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Dernier « 360° du Lundi » de l'année pour cause de vacances horlogères.
Pour ce solstice d'hiver, votre Quotidien des Montres vous propose une dernière brassée d’actualités centrées autour des montres et de ceux qui les font.
••• PARIS-LONDRES
Pas en TGV (au vu des récentes péripéties de l’Eurostar sous le tunnel et sous la neige !), mais entre boutiques françaises qui se concurrencent jusque dans la capitale anglaise : deux inaugurations de vitrines d’horlogerie françaises la semaine dernière, avec deux enseignes qui ouvraient leurs portes le même jour, pratiquement à la même heure, au cœur de Londres ! Kronometry1999 a posé ses vitrines sur Bond Street (Bell & Ross, Jaquet Droz, Cvstos, Ulysse Nardin, DeWitt et quelques autres), alors qu’Arije a préféré Sloane Street pour y exposer Cartier, IWC, GP, Roger Dubuis, Breguet, Guy Ellia ou Ulysse Nardin. Le plus dur pour les deux : obtenir à Londres la prolongation des contrats qui les lient avec les mêmes marques... en France !
••• NOUVELLE MARQUE (1)
Une nouvelle marque californienne repérée grâce à son premier spot commercial : quoique techniquement très sautillant, cette vidéo ne peut pas cacher les nombreux emprunts à Hublot, dont la marque Meister (Los Angeles) a un peu trop « ciblé » le profil. Trois collections (Ambassador, qui est la plus big-bangienne, Superstar et Chief, qui ne le sont pas moins), avec boîtiers 43 mm, mouvements chronographes quartz Seiko, couleurs vives et prix entre 200 et 300 dollars.
••• NOUVELLE MARQUE (2)
Une autre nouvelle marque californienne (décidément !), cette fois sur un créneau original et à peu près vierge de toute concurrence : la montre de pilote pour les femmes. Cible étroite, même aux Etats-Unis, mais Abingdon, entreprise fondée par la belle Chelsea « Juice » Welsh entend proposer aux femmes des montres d’aviation « à la mode et conçues pour les aventurières », qui doivent pouvoir les porter à la ville comme dans les airs. Deux collections, Jackie (chrono) et Amelia (GMT), avec une règle à calcul qui rappelle Breitling, mais dans un goût plus girliescôté couleurs du cadran en nacre ou du bracelet (mouvements à quratz japonais, 250 à 400 dollars). Les noms de ces deux collections sont les prénoms de célèbres pionnières de l’aviation...
••• NOUVELLE MARQUE (3)
Toujours en provenance des Etats-Unis, mais cette fois de Floride, Renato Collezioni se pose en mix italo-suisse capable de réinterpréter pour un public américain quelques grands classiques de l’horlogerie européenne. Au premier rang des influences flagrantes, on vérifiera l’extraordinaire ressemblance de certains modèles, comme les Renato Valjoux, les Renato Cyclops ou les Renato Stallion avec les piliers de la collection Roger Dubuis. Pour le reste, rien de très original, sinon quelques adaptations rigolotes, comme les « clous de Paris » de la Vulcan devenus les « claude de Paris texture on the dial » (?). Pas grave, c’est le métier qui rentre !
••• HEURES À AIGUILLES FIXES
Ou du moins sans aiguilles qui tournent, alors même que la montre donne l’heure exacte à la minute près : c’est le concept malin de la Watch proposée par le jeune designer russe Stas Aki, qui remet définitivement tous les montres à la même heure, un 10 h 10 immuable qui n’empêche pas la montre d’être ultra-précise, à la seconde près (seule l’aiguille des secondes est mobile). Comment ça marche ? A méditer grâce à la vidéo de démonstration. Sur le simple plan de la philosophie du temps, c’est assez vertigineux comme expression horlogère...
••• BVLGARI
Question posée par les syndicats du personnel chez Bvlgari Time (Neuchâtel), mais laissée sans réponse par le siège de Rome : « Serait-il possible que le groupe Bvlgari abandonne son établissement de Neuchâtel, alors même que nous arrivons à la fin de la période des dix années d’exemption fiscale accordée par les autorités du canton » ? Bref, « un déménagement serait-il à l’ordre du jour » ? L’absence de réponse claire n’est pas forcément rassurante...
