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SIHH 2010 : Dix questions à Fabienne Lupo sur vingt ans de haute horlogerie à Genève
 
Le 13-01-2010
de Business Montres & Joaillerie

Veille de l’événement Genève 2010, qui rassemblera la semaine prochaine l’élite internationale de la communication et de la distribution horlogères,face à près de 80 marques.

Fabienne Lupo, la directrice du SIHH, nous donne la température de son salon de haute horlogerie, qui fête cette année son vingtième anniversaire.


• 80 marques qui opèrent à Genève la semaine prochaine, dont seulement 19 à Palexpo : à défaut de coïncidence, le SIHH n'est-il pas victime de son succès ?
••• Fabienne Lupo (image ci-contre) : Je dirais que c’est plutôt la preuve de son succès. Comme tout événement d’envergure, le SIHH suscite des manifestations et expositions annexes, qui se créent et grandissent dans son ombre. Si, dans cette période de morosité, le SIHH peut profiter à d’autres pour prospérer dans son sillage, nous devrions tous nous en réjouir pour la pérennité de notre secteur et pour ceux qui vivent de cette industrie, journalistes compris !


• N'est-ce pas une conséquence du déplacement du SIHH en janvier, qui a encouragé de nombreuses marques à faire un double salon ?
••• Fabienne Lupo : Double salon, entre Bâle et Genève ? Je ne sais pas quelles marques font un double salon ? En tout cas, les marques présentes au SIHH ne font pas de double salon et ont choisi de se concentrer sur le SIHH.
Si certaines marques font deux salons, c’est effectivement sûrement du fait que deux temps forts distincts existent dorénavant.


Ces 60 marques (majoritairement genevoises) sont-elles des parasites, des opportunistes, des profiteuses ou des suiveuses ?
••• Fabienne Lupo : J’imagine que ce sont des entreprises qui cherchent à faire leur travail, tout simplement…


• Peut-on imaginer un autre format de SIHH, par exemple à Bâle dès 2013 ?
••• Fabienne Lupo : Je ne pense pas. Le SIHH est fort de son concept originel de salon privé et professionnel, qui en fait son succès et sa marque de fabrique. Si l’on imaginait un autre format, ce ne serait plus le SIHH.


• Quand se tiendra le SIHH 2011 : janvier ou avril ?
••• Fabienne Lupo : Janvier 2011.


• Où en ont vos réflexions sur l'évolution du format du SIHH : plus grand, plus sélectif, plus ou mois fréquent, plus ou moins spécialisé, etc. ?
••• Fabienne Lupo : La structure et la vision du SIHH ne changeront pas. Il restera ce qu’il est en insistant encore plus sur l’exclusivité et la sélectivité de son concept, et donc sur une spécialisation plus stricte sur la haute horlogerie. La Fondation de la Haute Horlogerie, par contre, avec l’appui de ses trente marques partenaires, peut imaginer de nouvelles formules d’expositions à Genève et dans le monde, dont certaines sont déjà dans les tiroirs.


• Quels sont les projets de délocalisation du SIHH hors de Genève ?
••• Fabienne Lupo : Le SIHH a débuté à Genève et il restera à Genève, qui deviendra peut-être le point de départ, non pas vers Bâle, mais dans le monde. Pour l’instant, il est toutefois trop tôt pour en parler.


• En quoi le SIHH est-il impacté par la révolution de la communication horlogère ?
••• Fabienne Lupo : Le SIHH, comme toute l’industrie, a profité du boom de la communication internet, qui lui a donné une plus grande visibilité, d’autant plus que le salon est privé. Les web-journalistes sont toutefois peu nombreux, bien qu’en constante progression : quelques dizaines, sur plus de 1 300 journalistes présents au salon.


• La formule même des grands salons annuels n'est-elle pas menacée à terme par la globalisation des marchés et la segmentation des marques ?
••• Fabienne Lupo : La formule des grands salons généralistes est peut-être menacée (et encore, cela reste à prouver), mais celle du SIHH reste valable à moyen et long terme : au-delà de l’aspect commercial, il y a l’aspect institutionnel et culturel qui écrit l’histoire de notre industrie. Bien entendu, les marques n’attendent pas les grands salons pour rencontrer leurs clients et la presse, mais ces salons restent des plateformes de rencontre dont l’unité de temps et de lieu les rend incontournables.


• Quels sont les cinq changements majeurs enregistrés par le SIHH au cours de ces vingt ans ?
••• Fabienne Lupo : Les changements sont venus des grandes étapes qu’a connues le salon depuis sa création.
• La première fut sa création elle-même avec ce vrai challenge de créer un nouveau salon avec un concept totalement novateur pour l’époque.
• La deuxième fut, en 1998, l’intégration des marques Audemars Piguet, Breguet et Girard-Perregaux dans le Comité international de la haute horlogerie, ce qui signait l’ouverture du salon et la volonté d’avoir des exposants dans la haute horlogerie au-delà du périmètre de Richemont (à l’époque Groupe Vendôme).
• La troisième est l’intégration des marques Jaeger-LeCoultre , IWC et A. Lange & Söhne en 2000, qui a traduit un renforcement important du salon sur la haute horlogerie.
• La quatrième est le virage pris par le salon en 2009 avec le changement de dates d’avril à janvier et la dissociation des dates avec Baselworld.
• La cinquième est la prochaine… à vivre ensemble, avec une déclaration d’intention d’être toujours plus concentré sur la haute horlogerie, avec plus de sélectivité, donc plus de professionnalisme.

