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Conférence-débat dépassionnée hier pour la présentation publique du dessin qui permet d’attribuer à Hubert Sarton les mouvements automatiques à rotor retrouvés à ce jour : démonstration technique lumineuse de Joseph Flores et nouveau défi lancéaux faussaires de l’histoire !
••• PIGNONS, INVERSEURS ET DOSSIER TECHNIQUE EN BÉTON
Joseph Flores, qui se bat depuis plus de quinze ans pour faire admettre que l’horloger liégeois Hubert Sarton est le concepteur des cinq mouvements automatiques à rotor présentés partout comme « inventés par Abraham Louis Perrelet », était plutôt ému pour dévoiler le dessin qui vient d’être retrouvé dans les archives de l’Académie des sciences de Paris (dernier article de Business Montres à ce sujet le 17 janvier).
Dix-sept ans d'avanies et de mépris pour avoir eu le toupet de contredire un historien officiel : c'est beaucoup et le chauvinisme horloger suisse y a sans doute été pour beaucoup ! Au pays des belles montres mécaniques, il était difficile d'admettre que le mouvement automatique à rotor – dont les principes contemporains sont très proches de ceux du XVIIIe siècle – ait pu être imaginé ailleurs que dans les vallées horlogères..
La démonstration technique de Joseph Flores a été imparable : non seulement il a bien su faire comprendre au public (qui comptait plusieurs horlogers de grand renom) l’esprit dans lequel ce calibre avait été conçu, mais il a surtout démontré à quel point les mouvements à rotor du XVIIIe siècle attribués au Suisse Perrelet ne pouvaient qu’avoir été inspirés par le dessin du Liégeois Sarton, sinon construits sur ses principes.
Evidence criante après la projection et, désormais, questions sur la réécriture nécessaire des manuels d’histoire horlogère. A moins de considérer les archivistes de l’Académie des sciences comme des faussaires horlogers de génie ou à moins d’être de mauvaise foi, il faut nécessairement désattribuer ces mouvements (ce n'est plus à Perrelet !) pour les réattribuer à Sarton, dont on a découvert au cours de cette conférence qu’il était un grand inventeur horloger, quoique très méconnu hors de Belgique.
Il sera désormais difficile d’écrire – pour les amateurs mal documentés, passe encore, mais surtout pour les historiens chevronnés – que « Perrelet est l’inventeur du mouvement automatique », affirmation que plus rien ne vient étayer, ni description technique probante, ni mouvements, ni la moindre pièce d’archive. On reste cependant pessimiste sur l’esprit routinier des futurs « faussaires de l’histoire » : ceux qui sauront mais qui n’oseront pas heurter le conformisme comme ceux qui savaient, mais qui ne voulaient pas admettre avoir eu tort.
Comme l’a expliqué Joseph Flores, « une erreur qui entre dans le domaine public n’en ressort jamais ». Sur ce point, on peut ne pas être de son avis : trop de personnes doutent aujourd'hui de l'ex-hypothèse Perrelet pour ne pas soulever à chaque affirmation erronée un tollé d'indignation...
Avec un petite feuille de papier vergé jaunie par l’histoire (ci-dessus : remerciements aux archives de l'Académie des sciences) et un simple dessin à la plume, exécuté avec autant de sûreté qu’avec un logiciel contemporain de CAO, on a donc refermé une page erronée de l’histoire horlogère pour en ouvrir une autre, plus prometteuse : le problème aura sans doute été que l'histoire horlogère n'est pas écrite par des horlogers mécaniquement compétents et capables de comprendre une description technique....
••• Toutes les pièces du dossier (dessin et explications techniques) sont à présent disponibles et téléchargeables sur le site de l'AFAHA (Association française des amateurs d'horlogerie ancienne), qui avait organisé cette conférence-débat (merci à son président, Jean-Louis Caron)...
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