••• 4N
On ne présente plus le concept 4N aux lecteurs de Business Montres, qui avaient eu la chance de le découvrir dès le 22 octobre et qui figurait parmi les « concepts virtuels les plus excitants de 2009 » (15 décembre). Pour ne pas finir l’année sur une frustration, une vue de ce que sera la « vraie montre » : le modèle 4N-MVT01/D01/4 (ci-dessus) est une pièce dont la production est limitée à 16 exemplaires, avec un mouvement propre de manufacture, défini par une complication mécanique à remontage manuel et un affichage numérique sur 12 heures. Il est fondé sur une configuration intelligente de disques en rotation discontinue. Trois sous-ensembles de disques, en alliage d’aluminium, maintenus dans des structures cages en carbone s’animent pour révéler l’heure selon un affichage sautant au passage des minutes (4 disques pour l’heure, 5 pour les minutes, et 1 pour les dizaines de minutes). Le dispositif emploie un système de saut à force constante qui garantit une dépense d’énergie minimum, quel que soit le degré d’armage.
Ce modèle sera proposé en or banc 18K ou en platine. Le cadran, surmonté d’une glace en verre saphir, cadre en son centre l’éclat orangé des chiffres. Un verre saphir de fond de boîte révèle les subtilités du mouvement mécanique. Le bracelet dont la nature pourra être choisie parmi un ensemble de matières nobles, est monté sur la boîte par un système d’attaches automatiques et offre la possibilité d’une mise à longueur individualisée. Le modèle est, en outre, doté d’une mise à l’heure aisée, permettant de régler les chiffres des heures indépendamment de minutes.
••• FRANÇAISE D’HORLOGERIE
Belle dynamique pour un importateur français de montres venues d’Asie : Française d’horlogerie distribue une grosse vingtaine de marques positionnées en entrée de gamme (Japon et Chine, avec des un réel souci du design et du prix, forcément accessible). La marque vend en ligne quelques raretés du groupe Seiko (labels difficiles à trouver en Europe), des « montres de designers » plus ou moins scandinaves, des marques sino-allemandes et beaucoup de « spécialités » (plongée, aviateur, etc.). Dommage que Française d’horlogerie soit en train d’arrêter la distribution des montres B-Barrel, montres très horlogères à base de mouvements mécaniques chinois repris du légendaire Venus 175 suisse. On pourra notamment découvrir sur le site la collection des Flying Tigers – Since 1941, hommage japonais à la célèbre escadrille américaine de la Seconde Guerre mondiale, fatale à tant d’avions Zero japonais : un peu comme si une marque française lançait une marque hommage aux Junkers Stuka du IIIe Reich !
••• À L’HEURE DE L’HORLOGERIE
Beau ratage dans un des suppléments publicitaires en ligne du Monde (France) : l’idée était de présenter différentes montres (sport chic, femme, complication, urbaine, etc.) avec des animations de modèles capables de donner l’heure en fond d’écran. Manque de chance, on a fait fonctionner les aiguilles de chrono, et non les secondes réelles, ce qui donne un aspect un peu surréel à ces montres. C’est le cas notamment de la TAG Heuer Carrera (« Sport et chic ») et de la Omega Speedmaster (« Complications utiles »). On nous affirme que ces montres « ont pour rôle principal de donner une image dynamique de leur porteur ». Elles ne donnent pas en tout cas une image d’authenticité – mais plutôt de toc marketing – au site qui les présente...
••• ROYALTIES
L’ex ou futur roi (allez savoir !) Michel de Roumanie vient de procéder aux traditionnelles cérémonies de remise des cadeaux de fin d’année à ses employés du palais Elisabata de Bucarest. La reine Anne, la princesse héritière Margarita et le prince Radu de Roumanie – pays qui est toujours officiellement une république – étaient présents. Le site du prince Radu (pour le Gotha : Radu de Honhenzollern-Veringen, représentant spécial du gouvernement de Roumanie) – « Romania, Altfel » – nous propose quelques images de ces cadeaux, sur lesquels on reconnaît des shopping bags de maisons de luxe comme Cartier, Louis Vuitton ou Hermès. Belle générosité royale !
