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Pour la dixième fois depuis 1973, la bijouterie Bonnet, à Sierre (VS), a été victime d'un cambriolage. Cette fois, la vitre blindée a résisté aux coups portés avec une grille d'égout!
Les vibrations, presque plus que la sirène d'alarme et le feu tournant, réveillent tout le bâtiment et le voisinage. «Cela a fait passablement de chambard!» confirme Christian Nanchen, conseiller communal qui habite un appartement tout proche.
Malgré les coups, rien ne cède. Les trois malfrats repartent bredouilles, après avoir causé des dégâts estimés à des dizaines de milliers de francs. Car, malgré cette tentative avortée, des bris de verre ont plu sur certaines pièces exposées, qui sont endommagées. Pour la bijouterie Bonnet, c'est le second cambriolage cette année, le dixième depuis 1973!
Le commerce attire. Il se situe au coeur de Sierre (VS), on peut se garer discrètement à l'arrière... «Et nous sommes aussi les seuls à avoir certaines marques, présentes dans les stations valaisannes, mais pas en plaine», souligne Gil Bonnet.
«Ils viennent cogner»
Lui et son fils Alain n'en peuvent plus. «On a le métier le plus dangereux du monde», répète le bijoutier. «Il y a de quoi se faire du souci dans la profession. On sort déjà de nos vitrines, chaque soir, 50% de notre marchandise. Et, malgré ça, ils viennent cogner. On ne peut pas non plus tout retirer, c'est notre meilleure publicité!» enchaîne Alain Bonnet.
La bijouterie a perdu ainsi 160'000 francs en 1976, le plus gros butin. Malgré les indices, dont une fois des traces de sang, personne n'avait été arrêté jusque-là. Mais les temps changent, tout comme les mesures de sécurité. En janvier de cette année, les malfrats qui se sont attaqués à la bijouterie sierroise ont ainsi été rapidement pincés et la totalité de leur butin a pu être récupérée. «J'ai envoyé une lettre de remerciements à la police cantonale, ils n'avaient jamais vu ça», glisse Gil Bonnet.
La zone où se situe la bijouterie est considérée, par la police communale, comme un «endroit délicat». «C'est pourquoi, depuis cette année, nous avons doublé la présence des policiers, à pied, dans cette région entre 21 h et 23 h, détaille le commissaire Paul-Alain Beysard. Nous n'avons pas l'intention de mettre de nouvelles caméras aux alentours. Nous incitons les particuliers à le faire en entente avec nous. Cela a déjà donné des résultats...»
Violé dans sa passion
Et les assurances posent leurs conditions. La bijouterie sierroise s'est métamorphosée en un véritable Fort Knox. Les vitres blindées atteignent une épaisseur de 36 millimètres. Les présentoirs sont séparés et compartimentés par des verres tout aussi résistants. Cinq caméras de surveillance balaient les lieux. Lors du précédent cambriolage, les auteurs avaient failli abandonner tant la vitre mettait du temps à céder.
Gil Bonnet vend du rêve, mais aujourd'hui il se sent violé dans sa passion. «Où va-t-on? interroge-t-il. Ici, c'est Sierre, une petite ville tranquille. Un de mes collègues, au neuvième cambriolage, m'a dit: «Tu ne m'as pas encore battu, j'en suis à mon quatorzième.» Mais lui, il habite près de Zurich!»
Joël Cerutti
LeMatin.ch |