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Alex Grinberg abandonne sa présidence (intérimaire) de Concord, marque phare du groupe Movadoqui sera co-présidée (comme Ebel) par le tandem Marc Michel-Amadry et Loek Oprinsen.
Naissance d'un pôle Luxe pour le groupe Movado International.
••• EBEL ET CONCORD AURONT LES MÊMES CO-PRÉSIDENTS
Nommé cet été (révélation Business Montres du 20 juillet) à la place du remuant Vincent Perriard (parti chez TechnoMarine), Alex Grinberg – le frère d’Efraim, qui préside le groupe Movado – n’aura présidé Concord qu’une demi-année. Assez pour le convaincre (et pour persuader son frère) qu’une marque suisse ne pouvait être présidée qu’en Suisse et par des managers suisses (ou, à défaut, des Européens)...
Le sympathique Alex Grinberg (interview par Business Montres le 30 septembre dernier) redevient donc président de Concord aux Etats-Unis et récupère au passage le fauteuil de président d’Ebel sur le marché américain.
Il va ainsi laisser son fauteuil de président international de Concord à une direction bicéphale qui a l’air de plutôt bien s’entendre : Loek Oprinsen et Marc Michel-Amadry, qui sont déjà les co-présidents d’Ebel (autre révélation Business Montres du 31 janvier dernier).
Chez Concord comme chez Ebel, le premier gèrera plutôt les ventes et l’opérationnel. Le second travaillera davantage le marketing, la communication et le développement produits (Marc Michel-Amadry a également pris en charge le développement produits pour la marque Movado).
Un double fauteuil pour deux : voilà qui devrait limiter les querelles de territoire (ci-dessus : un doublé bicolore Concord). Au-delà de ce 2 x 2 très singulier dans le paysage horloger, cette désignation d’une nouvelle co-présidence pour Concord traduit la volonté du groupe Movado de créer, en Suisse, un pôle pour ses activités d’horlogerie haut de gamme : ainsi co-managées, les marques Ebel et Concord n’en seraient – aux yeux d’Efraim Grinberg – que plus efficaces.
Ce pôle Luxe sera ainsi transféré à La Chaux-de-Fonds, dans les locaux d’Ebel, chaque marque conservant cependant son identité et ses propres équipes, avec l’objectif de rechercher un maximum de synergies, au siège comme sur le terrain. On évoque déjà, dans quelques pays, la mise en commun de services (back-up dans les filiales), voire la coordination des réseaux commerciaux.
Cette information (officieuse et non officiellement confirmée) a cependant été communiquée aux équipes américaines et européennes de la marque.
••• QUESTIONS POUR UNE TRANSITION
On ne peut que se réjouir de cette reprise en main (ferme) de Concord, Alex Grinberg ayant toujours semblé se contenter de son rôle provisoire d’« intérimaire ». Il est évident qu’une autorité suisse, bien au fait des réalités suisses de l’industrie et travaillant au rythme suisse, avec des fournisseurs suisses, n’en rendra que plus efficaces les deux marques basées en Suisse.
• D'autant que les co-présidents ont l'expérience requise et, à titre personnel, un culte du respect de la marque qui devrait les pousser à ne pas mélanger les genres, en laissant à Ebel ce qui lui revient et en cultivant l'identité très particulière de Concord telle que Movado a voulu la refonder. Comme ils ont en plus tous les deux un solide capacité de travail, on peut dire que c'est jouable et qu'ils peuvent transformer sur le terrain de Concord l'essai marqué sous le maillot d'Ebel (ceci pour rester dans la métaphore footballistique chère à Ebel, la marque des grands clubs européens).
• Restent, malgré tout, des questions qu’on ne peut que se poser sur l’avenir des deux marques. Aux yeux de certains, cette consolidation d’un pôle Luxe pourrait n’être qu’une transition et un préalable à la cession de ces deux marques, que la rumeur – info ou intox ? – affirme à vendre.
• Pour d’autres, c’est méconnaître l’attachement quasi-identitaire de la famille Grinberg à ces deux marques, héritage autour de valeurs patrimoniales structurées autour de l’engagement historique des Grinberg dans la haute horlogerie (Ebel étant l’apport contemporain d’Efraim à un groupe construit par son père, Gedalio, autour de Concord).
• Tout est possible, même une vente qui serait motivée par la mauvaise situation financière du groupe, mais cela reste peu probable, l’urgence n’étant pas absolue (du moins, on l'espère pour le groupe Movado). On imagine mal, compte tenu des facteurs culturels évoqués ci-dessus, Efraim manquer de respect à la volonté paternelle et insulter par une vente cette tradition familiale...
• Au contraire, il semblerait, de source interne, que le groupe Movado ait décidé de donner à son pôle Luxe les moyens d’exister et de prospérer pour retrouver une dynamique propre. Ce qui réclamera cependant quelques investissements. Ce qui passerait aussi, à terme, par le recrutement d’un brand manager digne de ce nom pour Concord – qui n’a toujours pas effacé le souvenir des années Perriard.
A suivre, donc, dans les mois qui viennent, en souhaitant bon courage aux deux co-présidents, qui ont du pain sur la planche et deux Baselworld à gérer au lieu d'un !
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