••• TAG HEUER
« Je t’aime, moi non plus » : le décodage de la position réelle de TAG Heuer vis-à-vis de Tiger Woods relève d’une subtilité mandarinale dont les évolutions (contorsions ?) quotidiennes ne passent pas très bien à l’âge d’Internet. Le temps que les amateurs de karaoké horloger – ceux qui répètent au micro les paroles des autres sur la musique des autres – réagissent, le message a déjà changé ! Tous ces télescopages entre « Je t’aime, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout » pour en arriver là : pas très pro...
Aux dernières nouvelles, le « Tigre » reste dans l’équipe des « ambassadeurs » de TAG Heuer, mais son image n’est désormais plus exploitée aux Etats-Unis pour ne pas heurter la sensibilité de certains publics. Autant de cafouillages et de communications contradictoires et enchevêtrées pour en arriver là ! Comme dit Jean-Christophe Babin, il y a comme un « bug » qu’il faudra réparer à la rentrée : deux « bugs » majeurs en quinze jours, c’est beaucoup pour une marque qui avait toujours jusque-là fait preuve d’un certaine maîtrise dans un domaine-clé pour son image de marque...
La question de l’avenir de Tiger Woods dans cette écurie de « célébrités » TAG Heuer reste néanmoins posée : à quoi bon miser – hors des Etats-Unis – sur un champion retiré des affaires et dont le nom est désormais plus connu par son récent sex scandal international que par ses exploits sous le par ? « Tant qu'il ne jouera pas, il y aura bien moins d'intérêt pour nous à exploiter son image. Or nul ne sait quand il se décidera à rejouer », admet Jean-Christophe Babin dans Le Matin (Suisse). Avec cette porte ouverte sur d’autres évolutions : « Pour casser le contrat, il faudrait qu'on apprenne des choses bien plus graves. Une affaire de dopage, par exemple. (…)
Il me semble qu'une célébrité a des obligations de comportement qui ne sont pas les mêmes que pour les gens normaux. Quelque part, vous devenez un modèle, et cela ne se limite pas aux aspects sportifs. Personne n'est parfait, mais une célébrité ne peut pas tout se permettre »…
On trouve encore encore sur le site Tag Heuer, rubrique Stars et glamour, une notice Tiger Woods qui laisse rêveur par rapport aux révélations de ces derniers jours : « A travers son style personnel et ses résultats, il incarne à la perfection les valeurs de prestige et de performance chères à TAG Heuer. Sa quête obsessionnelle d'exploits et de perfection, sa résistance à la pression, sa capacité à répondre aux attentes, puis à les dépasser, mais aussi sa passion pour la discipline – tout le désignait comme partenaire naturel de la marque ».
Quelques épouses non-américaines pourraient se poser des questions sur ce « style personnel », ces « valeurs de performance », cette « résistance à la pression » [Tiger Woods en est maintenant à raconter que son mariage était « bidon » et juste destiné à lisser davantage son profil !], cette « quête obsessionnelle d’exploits » ou cette « passion pour la discipline » ! Celle-là, il fallait l’inventer. A quand le « nettoyage » du site ?
••• MAUBOUSSIN
S’il est très louable de voir faire descendre les marques de luxe dans le métro parisien, ce n’est pas un exercice exempt de tout danger : que penser des dizaines de SDF qui viennent, pour échapper aux grands froids, viennent se réchauffer et dormir la nuit dans les stations de métro juste sous les affiches 4 x 3 de Mauboussin, qui en rajoutent dans la joaillerie « Gueule d’amour », « Tu es le sel de ma vie », « Perle Caviar mon amour », « Tu es mon soleil » ? Faire la manche sous un bijou « Couleur Baiser » ou « Fou de toi », c’est quand même un sacré raccourci sociétal (via le blog Paris Libre) !
••• LUXE
Une nouvelle étude Eurostaf (France) sur « Le secteur du luxe à l’épreuve de la crise » : analyse classique par l’équipe de Nicolas Boulanger, à la fois sur l’organisation du secteur, ses performances, ses perspectives d’évolution (horizon 2012) et ses atouts pour la reprise. Même si cette étude n’est pas centrée sur l’horlogerie, les comparaisons entre les groupes de luxe dessinent des pistes de réflexion sur l’après-crise et les stratégies de recentrage ou de restructuration en cours. Présentation de l’étude « Adapter la stratégie au retournement du marché tout en préparant la sortie de crise » et sommaire sur le site d’Eurostaf (lien ci-contre)...
