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On s’achemine ainsi vers la fin de la polémique Sarton-Perrelet pour l’invention du premier mouvement automatique à rotor.
Le dessin d’Hubert Sarton miraculeusement retrouvé par Joseph Flores semble correspondre en tous points aux mouvements automatiques jusqu’ici un peu vite attribués à un bien improbable « M. Perlet »...
••• LE CLAN « PERRELETISTE » SEMBLE ASSOMMÉ
Au lieu de se trouver rallumée par Joseph Flores, la « guerre des rotors » risque au contraire de s’éteindre d’elle-même, faute de contradicteurs : Business Montres signalait fin novembre « le retour de Sarton », avec, début décembre, une authentification graphologique du dessin décisif retrouvé par Joseph Flores (1er décembre).
Même la marque Perrelet ne croit plus guère à la thèse de l’invention du mouvement automatique à rotor par Abraham-Louis Perrelet, alors qu’elle fondait jusqu’ici son identité de marque sur les créations de ce « grand horloger ». Pour la marque, « c’est désormais un débat d’historien », qui ne doit pas créer d’interférence avec les opérations commerciales de la maison Perrelet. Il y a encore deux ans, Perrelet faisait monter ses avocats au créneau face à Joseph Flores...
L’absence de réaction des historiens officiels de l’horlogerie au XVIIIe est en elle-même révélatrice : alors qu’ils méprisaient avec une certaine condescendance les arguments pro-Sarton avancés par Joseph Flores, n'ayant pas de mots trop durs (ni trop hautains) pour moquer un historien « amateur », ils refusent désormais, comme Jean-Claude Sabrier, le moindre dialogue avec le réhabilitateur d’Hubert Sarton.
Ce qui pose d’ailleurs problème pour le débat public organisé le 17 janvier à Genève, au salon GTE, à la veille du SIHH : impossible de trouver le moindre contradicteur à Joseph Flores. Face aux « sartonistes », le clan « perreletiste » semble assommé par le dessin remis à l’Académie royale des sciences (1778) sur lequel s’appuie désormais, de façon extrêmement claire, technique et argumentée, la seule description connue et authentique d’un mouvement automatique à rotor, comparable à ceux qui sont d’ailleurs encore utilisés aujourd’hui dans les montres-bracelets...
••• QUATRE MOUVEMENTS AUTOMATIQUES À RECONSIDÉRER ?
On peut désormais aller plus loin en examinant de plus près les quatre mouvements automatiques des années 1780 qui ont survécu à ce jour. Peut-être en découvrira-t-on d’autres dans les années à venir, puisqu’on sait, par les notes d’Abraham-Louis Breguet qu’il en a existé d’autres, plus anciens, de même qu’il en existera quelques-uns, postérieurs à ceux qui étaient jusqu’ici attribués à Perrelet. On relira avec profit, à ce sujet, le livre de Joseph Flores sur les Perpétuelles à roues de rencontre.
Quatre mouvements pour reconstituer un moment-clé de l’histoire horlogère : c’est très peu ! Néanmoins, impossible de nier que ces quatre pièces à rotor, aujourd’hui dispersées entre le musée Patek Philippe de Genève, un musée hollandais (Col. Goud-Silver and KlokkenMuseum) et une collection privée, ont une origine commune : l’image ci-dessus est assez parlante, même pour des non-initiés.
On les découvre, à gauche, mouvement complet avec rotor en place. Au centre : le rotor est démonté. A droite : une vue de dessous des rotors (masse oscillante). La construction de ces mouvements permet de relever de nombreuses similitudes, qu’on retrouve à la fois dans le texte des rapporteurs de l’Académie des sciences, en 1778 (mémoire sur Sarton) et dans le dessin d’Hubert Sarton. Ces mouvements sont longuement étudiés dans le livre sur les Perpétuelles à roues de rencontre (voir ci-dessus) – qui vient d’être réédité, malheureusement avant que Joseph Flores ne redécouvre le dessin qui change la face de l’histoire horlogère.
••• UN FAISCEAU DE RESSEMBLANCES CONVERGENTES
Sans entrer dans les détails techniques, il suffit de noter quelques points de convergence dans cette construction : on voit alors se dessiner un faisceau convergent de détails qui correspondent point par point au dessin de Sarton, que nous publierons ultérieurement.
Ces principaux points d’identité sont :
• Toutes ces montres proposent une construction à fusée (ce sont les seules montres automatiques connues ainsi construites)...
• Toutes ont la masse (rotor) disposée sur le dessus, et mobile comme un pendule.
• Toutes ont deux roues à cliquets (inverseurs) dont la première est fixée sous la masse au centre (les quatre vues de la colonne de droite font bien voir cette roue)...
• Toutes ont un système de blocage identique avec un cercle qui comporte six encoches, lequel est également fixé sous la masse (détail repérable colonne de droite).
• Toutes ont une roue-relais entraînant le rocher sur le barillet. On le voit ici indiqué par une flèche en colonne centrale (lignes 2 et 4). Ces roues sont démontées sur les lignes 1 et 3.
• La même flèche indique également le second inverseur pivotant sur la platine.
Si l’identité de ces quatre mouvements ne fait pas de doute (quelle que soit leur « signature » quand ils en ont une : on sait que le XVIIIe horloger était assez laxiste de ce côté-là), il devient évident que ces quatre mouvements ont une même source et une même inspiration, ou du moins qu’ils témoignent d’un même concept technique et d’une même idée directrice.
Pour ce principe directeur horloger, la seule source historiquement attestée et désormais éclairée par un dessin très démonstratif est celle de Sarton. Les derniers partisans de Perrelet ont du souci à se faire...
Est-ce vraiment une simple coïncidence si ces différents points de similitude – plus quelques autres – correspondent, composant pour composant et disposition pour disposition, au dessin d’Hubert Sarton qui accompagnait sa présentation à l’Académie des Sciences de Paris ?
Nous y reviendrons dans un prochain épisode...
••• Toutes les explications au sujet de ce dessin et de ces mouvements seront données par Joseph Flores en personne, au salon GTE, le dimanche 17 janvier (veille de l’ouverture du SIHH, mais le salon GTE sera déjà bourdonnant). Ce qui nous promet une grande séance de remise à l’heure des pendules historiques officielles de l’horlogerie suisse, désormais redevable à un horloger liégeois de l’invention du mouvement automatique.
Un liégeois qui fait chocolat les historiens suisses ? Une gourmandise à ne manquer sous aucun prétexte !
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