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Pas une seconde de répit avec Yvan Arpa, qui chapeaute près de trois marques pour cette édition de Genève 2010.
La plus étonnante est sans doute Artya, qu’il place sous le signe de la performance artistique
••• ARTYA RÉÉCRIT L’HISTOIRE DE LA PIÈCE UNIQUE
« Pièce unique » : tous les horlogers adorent jouer avec l’idée. Plus rarement avec la réalité de ce catactère absolument singulier. Yvan Arpa change la règle du jeu et invente une marque qui ne proposera que des pièces uniques, et en plus à des prix accessibles !
Artya = Art + YA (Yvan Arpa), comme le notait Business Montres dès le 15 janvier. De quoi s’agit-il ? D’un concept de marque horlogère exclusivement vouée à la pièce unique : sur la base d’un boîtier, l’unicité de la montre est travaillée d’abord à l’électricité, par grandes giclées de 100 000 à 1 000 000 volts, qui lacèrent le métal et lui font autant de coups de foudre générateurs de cicatrices, évidemment uniques d’une montre à l’autre.
Il ne reste plus alors qu’à varier les cadrans, tous uniques et travaillés dans un esprit de techniques artistiques contemporaines, à base de dripping à la Pollock ou de lacérations dans le style Villeglé, avec des fulgurances influencées par les arts de la rue (tags) qui se marient le plus souvent avec bonheur aux effets de matière nés des coups de foudre.
Si on ajoute le choix des aiguilles (nombreuses variantes) et celui du bracelet (pourquoi pas du crapaud-buffle à gros grains ?), le concept de pièce unique 1/1 prend des allures de grande série déclinée en autant d’individualités.
Prix moyen autour de 3 000 euros (5 000 francs suisses), ce qui permet des effets artistiques dans la même veine que ce travail de « performance horlogère » : Artya propose, toujours dans l’esprit steampunk cher à Yvan Arpa, des cadres détournés (tout peut faire écrin, de la pâtisserie baroque au fil de fer barbelé), qui permettent d’accrocher plusieurs montres dans un même cadre et de transformer un simple objet du temps en « geste » esthétique : la montre reprend vie au-delà du poignet et elle trouve son sens à côté de ses « sœurs » tout aussi balafrées…
On peut évidemment être tenté de rapprocher ces sévices électriques de l’effet rouille qu’Yvan Arpa avait imposé chez RJ-Romain Jerome pour sa série de Titanic-DNA. L’analogie n’est que superficielle, même si l’esprit de transgression reste aussi offensif : avec Artya, on sort de la convention horlogère classique pour sublimer chaque objet du temps en performance unique et purement artistique, avec tous les aléas qu’on peut imaginer dans le résultat et dans les cicatrices obtenues.
Les Artpieces d’Artya seront certainement une des séries dont on parlera le plus pour l’ouverture des salons 2010 : c’est sans doute parce qu’elles installent la nouvelle génération aux portes d’un champ d’exploration artistique qui soulève beaucoup d’espoir.
Pour un allumé aussi capable qu’Yvan Arpa – ce M. One Million Volts de l’horlogerie – de réveiller nos neurones, l’aventure Artya ne fait que commencer : électrocution et lacération ne sont que les premiers des ferments esthétiques d’un saga qui peut aller très loin…
••• COMME ON SE REFAIT PAS ET QUE LA HAUTE HORLOGERIE est un virus mutant dont il est impossible de se débarrasser, il faut tout de même s'attendre à ce que les collections Artya adoptent quelques pièces à complication.
En cours de réalisation, un tourbillon mécanique plus steampunk que nature, avec bobine de Tesla et transistors. Electro-magnétique, alors ? Demandez de ses nouvelles à Yvan Arpa, mais attendez-vous à une grosse surprise...
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