••• ETA
En grec, Êta est la septième lettre de l’alphabet. Dans la numération grecque, elle équivaut au chiffre 8. Êta, qui s’écrit H en majuscules et η en minuscule, correspond à notre H. Comme Hayek ? Ceci en accompagnement de la polémique soulevée par Nicolas Hayek à propos de l’arrêt éventuel des livraisons de mouvements ETA aux marques extérieures au Swatch Group (Business Montres du 18 décembre)...
••• SWATCH GROUP
Quelques absents dans notre analyse des propos de Nicolas Hayek (18 décembre) : parmi les industriels capables de réaliser des spiraux de qualité en quantités industrielles, il faut évidemment compter sur les Japonais (Seiko et Citizen), sur les Chinois (manufacture de Shanghai), sur les Russes (les usines ex-soviétiques sont intactes), les Allemands et les Indiens (groupe Tata). Tous pourraient d’ailleurs développer en Suisse une production ad hoc, selon la bonne vieille formule de la loi de l’offre et de la demande sur un marché capitaliste ! La vraie pénurie de spiraux est donc plus fantasmatique que réelle à moyen terme.
Ce qui est certain que les « sept, voire plus, fabricants de spiraux, à des échelles plus ou moins industrielles » annoncés par Business Montres ne sont pas prêts à se lancer dès demain matin dans une production capable de remplacer celle de Nivarox ! Qui sont ces fabricants, capables d’une offre plus ou moins signifiante en volume et en qualité ? Citons (on en oublie) Rolex, Soprod, Vaucher, Straumann, Jaeger-LeCoultre/Valfleurier, TechnoTime, Patek Philippe, Dimier (Bovet), De Bethune, Roger Dubuis, Eterna-Porsche Design et quelques autres dont on ne peut pas encore parler, à Genève ou dans les vallées. Délai de mise en place industrielle réaliste selon un expert : 18 à 24 mois. Pendant lesquels il faudra compter avec la puissance d’un Swatch Group bien décidé à ne pas laisser piétiner ses plate-bandes : du fait de sa position dominante (non monopolistique, cependant), le groupe peut « tirer » les prix à sa guise et « ouvrir les robinets » pour écraser dans l’œuf toute velléité concurrentielle. Difficile de rentabiliser des séries industrielles alternatives quand le leader peut « écraser » les prix aussi longtemps qu’il le faudra pour asphyxier ses compétiteurs ; là encore, l’économie de marché a ses lois...
••• TÉLÉSCOPAGE
Sur la page d’accueil de L’Express (France), un télescopage (aujourd’hui disparu) entre un encadré sur « Comment se lancer dans une collection de montres ? » et un sondage lecteurs à propos de Julien, qui ne sera pas poursuivi pour ses dépenses de luxe, notamment horlogères (via Arrêt sur images)...
••• PROCHAIN ÉPISODE : 4 JANVIER 2010
Vous retrouverez donc votre prochain « 360° du Lundi » le 4 janvier prochain, pour une année 2010 qui s’annonce décisive. Si Nicolas Hayek annonce pour 2010 que « la vraie sélection naturelle, économique, darwinienne, ne fait que débuter » en précisant qu’il « risque d’y avoir de la casse », ce n’est pas qu’il lit attentivement Business Montres (il le fait aussi !), qui annonce cette « sélection darwinienne » dans les mêmes termes depuis longtemps (dernier exemple le 5 novembre, mais c’était déjà le cas le 19 mai ou même le 7 mars). C’est qu’il a grosso modo la même lecture des retours du terrain et qu’il en fait sensiblement la même interprétation que Business Montres : pour beaucoup de marques, l’été a été « meurtrier » et l’automne pratiquement (et logiquement) « mortel ». Faute d’une reprise substantielle en cette fin d’année, elles risquent donc de ne pas passer l’hiver !
Si les groupes protègent relativement bien leurs « grandes marques » et si les « petites marques » parviennent à réduire la voilure à l’extrême en acceptant de renoncer à leurs profits passés, que dire des « autres marques » ? Elles n’ont pas la possibilité de se mettre en « hibernation », ni les moyens de se relancer vigoureusement en adoptant des stratégies commerciales de survie : le processus darwinien est inéluctable.
C’est de toute cela dont nous reparlerons début janvier, à quinze jours des salons Genève 2010 et à une soixantaine de jours de Baselworld 2010.
D’ici là, bonnes fêtes de fin d’année à tous les lecteurs !
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