvre d’intéressantes perspectives sur l’évolution des collections, qu’on parle ou non de pièces compliquées. Au hasard des pages :
• Bonne marchandise Rolex, dont une somptueuse « Mobutu » (N ° 26) : à force d’être moquée par les amateurs, cette Daytona Leopard va devenir une rareté pour les collectionneurs !
• Classiques complications chez IWC, A. Lange & Söhne, Breguet, Audemars Piguet, Vacheron Constantin (lot n° 34 : une Répétition minutes pièce unique) ou chez Girard-Perregaux (quelques Ferrari désormais collectors et finalement sous-cotées)...
• Une B-Uhren parfaitement documentée de A. Lange & Söhne, datée de 1943, achetée en Allemagne en 1945 et restée depuis aux Etats-Unis (lot n° 41, estimé 7 000-9 000 dollars, ce qui serait une belle affaire).
• Quelques montres gravées Panerai pour Purdey (lots n° 13-15) : apparemment, c’est tout un stock qui a été réparti entre plusieurs maisons d’enchères...
• Un Tourbillon à glissière Harry Winston (mouvement de Christophe Claret et design d’Eric Giroud) qui fait son baptême du feu aux enchères (n° 48, estimé à 240 000-280 000 euros).
• Quelque pendulettes exceptionnelles (Cartier, deux Black Starr & Frost « contextualisées), qui sont en même temps de vraies œuvres d’art.
• Et plein d’autres Patek Philippe, dont une rarissime réf. 503 datée de 1934 et dotée du premier mouvement entièrement manufacture conçu par Patek Philippe pour une montre-bracelet (n° 71). Classiques des hauts sommets aux enchères : la Celestial réf. 5102 (lot 89) ou la Répétition minutes réf. 5074. Curiosité : la Sculpture « russe » réf. 5091/1A-001 (lot n° 80), éditée à 300 exemplaires et témoin d’un style mi-rond mi-Nautilus, dont on peut noter la couronne façon Ballon Bleu de Cartier...
• Ultime friandise pour les amateurs fortunés : un lot de quatre chronographes Patek Philippe réf. 3970 E, commandés en pièces uniques par un riche collectionneur chinois, qui aimaient les cadrans à index sertis de diamants et qui les assortissaient à la couleur des quatre métaux précieux de sa série, réalisée en commande spéciale par Patek Philippe. Ce lot 91 devrait dépasser le million de dollars : cette année, malgré la crise, le père Noël a les moyens...
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