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Quelques indiscrétions avant la Wonder Week horlogère de Genève 2010
 
Le 18-01-2010
de Business Montres & Joaillerie

__Un chargeur de vingt cartouches pour un tableau de chasse hebdomadaire bien garni, à la veille d'une actualité horlogère ultra-chargée.

Votre Quotidien des Montres est sur le pied de guerre pour la première Fabulous Week de l'année 2010.

...CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...

1) ••• REPÉRÉ
quelle serait la prochaine grande marque de luxe à nous présenter un téléphone « haut de gamme » : Richard Mille est, en effet, un des soutiens de l’équipe Celsius X VI II (Business Montres du 8 janvier), dont il a compris la démarche fusionnelle et futuriste pour créer de nouveaux « objets nomades ». Un indice supplémentaire de l’identité téléphonique (mais pas seulement téléphonique) de Celsius X VI II, marque encore un peu mystérieuse, dont l’équipe est formée de Thomas Pruvot et Romaric André, deux amis d’enfance d’Epinal, qui ont été rejoints ensuite par Edouard Meylan pour mettre en scène une idée contemporaine de conjugaison entre téléphonie mobile et horlogerie de prestige...


2) ••• DÉCOUVERT
un des concepts les plus radicaux de Genève 2010 chez une des marques les plus apparemment traditionnelles de la place : Bovet s’apprête à lancer une montre sportive dont le boîtier a été dessiné par l’équipe de Paolo Pininfarina (pour les 80 ans de cette maison) et dont le tourbillon – 100 % produit à Tramelan, chez Dimier, la manufacture de complications du groupe Bovet – a été redessiné dans un goût plus moderne. Le résultat est esthétiquement magnifique (pas la moindre image pour l’instant, hélas), conceptuellement très avancé (on tient là une forme de nouvelle génération dans le tourbillon) et commercialement bien pensé, notamment grâce à son système Amadeo (système exclusif plutôt génial et hyper-simple de maniement, qui permet de transformer une montre-bracelet en montre de poche, en pendulette de bureau ou même en horloge sur le tableau de bord). Boîtier titane, lunette et fond cerclé céramique noire, chaîne en titane et, surtout, tourbillon 80 secondes à 3 h, très rusé sur le plan horloger (pour les 80 ans de Pininfarina !). Une montre qui inaugure bien de la saison 2 qui s’ouvre pour la manufacture Bovet, enfin bien droite dans ses bottes entre son château de Môtiers (assemblage des montres), sa manufacture de Tramelan (usinage des mouvements) et son atelier cadranier de Plan-les-Ouates...


3) ••• ADORÉ
les nouvelles versions de la DualTow que Christophe Claret présentera la semaine prochaine à Genève (hôtel des Bergues). Une de ces DualTow « Evénement » propose, avec son habituel mouvement chronographe planétaire mono-poussoir à sonnerie et tourbillon, un boîtier très spécial (67 composants) en titane, tout droit sorti de la nouvelle machine à commandes numériques 17 axes du plateau technique de la manufacture (image ci-dessus). Beau contraste contemporain entre le titane noirci et le caoutchouc blanc du bracelet, mais cette version fait partie des 68 pièces de la série limitée.
Les courroies des heures et des minutes de cette DualTow sont désormais contrôlées par le laboratoire THT (Test Homologation et Fiabilité) mise en place au sein de la manufacture : après contrôle, elles subissent des tests d’usure très réalistes. Description officielle : « Le banc d'essais respecte les mesures d'installation. C'est-à-dire que la distance entre les pignons est optimisée au maximum afin de contrôler le passage des dents entre les pignons et la courroie. Cette dernière est recouverte sur les dents d'une fine pellicule de silicone pour un bon passage des dents et éviter un dessèchement prématuré des courroies. Des goupilles sont placées à des endroits stratégiques pour vérifier le bon fonctionnement de la courroie ». Ce test imite le déroulement de la courroie : il simule environ 60 ans de fonctionnement, soit 525 600 tours pour les minutes et 43 800 tours pour les heures ! Qui a dit que les montres de la nouvelle génération n’étaient pas fiabilisées ?


4) ••• NOTÉ
de ne pas manquer la nouvelle Time Tube d’Antoine Preziuso, qui la présentera la semaine prochaine à GTE : une combinaison très contemporaine d’affichage digital (heures-minutes) à lecture latérale (par tambour) des secondes. Pour rester fidèle au concept tubulaire, la montre n’a pas de couronne sur le côté, mais une molette crantée intégrée dans le corps rotatif de l’affichage horaire...