••• QUELQUES ENSEIGNEMENTS ET QUELQUES CONFIRMATIONS à la suite de cet entretien réalisé à quelques heures de l’ouverture du SIHH (Business Montres du 12 janvier) :

• Bien noter le mois de janvier 2011 pour la prochaine édition : avec encore plus de marques qui opèreront « dans le sillage » et « à l’ombre du SIHH » ? Difficile de croire que c’est la forêt qui se trouve cachée « à l’ombre » du premier arbre planté dans le terreau genevois…

• Pas question, apparemment (mais tout peut changer) d’un quelconque rapprochement avec Baselworld : au contraire, les réflexions ont commencé sur d’autres formules d’exposition (noter l’accent mis sur la focalisation et la spécialisation dans la haute horlogerie, ce qui exclut forcément, à terme, certains des exposants actuels), toujours à Genève, qui est un point de départ, mais aussi « dans le monde » (en fait, c’est déjà « dans les tiroirs »). Mais ce ne sera plus forcément le SIHH…

• L’accent mis sur l’« unité de temps et de lieu » – si on y ajoute l’unité d’action, c’est la règle de base des tragédies du Grand siècle ! – prouve la maturité de la réflexion du SIHH autour de salons de moins en moins « commerciaux » et de plus en plus « conviviaux », vécus comme des d’« incontournables plateformes de rencontres ». Ce qui n’en pose pas moins, à terme, la question de leur coût (rapport investissement/profitabilité) et de leur reformatage vers une philosophie « plus proche, plus humain » – l’aspect « plus proche » réclamant une plus grande proximité culturelle, donc une délocalisation géographique…

Pour rassurer Fabienne Lupo, il faut l’informer que les deux-tiers (voire plus) des 60 marques hors-SIHH, grandes ou petites, indépendantes ou intégrées, remettront le couvert pour déjeuner à Baselworld après avoir pris le petit déjeuner à Genève ! Comme elle le note elle-même, il s’est institué « deux temps forts » dans l’année horlogère des professionnels, l’un à Genève, l’autre à Bâle, et il pourrait se créer d’autres rendez-vous annuels, tout aussi impératifs qu’ont su le devenir le SIHH et Baselworld.
La « double casquette » ne relève donc plus du hasard, mais de la nécessité : les deux salons ne mobilisent clairement plus les mêmes participants et ne génèrent plus, à l’évidence, les mêmes types de commande. On est passé d’une logique cumulative là où il n’y avait encore qu’une dialectique ségrégative.
Tout le monde a oublié la querelle initiale sur les odeurs de saucisses grillées : Bâle fonctionne au champagne et aux sushis aussi bien que Genève, qui n’est plus le club fermé de la galaxie Richemont et de ses satellites, mais un pôle d’expression légitime de différents courants horlogers.

Restent, malgré tout, quelques interrogations fondamentales, que chaque professionnel de l'horlogerie peut et doit se poser sur l’avenir d’un événement annuel à Genève en général, et sur le SIHH en particulier.

• Jusqu’où peut aller la « sélectivité » des marques invitées au SIHH, quand un groupe (Richemont) y tient la majorité des exposants ? La présence actuelle de certaines marques en détonne-t-elle pas ?

• Qu’en serait-il de l’actuelle pluralité de ces exposants si, demain, certaines d’entre eux – certainement pas les marques de Richemont – choisissaient de revenir à Baselworld ? Les deux « nouveaux » du SIHH 2010 (Richard Mille et Greubel Forsey) ne sont-ils pas dans l’orbite directe de l’oligopole qui fait la loi au comité des exposants ?

• Le SIHH peut-il encore fermer la porte à toute initiative connexe ? Pour cette édition 2010, le refus de tolérer, à proximité du SIHH, une initiative comme celle de The Watch Factory à Baselworld (regroupement de marques indépendantes ultra-créatives) – demande effectuée, mais repoussée – n’en dit-il pas long sur l’archaïsme foncier de certains réflexes corporatistes ?

• Le grand écart annuel entre le tropisme annuel genevois et la focalisation sino-asiatique accélérée des ventes ne rend-il pas légitime un changement de fréquence du SIHH, dès lors qu’on raisonne en termes de convivialité et de « fête familiale » plutôt qu’en bilans comptables ? Une alternance biennale lac de Genève-rivages du Pacifique n’aurait-elle pas plus de sens, avant un inévitable éclatement multi-polaire (Europe, Asie, Amérique) et multi-cibles (professionnels et amateurs éclairés) ?

L’industrie horlogère ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion approfondie sur ses salons, leurs pompes et leurs oeuvres…

 



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