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Article fracassant sur le marché gris et les circuits horlogers parallèles dans La Tribune, quotidien économique français.

Sophie Lécluse profite de l'actualité horlogère du SIHH pour mettre les pieds dans le plat et écrire tout haut ce que tout le monde chuchote tout bas dans notre horlosphère...

••• LE SECRET DES « VENTES SOUS LE MANTEAU » DE MONTRES DE LUXE
En Suisse, on dirait plus volontiers « sous les sapins », mais les réalités du marché gris sont identiques dans le monde entier : la majeure partie des montres aujourd’hui discomptées – officiellement, officieusement, clandestinement, cyniquement, parallèlement (rayez ou ne rayez pas les mentions inutiles) – proviennent directement des stocks des marques et des stocks de leurs détaillants « autorisés »...

Sophie Lécluse, une des jeunes journalistes les plus accrocheuses de la génération des non-spécialistes qui s’intéressent à l’économie horlogère, se prend pas de gants pour expliquer dans La Tribune (quotidien économique français) le « secret des montres de luxe à prix cassé ». Article fracassant, écrit sans révérence pour les uns ou les autres (sans dénonciation personnelle cependant), mais très révélateur de ces réalités que l’industrie voudrait cacher sous le tapis avant son grand ménage de Genève 2010.

« Une montre de luxe sur quatre est vendue à prix cassé » : évidemment, ça va désespérer les amateurs qui les payent au prix fort et qui croient encore à la valeur pérenne de celles qu’ils ont acquises. « Depuis un an, les rossignols ont fait de la place [chez les parallélistes « officiels »] aux derniers modèles, trop nombreux pour être écoulés dans les circuits classiques » : évidemment, ça va désespérer les détaillants qui se saignent aux quatre veines pour laisser les marques bourrer leurs tiroirs. « 150 millions d’euros d’emplettes en 2009 pour le déstockeur canadien Chiron » : bien renseignée, Mlle Lécluse, ce nom (Chiron) n’étant connu que des initiés, qui lui doivent bien des bilans de fin d’année subtilement cosmétiqués et rendus présentables après déstockage...

Et ainsi de suite, avec les aveux plus ou moins sincères des uns et des autres, y compris sur les magasins d’usine (outlets) qui constituent désormais, avec les ventes privées, un « quatrième marché » non négligeable, en même temps qu’une réponse sensée et managérialement justifiée à la gestion des stocks d’invendus chez les détaillants. Le tout jusqu’à l’envolée finale : « Seule bonne nouvelle dans ce tableau noir, les maisons semblent désormais avoir pris la mesure du problème des stocks et limitent fortement leur production. Une fois cette grosse opération de nettoyage terminée, tout devrait donc rentrer dans l'ordre. Seuls les rossignols continueront de chanter sur les branches éloignées d'Afrique ou de Russie ».

Il suffit d’y croire, tout le problème étant désormais de convaincre les amateurs de payer leurs montres « plein pot » alors qu’ils n’ont souvent que la rue à traverser ou quelques clics à faire pour accéder au nirvana des déstockages sauvages. Quand on découvre, du côté de Dubaï, un lot d’une vingtaine de Daytona acier (boîte-papiers-garantie signée par un AD proche-oriental) dégriffées à – 25 % du prix catalogue, on se dit que la cicatrisation post-crise n’est pas pour demain !

En tout cas, un article à lire, idéalement publiée à la veille du SIHH, où on imagine qu’il sera forcément très commenté !

••• LE LUXE À PORTÉE DE « SECONDE MAIN »
Dans une problématique connexe à celle du quatrième marché, on peut également découvrir dans Le Monde (France) de ce 14 janvier un article sur le second marché dans l'univers du luxe : Internet a accéléré l'accessibilité du luxe en ligne et le recours aux canaux parallèles pour le luxe vintage. Décidément, la presse écrite française cultive l'impertinence...