5) ••• APERÇU
la nouveauté Greubel Forsey du SIHH : un double tourbillon technique 30°, avec indicateur de rotation du tourbillon extérieur en quatre minutes, affichage des secondes et indicateur de réserve de marche dans un boîte en or (rouge 5N ou gris) de 47 mm. Côté détails horlogers : 385 composants pour le mouvement, quatre barillets coaxiaux en série à rotation rapide (un tour en 3,2 heures, pour une réserve de marche totale de 120 heures), balancier à inertie variable avec vis réglantes, tourbillon intérieur tournant sur une minute, tourbillon extérieur en quatre minutes...


6) ••• SALUÉ
l’arrivée sur le marché (déjà encombré) des Rolex « customisées » d’un nouvel intervenant Swiss Made : Swiss Watch Customs (aucun rapport avec les douanes suisses, contrairement au nom indiqué !) propose des customization kits pour les icônes Rolex (Daytona, Submariner, GMT) avec de nombreuses variantes (revêtement noir DLC, fond saphir, lunette spécial, couronne et poussoirs particulières, etc.) et, surtout, la possibilité d’équiper ces montres personnalisées de bracelets en cuir, pour lesquels un insert spécial a été conçu pour s’adapter parfaitement au bracelet. L’équipe de Swiss Watch Customs propose aussi quelques montres vintage retravaillées (Heuer et Longines). Toutes les pièces sont réalisées ou personnalisées en Suisse...


7) ••• RAPPELÉ
à quelques lecteurs qu’une page de l’histoire horlogère allait se tourner, dimanche, à Genève : c’est à 17 h que Joseph Flores présentera, au Centre international des conférences de Genève (GTE), l’original du dessin d’Hubert Sarton qui atteste de son antériorité dans l’invention du mouvement automatique à rotor. Antériorité historiquement révisable à la prochaine découverte d’un document probant, mais, en attendant, toute l’histoire de l’horlogerie du XVIIIe siècle – en particulier celle des années 1770-1780 telle que la raconte les manuels suisses – est à réécrire à la lumière de ce dessin de 30 cm sur 30 cm. En situation de KO technique, les historiens « perreletistes » qui ironisaient sur les talents d’historien de l’« autodidacte » Joseph Flores – ce qui n’aurait rien d’humiliant – ont refusé de s’associer à la conférence-débat de présentation de ce document...


8) ••• PRIS
rendez-vous, comme d’habitude pendant le SIHH, avec Nicolas Hayek (Swatch Group), qui viendra présenter lui-même à Genève, mercredi, chez lui (dans sa Cité du Temps), les nouveautés Breguet de 2010. Et les autres marques du Swatch Group présentes à Genève auront à cœur, elles aussi, d’occuper le terrain...


9) ••• SOULIGNÉ
quelques phrases-clés de Franco Cologni, le « parrain » du SIHH : dans un entretien accordé à Bilan (Suisse), il explique que « à moyen terme, le salon de Genève n’aura plus de raison d’être au niveau commercial. Laissons les filiales de distribution faire leur travail de proximité; elles peuvent aisément répondre aux exigences commerciales. Et faisons du SIHH un rendez-vous institutionnel, une plate-forme d’échanges, d’écoute et d’analyse; un rendez-vous pour l’avenir. (...)De salon commercial, le SIHH de Genève doit peu à peu se transformer en salon de la culture horlogère. On doit passer d’un salon du chiffre d’affaires à un salon des valeurs de la haute horlogerie. Bref, le SIHH doit subir à moyen terme une modification culturelle. Un peu à l’image des expositions universelles qui, de foires commerciales ou foires d’échantillons, sont devenues des manifestations institutionnelles. ». Soit exactement les analyses développées récemment par Business Montres à propos du SIHH.
Franco Cologni confirme : « Le salon demeure le lieu de présentation des nouveautés aux détaillants, premiers ambassadeurs des marques. Mais les flux d’information, notamment avec Internet, ont changé la donne. Les perceptions se modifient et la crise a évidemment laissé des traces. L’idéal serait par exemple que les patrons des marques puissent rencontrer une fois par an les meilleurs détaillants du monde pour les écouter, prendre le pouls des marchés, analyser avec eux les succès et les échecs. Et de faire cela sans que l’information ne soit tronquée par le filtre des échelons hiérarchiques. Ainsi, le SIHH 2010 pourrait être l’occasion de se poser quelques questions importantes pour amorcer la sortie de crise ».
A propos de la localisation à Genève, il explique : « Il faudrait avoir le courage de ne pas rester axé uniquement sur Genève, mais aussi d’imaginer un salon de la haute horlogerie ailleurs dans le monde. On peut penser notamment à la Chine et aux Etats-Unis. Je ne dis pas qu’il faille aller partout tous les ans, je ne dis pas non plus qu’il faille abandonner Genève, mais je suis persuadé que la haute horlogerie se doit de faire connaître ses valeurs en d’autres lieux du globe. Peut-être de manière plus simple et moins grandiose qu’à Genève, mais cette volonté de diffuser la dimension culturelle de la haute horlogerie sur de nouveaux marchés est essentielle ». C’est également ce que préconisait Business Montres le 13 janvier...
A propos de l’« ouverture » du SIHH à d’autres marques : « Les marques participantes ont beaucoup investi dans le SIHH et cherchent à maintenir une certaine exclusivité. C’est légitime. Mais en tant que président de la Fondation de la haute horlogerie, plus cet univers sera représenté, mieux ce sera. Il faut donc réfléchir à accueillir de nouvelles marques à côté du SIHH ou d’une autre manière ».
••• DOMMAGE QUE, POUR SON VINGTIÈME ANNIVERSAIRE, le SIHH ait claqué la porte au nez des vingt jeunes marques de (très) haute horlogerie qui souhaitaient organiser une exposition de type The Watch Factory (Baselworld 2009) à proximité de Palexpo et en partenariat avec le SIHH...


