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Un instant de recueillement avant le déferlement matérialiste de la Wonder Week genevoise : une chronique horlogère sur les racines sacrées des beaux-arts du temps.

C’est dans « Goûts de Luxe » et c’est sur la radio BFM (France).

••• LA SPIRITUALITÉ EST AU FOND DU CADRAN

L’émission « Goûts de luxe » de ce week-end pourra sembler décalée, mais n’est-elle exemplaire des nouveaux rapports au luxe apparus à l’occasion de la crise ? Qui ne ressent une nouvelle soif de « nourritures spirituelles » en parallèle aux exigences de l'art de vivre ?

Ce qui intéresse évidemment l’horlogerie. Sans revenir au temps des prêtres mésopotamiens qui ont inventé l’heure de soixante minutes et la journée de douze heures, l’histoire des montres est intimement liée à des considérations spirituelles, de l’« invention de la ponctualité » par Jean Calvin aux montres qui indiquent aux Musulmans d’aujourd’hui l’heure de la prière et la direction de la Mecque, sans oublier les cadrans capables de distinguer les heures fastes des heures néfastes du Rahu Kalam dans la tradition indienne (Borgeaud).

• On se souviendra, en effet, que Calvin exhortait les Genevois à consacrer chaque minute de leur temps à Dieu. Sauf que les horloges et les « montres » de son temps n’avaient pas d’aiguille des minutes : c’est donc sous cette pression mystique que les horlogers français réfugiés à Genève ont inventé la précision des mécaniques qui donnent l’heure, en joignant leur savoir-faire à celui des orfèvres genevois, auxquels le même Calvin avait interdit de fabriquer des bijoux profanes : il n’en fallait pas plus pour créer, à Genève, la tradition des belles montres...

• Ensuite, l’horlogerie suisse ne cessera de cultiver ses racines mystiques : la croix suisse n’est pas un hasard, pas plus que la croix de Calatrava (Patek Philippe) ou la croix de Malte (Vacheron Constantin).

• Dans les vallées où les huguenots se sont réfugiés en colonisant les terres, l’hiver isole les familles. Que faire pendant les longs mois d’hiver, sachant que ces éleveurs ne sont occupés par leur bétail que quelques heures par jour ? Or, un éleveur qui n’a que ses chèvres à traire, a les mains douces, contrairement au paysan : il peut donc développer des activités manuelles de précision, d’où les montres (qui ont le mérite d’occuper les heures de la journée que ces paysans auraient pu consacrer à la boisson et aux femmes). Au printemps, à la fonte des neiges, on allait vendre à la grande ville (Genève, Neuchâtel) les montres faites pendant l’hiver.

• Dans certaines vallées, l’atelier horloger était directement au-dessus du temple, comme une annexe, pour encore mieux contrôler les fidèles : c’était le cas du premier établissement Piaget à la Côte-aux-Fées...

• Racines religieuses de l’horlogerie : une réaction avec les heures laïques de la Révolution française, 10 heures de 100 minutes et 100 secondes, avec un changement identique du calendrier (10 mois). Il avait fallu refaire tous les cadrans et tous les mouvements...

• Bref, une chronique horlogère de Grégory Pons (Business Montres) qui s’élève (la chronique, pas le chroniqueur !) à des considérations spirituelles insoupçonnées (image ci-dessus : un des plus anciens cadrans à heures du monde connus ; il était intégré dans une horloge-crucifix datée de 1630 et dispersée à la mémorable vente Patrizzi des pendules de la Renaissance, lot 20)...

• Première diffusion de l'émission : ce soir, samedi 20 h-22 h. Rediffusion : demain, dimanche : 10 h-12 H.

• Fréquences BFM, sommaire de l'émission, écoute directe sur Internet, rediffusions et podcast de « Goûts de luxe » sur Radio BFM...