10) ••• SUIVI
avec un certain étonnement l’annonce de la coopération entre le designer marocain Hicham Lahlou (installé dans le Gers, en France) et le groupe MGH, lui aussi installé dans le Gers, qui tente de relancer la marque Lip sans pour autant renoncer à ses « chinoiseries » et à ses montres-cadeaux d’abonnement qui font honte à la tradition créative et innovative de Lip. La nouvelle collection Lip-Lahlou proposera un double affichage horaire et arborera un logo Lip en calligraphie arabe de style Koufi (via La Dépêche, France)...


11) ••• CONFIRMÉ
la validité d’une révélation précédente de Business Montres (2 novembre) concernant le futur double marquage des montres Bvlgari de haute horlogerie. C’est désormais acté : il y aura sur le marché (boutiques et détaillants) deux collections de haute horlogerie aux marquages particuliers sur le cadran, une collection Bvlgari-Gérald Genta (mêmes complications) et une collection Bvlgari-Daniel Roth (mêmes boîtiers), en plus de la collection de haute horlogerie Bvlgari tout court. Soit une mort programmée des deux marques travaillées jusqu’ici au Sentier. Décision de double marquage qu’on peut interpréter comme la volonté de Bvlgari d’épuiser les stocks actuels de ces montres à complications, avant d’éteindre petit à petit les deux marques. Reste à savoir, également, si les vendeurs de l’actuel réseau Bvlgari sauront vendre ces pièces de haute horlogerie...


12) ••• DÉCODÉ
le nom de la nouvelle marque présentée par Yvan Arpa (ex-Romain Jerome) au salon alternatif GTE : Artya pour Art et YA pour Yvan Arpa, dont la femme est artiste. Ce qui situe les ambitions créatives d’une marque qui ambitionne de ne vendre que des « pièces uniques » produites à un rythme quasi-quotidien et à des prix relativement accessibles (3 000-6 000 euros). Parallèlement à ce lancement [la première collection Artya sera également visible à la boutique Chimento de l’hôtel Kempinski], Yvan Arpa pilote jusqu’à Baseworld (au moins) la relance de la marque Volna...


13) ••• DÉCERNÉ
la palme de la montre la plus « capsulée » de l’histoire à la Casio G-Shock, véritable montre-fétiche de la nouvelle génération des créateurs de mode, qui s’essayent tous à une version spéciale, plus ou moins colorée ou même plus sertie qu’une Jacob & Co. Exemple : la série des G-Schock x Amp Japan qui sont tout de même proposées à 650 euros. Très moches, sauf l’amusante version en (faux) diamants noirs...
Ceux qui ne supporteraient plus ces G-Shock remaquillées à l’infini (plusieurs centaines de versions « capsule » ont été réalisées) pourront se consoler avec la marque qui monte en matière de déclinaison « capsule » horlogère : Nooka (design américain pour mouvement électronique japonais) commence à tenter les créateurs de mode, comme en témoigne la récente version Nooka x Gommi Arcade (via Highsnobiety)...
••• ET LES HORLOGERS SUISSES ? La tendance capsule reste forte, mais seulement à l’état de tentation endogamique (Boucheron et Richard Mille, MB&F et Alain Silberstein). Dommage : le champ créatif est immense et la fertilisation croisée toujours payante...


14) ••• RIGOLÉ
de la vis incongrue qui se promène sur la photo de la montre dans le dossier de presse Longines Lindbergh’s Atlantic Voyage : une montre-bracelet déclinée à partir d’un chronographe-bracelet porté par Lindbergh pour sa fameuse traversée de l’Atlantique en avion, à bord du Spirit of St-Louis. Le lièvre a été levé par Horlogerie suisse : on découvre, sur l’image officielle, une vis qui semble coincée entre deux rouages ! Et ça ne ressemble pas à une blague sauvagement opérée sur une image de synthèse...


15) ••• DÉTESTÉ
recevoir, alors que les salons genevois de janvier n’ont pas encore eu lieu, les premières invitations pour Baselworld. Même s’il est vrai que Bâle n’est que dans 61 jours (c’est-à-dire demain), c’est aussi agaçant que de découvrir les premiers dossiers Saint-Valentin alors qu’on sort à peine d’Halloween. Y a-t-il eu, dans le passé, une époque où l’horlogerie n’était pas une perpétuelle course contre la montre ?


16) ••• APPRÉCIÉ
de voir la modeste recommandation de Business Montres (14 janvier) concernant un minimum de solidarité avec Haïti déjà travaillée en parallèle par nos amis portugais de Momentos Preciosos (Omoura et Antonio Moura). Sans référence particulère aux prochains salons de l’horlogerie de luxe, Momentos Preciosos offrira aux associations concernées par Haïti un euro minimum par membre du groupe, soit à l’heure actuelle 2 564 euros, mais beaucoup plus puisque Omoura offre à titre personnel 500 euros. Ce n’est qu’un début...


17) ••• REMARQUÉ
(et ça a peut-être un rapport au moins moral avec l’information solidaire ci-dessus) que le cours des actions des groupes de luxe s’était fortement réorienté à la hausse depuis quelques semaines, alors même que les analystes tablent sur une nouvelle croissance de la branche : en 2009, l’action Swatch Group aura progressé de 79,63 % et celle de Richemont de 71,25 % ! Et les recommandations vont à l’achat, pour cause de profits anticipés. De quoi rendre encore plus indolores quelques « gestes techniques » comme une sorte de « cargo horloger » ou un avion privé affrété pour Haïti...


18) ••• RETROUVÉ
avec plaisir les grands épisodes de l’histoire – trouble et passionnante – du fameux « diamant bleu » de la couronne de France, dont une réplique exacte sera présentée en public cette année au Museum d’histoire naturelle (Paris). Avec cette question controversée, mais semble-t-il désormais réglée qui est posée sur le site Café du Web-Historizo : le diamant Hope a-t-il été volé à la couronne de France ? La réponse est probablement oui, avec ces précisions intéressantes pour notre mundillo horloger : ce diamant Hope a autrefois appartenu à Cartier, puis à Harry Winston, qui l’a offert à la Smithsonian Institution américaine en 1958...


19) ••• CORRIGÉ
une inexactitude de Business Montres, qui souhaitait récemment un « Bon anniversaire ! » à ce cher Abraham Louis Breguet (11 janvier), en en faisant le descendant d’une famille huguenote. Erreur historique classique : sa famille était protestante, de vieille souche jurassienne neuchâteloise, attesté dans la région deux siècles avant la Révocation de l’Edit de Nantes. Ce qui n’a pas empêché Breguet de profiter habilement des lois révolutionnaires françaises pour devenir français en 1790, avant de se faire accorder un passeport français par Marat (un ancien Neuchâtelois) en personne. Passeport officiel grâce auquel il avait pu fuir la Terreur en 1793, avant de revenir en France, à l’invitation du gouvernement, en 1795. Il n’avait donc pas émigré, ni d’ailleurs fréquenté les émigrés français lors de son retour en Suisse.
Il faut ainsi tempérer sa « francitude », d’autant qu’il a presque toujours, en tant qu’horloger, utilisé des ébauches faites en Suisse et recruté des collaborateurs suisses...


20) ••• PRÉVU
de s’effacer, pendant toute la semaine et même dès dimanche, derrière le « Franc-tireur de Genève 2010 », qui a la mission de relayer, en direct et en différé, l’actualité des événements horlogers à Genève, les temps forts des salons et les modèles les plus marquants de ce début d’année...

 



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